Commerce

Abattoir public de Bujumbura : L’arbre qui cache la forêt

Construit en 1960 en plein quartier résidentiel, l’abattoir de Bujumbura est un carrefour des structures qui veulent s’approvisionner en viandes plus spécialement les boucheries citadines éparpillées dans les quartiers de la capitale ainsi que dans sa périphérie. Certains bouchers se plaignent de l’insuffisance des produits carnés ces derniers temps.  Burundi Eco a effectué une descente sur les lieux pour connaître le quotidien de cette infrastructure

Un abattoir étant un bâtiment industriel dans lequel les animaux sont abattus pour la boucherie, celui de Bujumbura connaît quelques dérèglements quant à l’approvisionnement en suffisance des boucheries locales. Alors qu’elle a une capacité d’abattage de 100 bovins en moyenne par jour, cette production ne suffit plus pour satisfaire demande des amoureux de la viande bovine.

Dans un contexte de penurie de produits carnés, l’exportation risque de déstabiliser le marché local

Le matin du 3 décembre 2018, des camions pleins de bovins arrivent dans la cour de l’abattoir. Ces animaux, vraisemblablement abattus par la longueur du trajet, sont déchargés de la bétaillère dans le calme avec des rampes. Les bovins sont installés ensuite dans la bouverie, qui est équipée d’abreuvoirs et aménagée pour faciliter leur circulation puis leur repos. Après une demi-heure de repos, ils sont acheminés dans une grande salle destinée à l’abattage. Les services habilités réalisent les opérations d’abattage, de découpe (désossage, parage, …) des viandes selon la réglementation des services vétérinaires et les règles d’hygiène et de sécurité alimentaires mises en place par la Société de Gestion de l’Abattoir de Bujumbura (SOGEABU en sigle)

Le contrôle de qualité, un volet majeur de l’abattoir de Bujumbura

Selon Hubert Mbabazi, directeur général de la SOGEABU, l’abattoir de Bujumbura a pour mission de permettre le contrôle de la qualité des viandes, de prévenir les dangers liés à l’abattage des animaux et de garantir la salubrité publique par la concentration en un même lieu des mesures de surveillance et de propreté. «La mission des services vétérinaires au sein de l’abattoir comporte deux volets principaux, à savoir : la sécurité sanitaire des viandes produites et la protection des animaux à abattre », indique-t-il.

Pour assurer ces missions, les services vétérinaires sont présents en permanence au sein de l’établissement où ils doivent inspecter systématiquement toutes les carcasses de bovins.

La grogne des propriétaires de boucheries, un revers de la médaille 

Depuis quelques mois, l’approvisionnement en viandes de l’abattoir public de Bujumbura devient difficile. Les propriétaires de boucheries redoutent une concurrence à peine voilée d’une nouvelle société qui exporterait de la viande burundaise vers la République Populaire de Chine. « Une équipe de chinois opère déjà au sein de l’abattoir et achète presque la totalité des bovins abattus et cela au moins trois fois par semaine » affirme D.N, un propriétaire d’une boucherie dans un quartier de Bujumbura. Selon des témoignages d’un travailleur de l’abattoir, de nouvelles installations appartenant aux chinois servent de chambres froides pour la viande en attente d’être acheminée vers l’«Empire du Milieu». En entrant dans l’abattoir, notre grande surprise a été que la pesée de la viande était ce jour-là assuré par un chinois. « Quand c’est le jour des chinois, on rentre parfois bredouille car les prioritaires préfèrent vendre au prix juteux de ces étrangers-là », assène le boucher rencontré sur place avant d’ajouter que seul le cinquième quartier reste en abondance puisque les chinois prennent tout sauf cette partie.

Une réalité que les autorités de l’abattoir balaient du revers de la main

M. Mbabazi affirme qu’il n’y a pas d’exportation de la viande vers la Chine. Toutefois, il admet qu’une société locale dénommée « Burundi Leather Company», qui jusqu’ici exporte le cuir bovin voudrait aussi se lancer  dans l’exportation de la viande mais que c’est encore dans le processus d’étude du marché et de faisabilité.

En attendant, des tonnes de viande prennent officieusement le chemin de l’empire du Milieu selon les usagers de l’abattoir. « Une exportation qui ruine à petit feu le marché local qui était déjà déficitaire, surtout pendant cette période où les fêtes de fin d’année battent leur plein et que les autorités de l’abattoir ne font aucun effort pour stopper cette exportation aux relents obscurs », regrette l’un des bouchers de Bujumbura.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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