Economie

CDE Great Lakes : Campagne « Birashoboka » pour aider à améliorer le climat des affaires

Le CDE Great Lakes a lancé une campagne de réduction des barrières en entrepreneuriat dénommée Birashoboka (C’est possible), lundi le 28 novembre 2019. Cette campagne consiste à essayer d’influencer les réformes économiques dans le climat des affaires en vue de faciliter les Petites et Moyennes Entreprises (PME) à travailler dans le formel

« Lancée depuis 2018 pour essayer d’influencer le climat des affaires au Burundi, la campagne Birashoboka se focalise sur les indicateurs du doing business. Elle vise donc à réduire les exigences en matière de création d’une entreprise et d’ouverture d’un compte bancaire au Burundi. Ce qui rend les affaires plus difficiles selon la Banque Mondiale (BM), dans un pays classé à la 164ème place dans le rapport de cette banque », déclare Aimable Manirakiza, directeur exécutif du CDE Great Lakes.

Aimable Manirakiza, directeur exécutif du CDE Great Lakes (au milieu) : «Les Burundais ont un faible pouvoir d’achat avec un revenu de 0, 8 USD par jour. Ils doivent donc sortir de la pauvreté».

La Banque mondiale définit la pauvreté comme étant lorsqu’une personne gagne moins de 1, 90 USD par jour. Or, affirme M. Manirakiza, les Burundais ont un faible pouvoir d’achat avec un revenu de 0, 8 USD par jour. Ils doivent donc sortir de la pauvreté.

« La cause de la pauvreté est la mauvaise qualité des institutions. Ce qui incite à l’informel et à la prédation au détriment des activités entrepreneuriales. Les institutions inclusives sont plus favorables à la création des richesses que les institutions publiques », fait-il remarquer.

Selon M. Manirakiza, la campagne « Birashoboka » (c’est possible) va commanditer les études auprès des consultants, mener des discussions directes avec les décideurs pour expliquer les inconvénients de la réglementation des entreprises et en faire non seulement la médiatisation, mais aussi faire des propositions au sein de l’Agence de Promotion des Investissements (API). Cela afin de contribuer à favoriser le climat des affaires au Burundi. Elle produira également des vidéos d’entrepreneur qui témoigneront les défis d’entreprendre au Burundi. La campagne va ensuite éduquer plus de gens sur pourquoi, ils doivent demander les meilleures politiques économiques.

Refuge à l’informel

Plus vous êtes pauvre, rappelle Aimable Manirakiza, plus vous avez besoin d’accéder à des alternatives informelles et flexibles, et plus vous avez besoin d’opportunités pour faire preuve de créativité. Lorsque l’Etat met fin à cette situation, il enferme les pauvres dans la pauvreté ghettoïsée.

« Ainsi, le gouvernement burundais a mis en place des procédures pour créer une entreprise. Ce qui fait que les entrepreneurs potentiels se heurtent à des obstacles importants et parfois insurmontables. En conséquence, bon nombre de ces entrepreneurs se tournent vers la vaste économie informelle », déplore-t-il.

M. Manirakiza annonce que les meilleures idées entrepreneuriales sont inutiles si une bureaucratie impénétrable entrave la commercialisation de ces idées. Il estime que réduire au minimum les coûts pour démarrer une nouvelle entreprise est l’une des étapes les plus critiques pour une économie prospère. Ce qui permet aux individus de répondre aux besoins de chacun et de créer de la valeur pour réduire la pauvreté.

« La solution à la pauvreté au Burundi est la liberté pour les citoyens de créer et gérer leurs entreprises sans barrières », juge-t-il.

Importance d’accompagner la création d’entreprise

D’après Bruce-Vaillant Ntangibingura, consultant au CDE Great Lakes, 10 millions d’africains, les Burundais inclus entrent chaque jour sur le marché du travail. Il faut donc les satisfaire.

Le Burundi est un petit pays, rappelle M. Ntangibingura, avec une superficie de 27.834 km². Sa population est actuellement estimée à un peu plus de 8 millions d’habitants. Son taux d’urbanisation (11 %) étant relativement bas par rapport à celui des pays voisins, mais en croissance rapide, soit de l’ordre de 5,5 % par an.

« Si environ 90 % de la population vit en milieu rural, la superficie cultivée représente à peu près 50 % de la superficie totale, avec des exploitations de l’ordre d’un hectare par famille. La population exerce donc une pression plus importante sur l’écosystème et n’entrevoit pas facilement les conditions d’une rapide amélioration de son niveau de vie », évoque-t-il.

M. Ntangibingura précise que la taille moyenne des exploitations agricoles est en effet inférieure à un hectare. Cela dans les régions où la densité est la plus forte. Aussi, la superficie cultivée ne permet-elle jamais, à l’évidence, que de satisfaire les conditions de survie.

Il regrette que le taux de croissance naturel de la population demeure structurellement soutenu à environ 2,4 % par an, tandis que la densité moyenne, soit 306 habitants au km², est l’une des plus fortes du monde et à fortiori de l’Afrique sub-saharienne.

Selon toujours lui, l’économie repose sur le secteur primaire dont la contribution au produit intérieur brut (PIB) s’établit à 43 %.

« Les activités agricoles sont dominées par les produits vivriers, par le café dont la filière est en faible croissance et le thé en plein essor. Le faible niveau de productivité de ces cultures s’explique en partie par les répercussions de la crise politique. Celle-ci ayant occasionné un manque de fluidité en compliquant l’enlèvement des cultures d’exportation », martèle M. Ntangibingura.

Il explique que le second secteur qui contribue le plus au PIB est celui des services, soit à hauteur de 32 %. Il s’est développé ces dernières années, continue-t-il, à la faveur des investissements dans les nouvelles technologies de l’information, notamment les télécommunications GSM. Celles-ci sont devenues un facteur important dans la lutte contre les effets de l’enclavement. «Au cours des dernières années, ces technologies ont connu une croissance de l’ordre de 6 à 8%», informe M. Ntangibingura.

Ce consultant au CDE Great Lakes informe que le secteur de la transformation (25 %) occupe une place beaucoup plus modeste, son essor étant bridé par tous les facteurs économiques et sociaux. Ceux-ci sont à l’origine de la pauvreté structurelle du pays (petite taille, enclavement, faible capital humain, risque politique…).

M. Ntangibingura confirme que le secteur industriel repose sur des industries agro-alimentaires auxquelles s’ajoutent les activités relevant de l’aménagement des infrastructures de base comme la construction, les travaux routiers et les chantiers publics ouverts dans les domaines de l’accroissement des capacités de production énergétique.

Intervention d’un professeur

Dans cette optique de réformer l’entrepreneuriat, Dr Siméon Barumwete, professeur à l’université, s’engage à produire un document dans un délai d’un mois sur les contraintes juridiques pour entreprendre au Burundi. Cela selon les indicateurs de réformes du doing business de la B M.

A base des recommandations, il sera confectionné un document dénommé « policy brief » qui pourra intéresser les décideurs dans la réforme de la justice et de l’Etat de droit afin de faciliter les affaires au Burundi selon l’indicateur « créer une entreprise » du doing business de la BM.

Le CDE Great Lakes intervient dans trois pays à savoir : le Burundi, le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC). Il a pour mission de réduire les barrières de la prospérité et des opportunités au Burundi.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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