Transport

Le centre urbain de Muyinga en proie à une spéculation sur le carburant

Le chef-lieu de la province Muyinga connait une spéculation sur   le carburant de type essence. Bien que tout fait penser à une situation de pénurie au niveau des stations-services, les témoignages donnent une version contraire et évoquent une simple spéculation. Les administratifs locaux affirment maîtriser la situation et mettent en garde quiconque verserait dans la spéculation. Un reporter de Burundi Eco s’est rendu sur le terrain pour faire le point sur la situation. Reportage 

C’est à midi passé d’une dizaine de minutes que le reporter de Burundi Eco arrive à Kobero. Ce dimanche le 03 octobre 2021, l’unique station de service  qui opère à ce poste frontière est en train de distribuer de l’essence. Sous un soleil de plomb, des motards font la queue sur trois lignes parallèles. Dans un calme relatif, chacun attend que son tour arrive. Les nouveaux se placent derrière dans le but d’éviter le désordre. Nous préférons nous entretenir avec un qui vient d’arriver.

D’après lui, il n’est pas facile de s’approvisionner en carburant depuis environ deux mois. « Nous sommes dans cette situation depuis presque deux mois. Les stations-services  nous approvisionnent intempestivement», indique-t-il. Si la station est en train de distribuer du carburant à ses clients, notre interlocuteur fait savoir que cela ne peut pas durer longtemps. « Quand même la station nous donne le carburant, quelques heures seulement suffisent pour la voir tarir et nous devons encore une fois nous débrouiller en cherchant où nous approvisionner au détail », explique-t-il. Alors que les uns attendent, d’autres remplissent des bidons qu’ils vont stocker sous le regard complice des policiers.

Le centre urbain de Muyinga connait une spéculation sur le carburant depuis environ deux mois.

A la sortie de la gare routière vers la frontière entre le Burundi et la Tanzanie, deux motards posent sur leurs « deux roues ». « Nous avons le privilège de nous approvisionner en Tanzanie parce que nous nous y rendons chaque jour », confie un des motards. Il indique qu’on doit se soumettre très souvent à un prix imposé par les spéculateurs du côté Burundais.

Le chef-lieu touché par la spéculation

Après notre passage à Kobero, un des points considérés comme stratégiques par les conducteurs des taxis qui y installé un parking, nous nous sommes rendus au centre urbain de Muyinga. Au niveau de ce centre où se trouve le principal parking de la province, la spéculation sur le carburant est une réalité. Dans les heures de l’après-midi, aucun véhicule n’est aperçu au niveau des deux stations-services se trouvant au chef-lieu de la province. Là, ce ne sont pas des demandeurs de carburant sur la file d’attente qui témoignent sur son tarissement. Même les pompistes sont absents sur les lieux.     

Le lundi matin, nous nous présentons encore sur les lieux pour constater un éventuel changement. La même situation est observée au niveau de la station de Mukoni, un quartier périphérique du centre urbain de Muyinga. Là encore, la situation est la même. Cependant, on observe toujours les mouvements des personnes qui se déplacent à moto et en taxi sur différents axes qui desservent le centre urbain.

Les spéculateurs s’enrichissent sur le dos de la population

Selon M. A, un motard rencontré au parking du chef-lieu de la province, il ne s’agit pas d’une pénurie de carburant. « Tu ne peux pas manquer de carburant si tu as de l’argent. Il y a toujours moyen d’en trouver », explique-t-il. Selon lui, les spéculateurs achètent des quantités de carburant qu’ils stockent et revendent à un prix exorbitant. Les propos d’un motard rencontré au quartier Kibogoye confirme l’existence d’une spéculation. « J’ai un bidon que j’ai payé 70 000 FBu cash. Tu verras combien je vais en tirer », lançait-il à son ami  en passant.  Selon les informations recueillies auprès de différents chauffeurs opérant dans la province, un litre et demi d’essence coûterait 8 000 FBu. Cela alors que le prix officiel de l’essence est de 2 470 FBu pour un litre.

Les administratifs affirment lutter contre la spéculation

Joint au téléphone, Amédée Misago, administrateur de la commune Muyinga a indiqué ne pas être au courant de cette spéculation sur l’essence. « Nous ne sommes pas au courant de ça. Seulement, nous savons qu’il y a de temps en temps une pénurie sur certains types de carburant », a-t-il indiqué. En ce qui concerne les stocks dissimulés,  cette autorité a essayé de faire la part des choses. « Quand une personne veut emporter le carburant chez lui, nous devons donner une autorisation. C’est le cas des ONGs, des banques ou d’autres organisations qui ont besoin du carburant pour faire tourner leurs groupes électrogènes en cas de besoin par exemple », a-t-il clarifié.

L’administrateur qui dit n’avoir jamais connu un cas d’un spéculateur pénalisé reconnait néanmoins qu’on ne peut pas nier totalement l’existence d’une fraude sur le carburant.  Il rappelle surtout que sa commune est prête à punir exemplairement quiconque se rendra coupable d’une spéculation sur le carburant. 

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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