Commerce

Commerce ambulant : Toujours pas de réponse aux vrais problèmes des vendeurs de rue

Il y a deux ans, les autorités municipales ont interdit le commerce ambulant au centre-ville et dans les quartiers de la mairie de Bujumbura. Ceux qui exercent ce commerce devraient à priori porter des gilets, des badges et avoir un extrait de registre de commerce. Depuis la mise en place de cette mesure, les lamentations de ces commerçants ambulants persistent

Ils sont de plus en plus nombreux à exercer ce métier dans les rues de la ville de Bujumbura. De jeunes hommes avec des habits soit dans la main ou dans des sacs à dos, ils essaient tant bien que mal de vendre leurs marchandises dans les buvettes surtout le soir. « La mairie nous empêche de travailler alors que nous avons des documents qui nous autorisent à exercer librement notre métier dans la capitale », se plaint N.K., commerçant ambulant au centre-ville. Dans d’autres rues et avenues de la ville, des garçons circulent avec de petits articles emballés dans des sachets. A la sauvette, ils vendent des chaussures, de la friperie, des draps, etc. Ils colportent aussi des articles divers.

Pour avoir l’extrait du registre de commerce, il faut dépenser au moins 40 mille FBu. Ce qui pousse les commerçants à renoncer à leur métier par peur d’être arrêté.

Un autre commerçant ambulant accuse les autorités municipales de s’en prendre aux petits marchands : « La mairie nous demande de nous organiser alors que nous avons une association de commerçants ambulants », ajoute un autre vendeur ambulant rencontré au centre-ville. Il signale qu’auparavant la police leur exigeait les documents les autorisant à exercer comme commerçants ambulants.

S. H., un autre commerçant ambulant, reproche à certains policiers de les arrêter même dans les quartiers périphériques. « J’ai été arrêté à Buyenzi et j’ai passé 4 jours en prison. » se remémore-t-il. Pour recouvrer la liberté, les policiers lui ont exigé une somme de dix mille FBu. « Ce qui me fait mal, c’est que je n’ai pas pu récupérer mes marchandises, mon unique gagne-pain. », s’indigne François, un commerçant exerçant au quartier Buyenzi.

Un extrait du registre de commerce, lourd fardeau pour les petits commerçants ambulants 

Pour avoir l’extrait du registre de commerce, un ancien commerçant indique avoir dépensé 40 mille FBu et précise qu’il a dû renoncer à son métier par peur d’être arrêté encore une fois. « Les autorités municipales ne veulent plus les commerçants ambulants. Ils ont interdit aux administrateurs communaux d’octroyer des extraits du registre de commerce aux commerçants ambulants », affirme-t-il. 

Une mesure pour protéger les commerçants qui exercent dans la légalité

Selon les textes suspendant le commerce ambulant signés par le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, un commerçant ambulant ne peut pas dépasser 2 millions de FBu de chiffre d’affaires pour ne pas concurrencer les commerçants qui exercent dans la légalité. Le ministère demandait aussi aux vendeurs ambulants de se faire aussi enregistrer dans leurs communes natales ou de résidence. Le ministère interdisait également le commerce ambulant de certains produits, notamment les appareils électroniques, les produits pharmaceutiques et les produits cosmétiques.

Mais les vendeurs ambulants trouvent que les ordonnances de la ministre du Commerce n’ont pas contribué à l’amélioration de leur situation : « Le ministère nous avait renvoyés dans nos communes respectives pour nous faire enregistrer. A la commune, l’administration tarde à nous donner ces documents. Jusqu’à maintenant, nous attendons. Mais entretemps, nous devons chercher de quoi manger » témoigne un vendeur de vêtements dans la zone Kamenge de la commune Ntahangwa.

Un administratif de la commune Ntahangwa indique que la commune a confectionné un modèle d’attestation qu’elle a proposé à la mairie : « Nous ne voulons pas interdire à ces commerçants d’exercer leurs activités. Mais il faut aussi noter que tout commerçant ambulant doit avoir d’abord le numéro d’identification fiscale (NIF) ». Or, selon des vendeurs de rue, leurs chiffres d’affaires avoisinent à peine 50.000 FBu : « Nous ne pouvons pas avoir le NIF vu que beaucoup d’entre nous ont un capital de moins de 100.000 FBu. C’est juste pour trouver de quoi manger. Sinon on aurait déjà jeté l’éponge comme la plupart l’ont fait », dit Jackson Bigirimana, un commerçant de friperies dans la zone Kamenge.

En attendant une réponse qui favorisera tous les commerçants, les vendeurs ambulants tentent tant bien que mal de sillonner les coins et recoins des quartiers de la mairie à la recherche des clients. Un travail dur qui, selon ces derniers, leur permet de nourrir leurs familles.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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