Commerce

Commerce transfrontalier : les femmes peinent à tirer leur épingle du jeu

Le commerce transfrontalier effectué par les femmes est sur de bons rails. Mais il accuse des défis comme le manque de crédits et de devises. Une mesure interdisant l’exportation des produits vivriers le menace. L’Association des Femmes Entrepreneurs du Burundi (AFAB) appelle à son amélioration

«Le commerce transfrontalier est dominé par les femmes. Il est un des moyens de subsistance de la femme et de création d’emplois», déclare Immaculée Nsengiyumva, secrétaire générale de l’Association des Femmes Entrepreneurs du Burundi (AFAB).

Immaculée Nsengiyumva, secrétaire générale de l’AFAB : « Les femmes effectuant le commerce transfrontalier n’ont pas d’hypothèques. Elles obtiennent des prêts portant sur de petits montants auprès des institutions de microfinance. Celles-ci octroient des crédits solidaires à 3 ou 4 femmes regroupées en association, qu’elles remboursent mensuellement ».

Pour elle, ce commerce ne nécessite pas de capitaux colossaux pour le débuter. C’est pourquoi, selon toujours Mme Nsengiyumva, elle attire la femme. Elle témoigne que le commerce transfrontalier regorge de pas mal d’avantages. Ce qui justifie son soutien. 

Elle affirme son rôle prépondérant dans la réduction de la pauvreté. «Les bénéfices tirés de ce commerce servent  à couvrir les besoins de première nécessité, notamment l’alimentation, la scolarisation des enfants, les soins de santé…Il est aussi source des revenus pour les ménages», martèle la secrétaire générale de l’AFAB avant de renchérir que ce commerce contribue au développement du pays via les impôts et taxes.

Mme Nsengiyumva informe que  les échanges transfrontaliers sont dominés par les produits agricoles. Les femmes qui l’effectuent exportent les produits vivriers, les pagnes de l’Afritextile, les savons, l’eau minérale…

En retour, elles importent les tomates en boite de conserve, les spaghettis, les vins, les produits de beauté, les pagnes, le riz…

Des contraintes énormes

Une mesure a été prise en 2016 interdisant l’exportation des produits vivriers. Ce qui a fait que les femmes ont suspendu leur exportation ou ont investi dans le commerce intérieur.

De plus, le commerce transfrontalier exige l’usage des devises. Ce qui occasionne des faillites et parfois le changement des produits à commercialiser et l’enregistrement des pertes.

Cette dame leader en entrepreneuriat explique que les devises souvent utilisées s’obtiennent sur le taux du marché noir. Les commerçantes voulant récupérer à tout prix ce qu’elles ont dépensés vendent leurs produits à un prix élevé. « Ayant un pouvoir d’achat faible, les acheteurs se contentent des produits moins chers. Les femmes exerçant le commerce transfrontalier écoulent difficilement leurs produits», fait-elle remarquer.

Un autre problème évoqué par la secrétaire générale de l’AFAB est l’accès limité aux ressources financières. Selon Mme Nsengiyumva, les femmes effectuant le commerce transfrontalier n’ont pas d’hypothèques. Elles obtiennent des prêts portant sur de petits montants auprès des institutions de microfinance. Celles-ci octroient des crédits basés sur la caution solidaire à 3 ou 4 femmes regroupées en association, qu’elles remboursent mensuellement.

Probable implication dans la fraude

Certaines commerçantes peuvent être impliquées dans la fraude, car elles ne maîtrisent pas la législation. Ainsi, elles s’exposent à de sévères sanctions voire de violences basées sur le genre.

Avantageant malgré tout

 La secrétaire générale de l’AFAB affirme la prise  de conscience des Etats pour améliorer le commerce transfrontalier. Cela pour soutenir le petit commerce en général et celui des femmes exerçant le commerce transfrontalier en particulier. 

« Le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) et EAC ont adopté  par exemple une réglementation relative à la définition des droits et obligations des petits commerçants. Le COMESA finance par ailleurs  les bureaux d’informations commerciales ou Trade Information Desks qui facilitent le passage des commerçants  aux frontières. Le COMESA a en plus mis en place un régime commercial simplifié (RECOS). Celui-ci prévoit une exonération des droits de douane et des formalités de dédouanement simplifiées pour les transactions portant sur de faibles montants généralement réalisées par les petits commerçants », rappelle Mme Nsengiyumva. 

Il y a de quoi de se vanter

Les femmes pratiquant le commerce transfrontalier commencent à comprendre le bien-fondé du passage de l’informel au formel. L’AFAB, l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU), le ministère à la Présidence chargé des Affaires de la Communauté de l’Afrique de l’Est, le ministère du Commerce du Tourisme et de l’Industrie, la Chambre Fédérale de Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB)…sont toujours aux côtés de ces femmes. « Ils nous sensibilisent souvent au respect de la loi et aux procédures d’import-export », se réjouit F.N, une femme exerçant le commerce transfrontalier.

Sur cinq frontières reconnues officiellement, trois sont dynamiques. Il s’agit de Gatumba, côté République Démocratique du Congo (RDC) et de Kobero et Mugina, côté Tanzanie. 

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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