Education

Des écoles privées fermées, une jeunesse sacrifiée

Les écoles tant publiques que privées ont ouvert leurs portes pour la rentrée scolaire 2018-2019 ce lundi 10 septembre 2018. Mais trente et une écoles privées n’ont pas eu cette chance suite à la décision du ministère de l’Education de fermer les établissements n’ayant pas atteint le taux de réussite d’au moins 20% au concours national

Nous sommes mardi 11 septembre 2018. Il est 10h 20min quand nous passons devant le Lycée Africain. Un silence total règne dans la cour de cette école, sauf trois élèves trouvés devant le portail de cet établissement. L’un d’entre eux était en 7è année et devait passer dans la classe suivante. « Nous sommes venus voir si notre école a ouvert les portes pour que nous puissions étudier comme les autres, mais il n’y a personne pour nous accueillir », s’exclame-t-il. Ces élèves ne savent pas comment ils vont continuer leurs études puisque leurs classes sont fermées et que c’est quasiment difficile de trouver d’autres places ailleurs. Ils se disent « désemparés et ne savent pas à quel saint se vouer ».

Le lycée Africain, une des écoles visées par la mesure du ministère de tutelle

Une mesure attentatoire et unilatérale

« Le ministère de l’Education s’est donné le droit de fermer les écoles d’une manière hâtive et injuste », regrette Gilbert Bécaud Njangwa, représentant légal du Lycée Africain, une des écoles frappées par la mesure du ministère de tutelle. L’ordonnance ministérielle N° 610/1961 du 24/10/2016 portant fixation des normes pour ouverture, agrément et des conditions de fermeture d’une école privée en son article 31 stipule qu’« une école privée est susceptible d’être fermée après trois années consécutives avec une moyenne de réussite inférieure à 30% ». Cette mesure, en temps normal, devrait prendre effet au moins en 2020. En outre, M. Njangwa affirme ne pas comprendre pourquoi fermer son école alors qu’elle a enregistré 18,9% de réussite au concours national. « Nous attendions que les résultats des recours des élèves arrivent et que peut-être nous puissions avoir la moyenne de réussite exigée par le ministère de l’Education », se lamente-t-il.

L’absence de concertation dans la prise de décision

Une commission consultative existe depuis la création des écoles privées et le statut y relatif est clair. « Les écoles privées doivent avoir au moins trois représentants dans cette commission, mais elle n’est pas fonctionnelle depuis un certain temps », fait savoir M. Njangwa. C’est un cadre dans lequel devrait se discuter les grandes questions auxquelles sont confrontées les écoles privées. « Malheureusement nous ne sommes plus conviés aux réunions qui nous concernent. Le ministère de l’Education prend des décisions unilatérales sans concertation », assène-t-il.

Dr Janvière Ndirahisha, la ministre de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle avait, dans la proclamation des résultats du concours national, bien précisé que dans le but de revenir sur la saveur de l’enseignement, les écoles privées qui n’ont pas atteint le taux de réussite de 20% au concours national devraient normalement fermer leurs portes. Mais les écoles qui ont essayé d’arriver à ce taux auront 2 ans pour relever le niveau de réussite. « Nous sommes étonnés de voir que c’est à la dernière minute que la ministre de l’Education décide unilatéralement de fermer nos écoles sans aucune injonction préalable », fustige M. Njangwa

Du « deux poids deux mesures » dans un contexte similaire

D.S, un directeur d’une école privée est surpris par la procédure du ministère dans l’application de certaines mesures. Pour lui, c’est incompatible que les élèves des écoles publiques et privées passent le même concours national, mais que seules les écoles privées soient les plus durement frappées par l’échec de leurs élèves. « Dans les écoles publiques, seuls les directeurs seront limogés si le taux de réussite exigé n’est pas atteint. Par contre, dans les écoles privées, c’est tout l’établissement qui est cadenassé », déplore ce directeur avant d’ajouter que le ministère de l’Education devrait plutôt aider à trouver des solutions au lieu de sanctionner les écoles et que par la suite les retombées aillent au-delà de la simple fermeture, car c’est l’avenir des enfants qui est en jeu.

Des élèves laissés-pour-compte

M. Njangwa ne cache pas son indignation quant à l’avenir des élèves qui fréquentaient les établissements contraints à la fermeture. « Ce sera des milliers d’enfants qui vont maintenant se retrouver dans la rue et dont l’avenir est incertain parce que la mesure est tombée au mauvais moment », affirme-t-il avant d’ajouter « Nous avions déjà commencé les inscriptions pour la nouvelle année scolaire. Les élèves des classes montantes sont les premières victimes », regrette M. Njangwa

Les directeurs des écoles fermées appellent le ministère de tutelle au dialogue pour essayer de trouver une issue favorable à ce problème afin que tous les élèves, que ce soit du public ou du privé, aient l’égalité de chances à l’enseignement.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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