Gouvernance

Destitution de certains cadres de l’Etat : Quid des poursuites judiciaires ?

Depuis le début de l’année  2021, on assiste à la destitution de certains cadres de l’Etat par le Président de la République Evariste Ndayishimiye. Cela pour divers délits. Au moins trois fonctionnaires sont déjà démis de leurs fonctions.  Une chose, dit-on, nouvelle au Burundi. C’est normal qu’un fonctionnaire qui ne remplit pas correctement ses fonctions soit destitué, précise le Président Evariste Ndayishimiye.  D’aucuns se demandent la suite de ses destitutions. Y’aurait-il des poursuites judiciaires ?

Le 7 janvier 2021, Emile Ndayisaba, directeur général de l’Agence Routière du Burundi (ARB) a été démis de ses fonctions. Le 12 mars 2021, C’est le tour de Christian Kwizera, directeur général de la programmation et du budget au ministère en charge des finances et de Victor Rurakengereza, directeur du Bureau Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage en province de Gitega. Leurs actes risquent de compromettre l’économie du pays et ternir l’image du Burundi.  Pour Victor Rurakengereza, on ajoute que son inertie torpillait les activités du Gouvernement.

Des mesures louables de la part du Président

Faustin Ndikumana, président de Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) salue les mesures prises par le Président de la République. Pour lui, ces destitutions découlent d’un certain constat de malversations économiques. Il apprécie positivement la volonté du chef de l’Etat de vouloir s’attaquer à la corruption. « Le président affiche une volonté de vouloir s’attaquer à la corruption qui est devenue un cancer qui ronge les institutions de l’Etat et son fonctionnement ».

Il salue également les récentes mesures prises par le ministère de l’Intérieur. On constate qu’il y a la volonté de faire bouger les lignes en s’attaquant aux pratiques des associations qui percevaient les fonds de la population dans l’opacité la plus totale. Toutefois, précise-t-il, il faut une volonté de tout le gouvernement, de tous les sphères de l’Etat pour aboutir à des résultats concrets.  Il y a des récalcitrants  qui ne veulent pas s’engager dans la lutte. Il faut absolument casser cette situation.

Faustin Ndikumana, président de PARCEM : « Il faut des procédures judiciaires en bonne et due forme à l’encontre des gens coupables de telles infractions ».

Une stratégie globale dans la lutte est indispensable

M. Ndikumana se demande s’il y a une stratégie du gouvernement dans la lutte contre les malversations économiques. « Il reste alors d’analyser la stratégie que le gouvernement a adoptée pour s’engager dans cette lutte. On n’a pas encore vu une stratégie au niveau macro-politique qui oriente toutes les mesures, que ce soit au niveau des réformes, au niveau des lois, ou des politiques qui orientent comment cela va se faire », explique-t-il.

Faustin Ndikumana indique qu’il faut un cadre qui permet de faire l’évaluation régulière des mesures prises. Une stratégie globale du gouvernement dans la lutte contre les malversations économiques est indispensable. « On pourrait dire que le gouvernement, à travers le Premier Ministre, est en train de mettre en musique les orientations du Président », martèle M. Ndikumana. Au-delà de la stratégie du gouvernement, il se conçoit des stratégies sectorielles dans les ministères mais actuellement, on voit des destitutions mais  on ne sait pas si cela rentre dans une stratégie déjà tracée, se lamente M. Ndikumana

Les sanctions administratives ne suffisent pas

Faustin Ndikumana trouve que les sanctions administratives ne suffisent pas. C’est une étape encore préliminaire.  « Il faut des procédures judiciaires en bonne et due forme à l’encontre des gens coupables de telles infractions », recommande-t-il tout en ajoutant qu’il faut tracer le contexte global de la commission de ces infractions. «Ce sont des fonctionnaires qui travaillent dans une structure hiérarchisée. Est-ce qu’au niveau de la hiérarchie supérieure, collatérale ou inférieure, n’y aurait-il pas des complicités?» Il se demande si un seul fonctionnaire peut s’adonner à des comportements de délinquance au niveau de la gestion de la chose publique.

Faustin Ndikumana recommande de pousser les enquêtes  plus loin pour mettre la main sur tous ceux qui ont participé directement ou indirectement, de près ou de loin dans les affaires qui ternissent l’image des institutions vis-à-vis de la population et des partenaires techniques et financiers.

Jacques Bigirimana renchérit

Jacques Bigirimana, directeur général de l’Autorité Maritime Portuaire et Ferroviaire et en même temps président des Forces Nationales pour la Libération (FNL) affirme que ces mesures sont le souhait du peuple burundais. Il encourage le président dans cette lutte tout en lui demandant d’étendre les enquêtes jusqu’aux complices. « Il ne faudrait pas que les enquêtes se limitent à ceux qui ont été destitués. Il faut remonter la chaîne jusqu’aux complices », a-t-il précisé lors de l’émission « Point de Vue » diffusée par la Télévision Nationale dimanche le 21 mars 2021. Pour lui, ce sont les complices « puissants » qui les protègent. Une seule personne ne peut pas détourner des sommes incommensurables. Au final, ils partagent les parts. Il demande également au Président de la République de suivre de près « ces hommes d’affaires qui se croient puissants » alors qu’ils n’ont pas de sociétés, d’entreprises visibles (connues), qu’ils ne paient pas d’impôts, qu’ils n’ont pas d’employés.

Lors de l’émission publique des porte-paroles des institutions publiques qui s’est tenue à Kirundo vendredi le 2 mars 2021,  Evelyne Butoyi, porte-parole du Président de la République a fait savoir que le chef de l’Etat a le droit de changer de fonctions, de limoger ou de destituer un fonctionnaire qui ne remplit pas correctement ses fonctions. En ce qui est des poursuites, elle tranquilise la population. « Les organes de l’Etat sont à l’œuvre ».

A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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