Economie

Le détournement de l’objet de crédit, une entorse à l’économie

Le détournement de l’objet de crédit est l’une des causes principales des impayés qu’enregistrent les banques et les établissements financiers. 26% des crédits octroyés n’ont pas été remboursés en 2016, une information lourde de conséquences recueillie auprès de Cyrille Sigejeje, Administrateur Directeur Général de la Banque de Gestion et de Financement (BGF).

Cyrille Sigejeje, Administrateur Directeur Général de la BGF: « Le détournement de l’objet de crédit est l’une des causes principales des impayés qu’enregistrent les banques et les établissements financiers ».

« Pour octroyer un crédit, les banques et les établissements financiers ont le devoir d’étudier tous les dossiers. C’est pour sélectionner les demandeurs les plus solvables », indique Sigejeje. Selon lui, l’affectation du prêt est prévue dans le contrat. C’est ce que les banques appellent l’objet de crédit. Certains clients utilisent les crédits à une fin autre que celle qui est prévue dans le contrat. C’est ce qu’on appelle «détournement de l’objet de crédit». A titre d’exemple, un client peut contracter un crédit pour investir dans le business. Au lieu d’exécuter ce contrat, il construit une maison. Et M. Sigejeje d’ajouter que d’autres l’utilisent dans l’adultère, l’achat de belles voitures, la célébration des mariages de leurs enfants, le paiement des études de leurs enfants à l’étranger… Il précise que la plupart des clients qui pratiquent le détournement de l’objet de crédit tombent en faillite. Et de se retrouver dans l’incapacité de rembourser les crédits. En plus de la mauvaise foi des clients, du manque de suivi des clients financés, des catastrophes naturelles, des maladies, de la mauvaise gestion…, plus de 75 milliards de FBu ne sont pas encore remboursés. Nonobstant, il fait savoir qu’ils ont l’obligation de rembourser les crédits contractés malgré les pertes qu’ils enregistrent. C’est une entorse à l’économie burundaise, martèle Sigejeje.

La CRDB déteste cette manière de le faire

Selon Cédric Ncutinamagara, agent de la CRDB, une société ou un client qui utilise un prêt à une fin autre que celle qui est convenue s’expose au danger de tomber en faillite. Selon toujours lui, ni le code monétaire et financier, ni celui du commerce ne sanctionnent le détournement de l’objet de crédit. La CRDB se méfie de ces clients et les sanctionnent car ils sont dangereux pour eux-mêmes et pour la banque qui voit ses recettes financières amputées et ses plans de recouvrement mis à mal. Ces clients sont rayés de la liste des candidats aux crédits. Une mesure légère consiste à faire payer la facture des activités déjà réalisées, affirme Ncutinamagara.

Les conséquences liées au détournement de l’objet de crédit sont incalculables

Les banquiers font remarquer que les conséquences liées au détournement de l’objet de crédit sont incalculables. « Plus les clients orientent leurs crédits vers d’autres fins, plus les impayés s’accumulent », affirment-ils. Ce qui a pour effet la baisse des produits (intérêts, ralentissement de la rotation du portefeuille, l’accroissement des charges de fonctionnement, les frais de recouvrement), la dégradation de l’image des banques et des établissements financiers (perte de crédibilité), les difficultés de mobilisation des ressources, la diminution de la rentabilité des banques, la décapitalisation (diminution du capital) et les risques de faillite. Outre les problèmes directement liés à la santé des banques, il ne faut pas sous-estimer les conséquences négatives sur l’économie et le développement du pays, sur l’état des finances publiques et sur l’ensemble de la clientèle qui est indirectement victime des abus de certains.

N’oublions pas que l’ensemble des impayés dans les banques et les institutions financières représentent aujourd’hui 26 % de l’ensemble des prêts et crédits.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

A peine créée, le challenge pour la nouvelle société pétrolière pointe son nez. Les files d’attente réapparaissent devant les stations-service. Le pays connait une nième pénurie du carburant malgré les bonnes intentions d’en assurer la disponibilité. Et si le problème était ailleurs ? La pénurie des devises persiste. Les réserves officielles s’amenuisent. La Banque centrale n’arrive pas à constituer assez de réserves pour financer les importations. A la fin du quatrième trimestre 2023, les réserves totales de change s’élevaient à 234,4 millions USD. De quoi assurer les importations des biens et des services pendant au moins 24 jours. Le pays plonge dans une spirale de crise économique malgré les réformes économique initiées.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 602

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

    Vers la nationalisation du secteur pétrolier ?

    A peine créée, le challenge pour la nouvelle société pétrolière pointe son nez. Les files d’attente réapparaissent devant les stations-service. Le pays connait une nième pénurie du carburant malgré les bonnes intentions d’en assurer la disponibilité. Et si le problème était ailleurs ? La pénurie des devises persiste. Les réserves officielles s’amenuisent. La Banque centrale n’arrive pas à constituer assez de réserves pour financer les importations. A la fin du quatrième trimestre 2023, les réserves totales de change s’élevaient à 234,4 millions USD. De quoi assurer les importations des biens et des services pendant au moins 24 jours. Le pays plonge dans une spirale de crise économique malgré les réformes économique initiées.
  • Journal n° 602

  • Dossiers Pédagogiques