Education

Devoirs à domicile : Indispensables, mais teintés de disparités

Pendant les périodes scolaires, tous les enfants sont plongés dans leurs cahiers pour faire les devoirs le soir. De la maternelle à l’école fondamentale, les devoirs à domicile (DàD) sont donnés presque chaque jour. Les parents et les enseignants s’impliquent de manières différentes. Cependant, on peut se demander si ces devoirs contribuent à l’épanouissement de l’enfant dans tous les côtés

Les «devoirs à domicile», «tâches» ou «travail à la maison» sont généralement compris comme la partie du travail scolaire que chaque élève doit réaliser individuellement, après les heures qu’il passe chaque jour en classe avec son enseignant

Le temps imparti aux devoirs peut prendre de quelques minutes à plusieurs heures par semaine (en progressant vers l’enseignement secondaire). Leur qualité (contenu, sens, niveau de difficulté, attention consentie, etc.) est elle aussi inégale, cette variable semblant peser davantage que la simple durée du travail sur les apprentissages finalement effectués. 

Une source de disparités

Compte tenu des situations d’apprentissage, des effectifs élevés, de l’insuffisance du matériel didactique, les enfants ont plus besoin des renforcements. Il y avait une époque où on ne donnait pas des devoirs à domicile, fait savoir Pr Joseph Ndayisaba, orthopédagogue. Cependant, ce n’est pas parce que les apprenants de cette époque-là étaient intelligents, mais c’est parce qu’ils apprenaient dans de meilleures conditions, ajoute-t-il.

Les devoirs à domicile sont indispensables mais créent des disparités au niveau des capacités d’en tirer profit. Si tous les soirs, certaines mamans prennent à bras-le corps les devoirs de leurs enfants, les autres ne s’en soucient pas, un bon nombre de parents au Burundi n’étant pas suffisamment instruits.

Ceux qui ont les moyens paient pour ça. C’est ainsi que les enfants dont les parents n’ont pas les moyens ou ne sont pas capable de les appuyer sont vulnérables.

Pr Joseph Ndayisaba, orthopédagogue : « Si un parent veut aider son enfant, il doit s’informer sur méthodologie utilisée en classe »

Un vecteur de gain d’apprentissage ?

Les devoirs à domicile créent des divergences. Les débats sont donc nombreux à propos de la bonne ou de la mauvaise manière de « donner ces devoirs» Les DàD ajoutent du temps au travail des élèves : on peut légitimement en attendre un gain pour les apprentissages. Cependant Pr Ndayisaba déplore que ces devoirs soient donnés dans le vagabond total. Il donne l’exemple des enfants qui sont pris en charge dans son centre d’orthopédie. Il a constaté qu’ils sont pratiquement débordés et stressés.

Dans certaines écoles, les enfants rentrent avec trois ou quatre devoirs à domicile dans des matières différentes. L’orthopédagogue parle d’un problème sérieux puisque l’enfant qui a passé 5 heures sur le banc de l’école se fatigue. Certaines écoles privées ne donnent même pas des devoirs à domicile parce qu’ils ne les jugent pas trop nécessaires.

Pour profiter à tous les élèves, il apparait que les devoirs doivent être donnés assez régulièrement mais en petites quantités, être suffisamment simples et clairement articulés avec le travail de la classe, avoir du sens et demander de remobiliser les savoirs abordés auparavant, faire l’objet d’un suivi et d’une correction par l’enseignant

Le lien entre l’école et la famille

Les manuels se modifient et peuvent placer certains parents en situation d’échec ou de révolte face à des documents complexes et opaques dont ils ont le sentiment de ne pas comprendre la logique. Quand le travail du soir devient source de tensions et de conflits (comme cela semble être tôt ou tard le cas dans la moitié des foyers), il perd en popularité. L’orthopédagogue constate qu’il y a des enfants qui échouent surtout en mathématique parce que la méthode utilisée par les parents et celle de l’enseignant sont totalement différentes. Si un parent veut aider son enfant, il doit s’informer sur la méthodologie utilisée en classe. Les parents sont souvent piégés par leurs enfants paresseux à tel point qu’ils font les devoirs de leurs enfants sans le savoir.

Ainsi, il met l’accès sur une chose: «C’est à l’enseignant de faire réussir les élèves, mais pas les parents. Même si l’enfant ne trouve les réponses aux questions posées, les devoirs sont faits pour être corrigés et les corrections sont faites en classe. Il ne faut pas que les enseignants se fassent des portevoix des parents. 

Les parents réclament-ils des devoirs? Oui et non. L’approche certaine est qu’ils s’inquiètent d’abord de la réussite scolaire de leurs enfants et qu’ils craignent autant leur surcharge que leur désœuvrement. Mais plus la compétition scolaire est vive, plus les familles ont tendance à s’inquiéter, et plus elles peuvent faire pression sur l’enseignant pour qu’il donne des devoirs à domicile, voire sur les enfants pour qu’ils fassent plus que ce qui leur est demandé. 

Toutes les familles ne réagissent pas de la même façon, et certaines investissent financièrement hors de l’école (soutien et accompagnement scolaire, cours particuliers, e-learning, cahiers de vacances, répétiteurs, etc.) pour ne pas se laisser déclasser dans la course aux diplômes et aux profits (symboliques et matériels) qui en découlent. A moins d’interdire l’apprentissage hors de l’école, force est d’admettre que l’école ne peut pas tout compenser, et que non plus   trop de devoirs à domicile n’aident pas l’enfant à comprendre la matière apprise. Parfois on aboutit à un résultat inverse. C’est aux parents et surtout les enseignants de veiller à ce que les devoirs à domicile soient plus bénéfiques que nuisibles. 

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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