Santé

Le diabète est la 3 ème cause d’hospitalisation au Burundi

A l’occasion de la célébration de la Journée Internationale dédiée à la lutte contre le diabète, Burundi Eco a approché Dr Innocent Nkurunziza pour en savoir beaucoup sur cette pathologie. Il s’est longuement appesanti sur ses symptômes, ses causes, ses conséquences et le traitement. Il n’a pas manqué de faire savoir que cette maladie constitue la 3ème cause d’hospitalisation au Burundi.

Burundi Eco : Qu’est-ce que le diabète ?diabète

Dr Innocent Nkurunziza : Le diabète est une maladie qui se caractérise par une hormone appelée insuline qui régule le sucre dans le sang. Nous constatons deux types de diabète, à savoir : Le diabète de type I qui est héréditaire. C’est-à-dire que l’enfant naît avec une absence complète d’insuline dans l’organisme ou n’y a qu’une quantité très insuffisante pour la régulation normale de son sucre dans le sang.

Il y a aussi le diabète de type II qui attrape la majeure partie de la population. C’est-à-dire qu’il occupe environ 95% des diabétiques. C’est un type de diabète qui est lié soit à l’insuffisance de production de l’insuline, soit au non réponse due à l’excès pondérale ou un alcoolisme ou un tabagisme chronique. Il est lié aussi à des infections notamment celle du pancréas qui est l’organe principal secrétant l’insuline qui régule le sucre dans le sang.

B-E : Quels sont les symptômes du diabète ?

I.N : Les grands symptômes du diabète sont un soif intense qu’on appelle en terme médical polydipsie , une sensation de faim intense qu’on appelle polyphagie, c’est-à-dire le fait de vouloir manger à tout moment, une envie impérieuse régulière de faire le petit besoin, un amaigrissement progressif, une asthénie, c’est-à-dire sensation de fatigue chronique .

B-E : Quelles sont les conséquences de cette pathologie

I.N : Les conséquences de cette pathologie sont multiples. Le diabète est la cause des maladies cardiovasculaires notamment l’hypertension artérielle qui entraine l’obstruction des petits vaisseaux dont les capillaires, qui irriguent les différents tissus du sang. Si vous avez un diabète chronique, vous avez les troubles de la vision qui vont même jusqu’à la cécité, une insuffisance rénale, des défauts d’irrigation des membres inférieurs avec pour conséquence la nécrose, c’est-à-dire le fait qu’un organe qui n’est pas irrigué développe des plaies qui pourrissent si bien que les malades sont obligés d’être amputés de leurs membres. Une autre conséquence c’est la stérilité secondaire chez l’homme avec une impuissance sexuelle secondaire.

B-E : Y-a-t-il un traitement réservé a cette pathologie ?

I.N : Oui, c’est une pathologie qui a un traitement mais pour le diabète héréditaire, il n’y a pas de prévention comme telle parce que si la mère est diabétique, elle peut transmettre la maladie à ses enfants à raison de 2 à 5%. S’il s’agit du père, la transmission est de 5 à 20 % .Pour traiter ce genre de diabète, on équilibre le dosage d’insuline dans le sang par des injections d’insuline dans des temps réguliers pour que le taux de sucre dans le sang reste constant.

Pour d’autres types de diabète, il y a différentes préventions .La 1ère est le dépistage précoce dans le bilan général de chaque personne .Il faut au moins faire une glycémie tous les 6 mois. Chez les femmes enceintes, la glycémie doit se faire au 2ème trimestre de la grossesse, c’est-à-dire a partir de la 24ème jusqu’à la 28ème semaine de la grossesse. D’autres types de prévention impliquent le fait de faire le sport régulièrement, le fait de ne pas avoir un excès de poids, de ne pas boire de façon nocive, c’est-à-dire beaucoup par jour et par semaine. Chez les femmes, il est conseillé de prendre au moins 21 petits verres par semaine et chez l’homme 34. Il faut aussi éviter la consommation du tabac qui est aussi source de diabète. Il faut aussi éviter une alimentation déséquilibrée comme l’excès de graisses ou carrément l’insuffisance alimentaire type kwashiorkor ou marasme pour les enfants parce que tout cela entraine le diabète de type II.

B-E : D’aucuns font recours au régime comme moyen de traitement. Ce dernier est-il efficace ?

I.N : Evidemment pour les diabétiques, il y a des régimes qui ne sont pas riches en sucre, notamment les fruits, les légumes et les protéines sans graisses dont les protéines animales provenant des poissons. Il faut aussi éviter les aliments qui sont riches en glucides comme les féculents. Mais pour chaque diabétique connu, on conseille de manger équilibré mais de ne pas être rassasié à 100 %. C’est-à-dire que tu peux manger tout ce qu’il faut, tout ce qui est nécessaire en évitant les graisses et les féculents riches en sucre être rassasié à 90 % et régulièrement pour ne pas prendre plusieurs heures sans manger, car cela perturbe le taux de sucre dans le sang.

B-E : Quelle est la place qu’occupe le diabète par rapport à d’autres maladies en matière d’hospitalisation au Burundi ?

I.N : Au niveau du Burundi, nous avons quelques études de la faculté de médecine qui montrent que le diabète est la 3ème cause d’hospitalisation au Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge (CHUK) et que 30 % des amputations des membres inférieurs sont dues au diabète à l’Hôpital Prince Régent Charles. Il n’y a pas de chiffres officiels, mais on dispose de quelques chiffres recueillis dans certaines provinces, institutions et communes où on a fait des dépistages. Ces derniers montrent que la prévalence varie entre 7 et 24,7 %. Cela montre que le diabète est une réalité au Burundi si bien qu’il faut des mesures très pertinentes pour se prévenir contre cette maladie et aussi pour prendre en charge les personnes déjà malades. En 2016, les dépistages effectués montrent que dans la province de Gitega, sur 1670 patients dépistés 58 sont malades, à Kinyinya dans la province de Ruyigi, sur 767 dépistés 38 sont malades, à Kayanza dans la commune Muruta, sur 1276 patients dépistés 138 sont malades. A Gahombo, sur 430 patients dépistés 14 ont été testés malades, à Kabarore, sur 410 patients dépistés 8 sont malades, à Kigamba, Cankuzo et Mishiha, sur 2817 dépistés, 50 sont malades. Dans les institutions comme l’OBR sur 467 patients dépistés, 12 sont malades et à la REGIDESO sur 402 patients dépistés, 15 ont été reconnus diabétiques. Le taux de prevalence au niveau national varie entre 5 et 15 %.

B-E : Un dernier mot ?

I.N : Je voudrais porter à la connaissance du public que le diabète est une maladie qu’attrape tout le monde, des jeunes aux l’adultes. Il est une maladie à 95 % non héréditaire qu’on peut prévenir par des dépistages précoces et en suivant les conseils des médecins et surtout en menant une vie saine, c’est-à-dire où on pratique chaque jour, au moins une marche de 30 min, une vie où on évite d’avoir un excès pondéral, c’est-à-dire l’excès de poids. Je voudrais aussi porter à la connaissance du public que pour calculer l’indice de masse corporelle on prend ton poids en kg sur ta taille en mètres. Si l’indice est inférieur à 25, tu as le poids normal. Si elle est supérieure à 25, tu as un excès pondéral, c’est-à-dire que tu as un poids supplémentaire. Si l’indice est supérieur à 30, c’est-à-dire que vous êtes obèse. Et l’obésité est aujourd’hui considérée comme un handicap.

A propos de l'auteur

Mathias Ntibarikure.

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