Santé

Ebola gagne du terrain en République Démocratique du Congo

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme sur la propagation du virus d’Ebola en République Démocratique du Congo (RDC). Un nouveau cas d’Ebola a été déclaré dans la ville de Goma avant que le patient décède après deux jours. Le risque de propagation rapide de la maladie plane sur la sous-région. L’OMS vient de décréter l’état d’urgence sanitaire de portée internationale. Les autorités burundaises annoncent que des mesures préventives ont été prises pour protéger la population

Le premier cas d’Ebola a été enregistré dans la ville de Goma à l’Est de la RDC.  Un pasteur qui avait séjourné à Butembo, épicentre de l’épidémie, a contracté le virus d’Ebola. Il a été testé positif dimanche le 14 juillet avant de décéder  24 heures plus tard. La détection d’un malade d’Ebola dans la grande ville de Goma suscite des inquiétudes. L’Organisation mondiale de la santé a reconnu mercredi 17 juillet l’épidémie de fièvre Ebola en République démocratique du Congo comme une urgence de santé publique de portée internationale. Suite à cette alerte rouge, tous les pays signataires du règlement sanitaire international vont devoir renforcer leur surveillance du virus Ebola à l’intérieur de leurs frontières, dans leurs aéroports et ports maritimes avec des contrôles systématiques des passagers. 

Dr Thaddée Ndikumana, ministre de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida : « La vaccination de toute la population n’est pas indiquée du moment qu’aucun cas n’a été observé dans notre pays »

La ville compte un à deux millions d’habitants. L’irruption d’Ebola à Goma est considéré comme un avertissement, selon l’OMS.  La ville de Goma est une plaque tournante de la région des Grands Lacs. Elle se trouve à la frontière du Rwanda, avec un port d’où les bateaux partent pour Bukavu et le Sud-Kivu, et un aéroport avec des vols civils ou onusiens à destination de Kinshasa, Entebbe et Addis Abeba. 

L’insécurité chronique douche les stratégies de riposte 

La méfiance des populations, l’instabilité politique et la propagation de la désinformation constituent les principaux obstacles à une riposte vigoureuse contre la fièvre hémorragique Ebola. Tous ces défis rendent cette épidémie d’Ebola en RDC l’une des urgences humanitaires les plus complexes jamais rencontrées. Et pourtant, malgré les défis et l’ampleur de l’épidémie, « nous avons jusqu’à présent réussi à contenir Ebola en RDC », rassure Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur son compte Twitter.  

Les groupes armés qui sévissent dans l’Est de la RDC ne facilitent pas la tâche aux équipes mobilisées pour la riposte contre Ebola. Des attaques sont perpétrées contre les centres de traitement spécialisés dans la prévention et le traitement d’Ebola. « Juste au moment où nous commençons à prendre le contrôle d’Ebola dans une région, il apparait dans une autre. Et la violence et l’insécurité continuent de miner la riposte », déplore Dr Tedros. Le personnel de la santé et les responsables locaux actifs dans la lutte contre cette épidémie ne sont pas à l’abri du danger.  Le dernier cas en date est celui de deux notables tués à Beni lors des attaques contre les chefs communautaires impliqués dans la lutte contre Ebola.  Pour le patron de l’OMS, chaque attaque contre un centre de traitement sape les efforts déployés et offre à l’épidémie une occasion de se propager. 

Les autorités sanitaires tranquillisent

Le Burundi est à l’œuvre pour prévenir la maladie à virus Ebola. « La vaccination de toute la population n’est pas indiquée du moment qu’aucun cas n’a été observé dans notre pays », précise Dr Thaddée Ndikumana, ministre de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida. « Je tranquillise la population Burundaise que conformément aux standards de l’OMS il n’y a pas à s’inquiéter », rassure le ministre Ndikumana. Il invite la population à respecter les mesures d’hygiène, à éviter la consommation des viandes des animaux sauvages. De plus, la population devrait renseigner l’administration sanitaire au niveau des quartiers sur tout cas suspect dans les villages. 

Les travaux de construction d’un centre de traitement des maladies épidémiologiques démarrent bientôt. Le centre sera érigé à Gihungwe en province de Bubanza sur un terrain de 3 hectares. Il va remplacer celui de Rukaramu construit dans une zone inondable. 

Selon les informations relayées par la radio nationale, le centre de Gihungwe sera doté des équipements dont un laboratoire pour dépister la maladie à virus d’Ebola, des espaces d’hospitalisation et un tank de 10 mille litres d’eau issue du forage.  

Il ne faut pas baisser la garde !  

Des flux de patients Congolais s’observent régulièrement pour rejoindre les structures de soins du Burundi à la quête des soins de qualité. Certaines institutions (les hôtels, les ONG internationales, les agences onusiennes du secteur, …) prennent des précautions pour prévenir Ebola. Elles exigent aux visiteurs de se laver les mains au savon avant d’entrer dans les locaux. Cette rigueur devrait être globalisée dans d’autres lieux publics tels que les églises, les resto-bars, les entreprises locales, les structures de soins, etc . Car, « Vaut mieux prévenir que guérir », vous diront les sages. 

La méfiance de la communauté, l’instabilité politique et la propagation de la désinformation favorisent la propagation de la maladie à virus Ebola en République Démocratique du Congo.

Le bureau de l’OMS au Burundi et l’Ong Médecins sans Frontières (MSF) coordonnent les efforts avec les autorités sanitaires pour la mise en place des unités de riposte efficace contre Ebola au cas où cette maladie arriverait sur le sol burundais.  Chaque cas suspect doit être pris au sérieux. Il doit être traité d’urgence pour limiter les risques de contamination. Le pays est toujours en attente des vaccins pour protéger les prestataires de soins et d’autres agents qui sont en contact permanent avec les passagers en provenance de la RDC. En attendant, il faut mettre en place une structure de soins avec un système de réfrigération pour conserver les vaccins. 

Un vaccin pour bientôt au Burundi

Le ministre en charge de la santé publiques fait savoir que le comité d’éthique a déjà donné son feu vert pour démarrer la vaccination des personnes à haut risque, notamment les policiers et les agents qui travaillent aux postes transfrontaliers, aux ports et aéroports. 

Cependant, le transport et la conservation des vaccins représentent un véritable défi logistique. Le virus anti-Ebola rVSV-ZEBOV doit être stocké à des températures comprises entre moins 60 et moins 80 degrés.  Le transport et le stockage des vaccins constituent donc un défi de taille dans les régions dépourvues de solides réseaux d’électricité. 

A propos d’Ebola 

La maladie à virus Ebola est apparue pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara (aujourd’hui au Soudan du Sud) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, celle-ci a donné son nom à la maladie. Ebola (autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à virus Ebola) est une maladie grave, souvent mortelle chez l’homme. Le virus se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine. 

Les experts de l’OMS pensent que les chauves-souris frugivores de la famille des Pteropodidés sont les hôtes naturels du virus Ebola. Celui-ci s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés comme les chimpanzés, les gorilles, les chauves-souris frugivores, les singes, les antilopes des bois ou des porcs-épics retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale. Il se propage ensuite par transmission interhumaine à la suite des contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées ou avec des surfaces et des matériaux (par exemple, linge de lit, vêtements) qui ont été contaminés par ce type de liquides. Les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola. Les sujets atteints restent contagieux tant que le virus est présent dans leur sang.

Symptômes de la maladie à virus Ebola

D’après l’OMS, les premiers symptômes sont une fatigue fébrile à début brutal, des douleurs musculaires, des céphalées et un mal de gorge. Ils sont suivis de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, de symptômes d’insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes (par exemple, saignement des gencives, sang dans les selles). Les analyses de laboratoire révèlent une baisse de la numération leucocytaire et plaquettaire, ainsi qu’une élévation des enzymes hépatiques.

L’actuelle épidémie de fièvre hémorragique Ebola, déclarée en août dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri a déjà fait plus de 1 600 morts. Elle est la dixième et la plus grave enregistrée sur le sol congolais depuis 1976. Elle est la deuxième la plus grave au monde après celle qui a sévi en Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 avec 11 000 morts en Guinée, Sierra Leone et au Liberia principalement.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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