Genre

Encore un chemin à faire dans la représentativité des femmes

La participation des femmes, surtout en politique, est un enjeu important afin d’instaurer une véritable représentativité des femmes dans les instances dirigeantes politiques et de permettre aux femmes de jouir de leurs pleins droits. Mais les chiffres montrent qu’il y a une avancée avec les récentes élections

De 17% en 2016 à 18% en 2018, le taux moyen de participation des femmes dans les postes de prise de décisions n’atteint guère 20% au niveau national, d’après les études réalisées par l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (Afrabu). Pire, ce taux est en dessous de 5% dans les secteurs de l’éducation de la santé et du maintien de la paix.

Dans un café de presse animé par l’Afrabu sous le thème «Renaître de ses cendres. Celles qui l’ont fait et celles qui le font» organisée lundi le 3 août 2020, cette association déplore un taux maximum de représentation des femmes qui dépasse à peine les 30 % exigés par la loi, seulement dans quelques postes électifs. «30% n’est pas le plafond, pourquoi pas 50% !», estime Godeliève Manirakiza, représentante légale de l’Afrabu.

Zénon Manirakiza, consultant en droits de l’homme : « Souvent, une femme qui veut participer dans la politique doit concilier la vie familiale, l’activité professionnelle et la carrière politique dans laquelle elle se lance ».

Mme Manirakiza observe que si le pays continue sur la même lancée (amélioration de seulement 1% chaque année), l’égalité homme-femme telle qu’énoncée dans les Objectifs de développement durable (ODD) 2030 ne sera atteinte qu’en 2050 au Burundi.

La loi organique portant code électoral a été promulguée en mai 2019. En ce qui concerne l’équilibre genre, cette loi reprend presque mot à mot le prescrit constitutionnel. Certaines innovations introduites par le code électoral sont des acquis à valoriser, surtout en vue d’une représentativité plus accrue des femmes dans les conseils communaux. Le conseil communal comprend un minimum de 15 membres dont au moins 30 % des femmes. Chaque colline ou quartier doit être représenté.

L’étude de l’Afrabu montre que le taux de représentativité féminine se stabilise à 18 %. Ceci veut dire que l’évolution vers la réalisation de la parité hommes-femmes est très lente, marquée de stagnation ou de fluctuation dans divers secteurs analysés.

Le poids de la culture, une entrave pour la représentativité des femmes

Dans son étude, Zénon Manirakiza, consultant en droits de l’homme montre qu’il existe bien des formes de discriminations quotidiennes dont les femmes sont victimes et ce, dans de multiples domaines. Dans le travail par exemple, on dit qu’elles manquent d’ambition»; «elles tombent enceintes puis elles s’absentent pour garder leur enfant malade”;«elles ne viennent au bureau que pour téléphoner à n’importe qui »;« elles sont irrégulières au service et la ponctualité n’est pas leur premier souci».Les spéculations font que les femmes sont indexées d’être «faibles physiquement et donc incapables de battre campagne, de diriger une commune». Plus grave encore, certaines femmes votent dans le sens dicté par leurs maris. Par ailleurs, c’est tardivement que les Etats leur ont reconnu le droit de vote.

« Souvent, une femme qui veut participer dans la politique doit concilier la vie familiale, l’activité professionnelle et la carrière politique dans laquelle elle se lance. En outre, elle doit affronter les préjugés culturels », indique Manirakiza,

Des avancées dans le changement de mentalités pour la cause féminine

Aujourd’hui, le taux de 30% a été atteint au niveau du parlement, car il est de 33% pour les femmes parlementaires. Pour les communautés locales de développement, il stagne à 30%.  Par contre, dans les partis politiques, il faut mentionner que sur les 35 partis agréés, 5 sont dirigés par les femmes dont 3 qui ont été créés par des femmes.

« Il faut aussi saluer les efforts du nouveau gouvernement en cette matière. Sur 15 ministères, 5 sont occupés par les femmes. Ce qui montre que les 30% ont été respectés », conclut-il

Pour l’Afrabu, eu égard à un tel état des lieux, les plus hautes autorités burundaises, devraient « faire un effort spécial » pour redresser ces déséquilibres au niveau de la représentativité des femmes dans les hautes sphères étatiques, en s’appuyant sur le quota minimum de 30% prévu pour elles dans la constitution burundaise au niveau des instances de prise de décisions.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 605

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue.
  • Journal n° 605

  • Dossiers Pédagogiques