Exclusivité marché central

Galeries « Le Parisien » et « Village Market » : L’activité commerciale n’est pas florissante

Les commerçants qui exercent leurs activités dans les galeries «Le parisien» et «Village Market» révèlent qu’ils travaillent à perte.Les clients viennent à compte-gouttes. Parmi les principales raisons de cette situation, ils citent entre autres les frais de loyer exorbitants, l’inflation croissante, la dépréciation et la crise économique qui secoue le pays depuis 2015

Vue partielle de la Galerie « Le Parisien »

« L’activité commerciale s’est dégradée après l’incendie du marché central », indiquent les commerçants qui prestent dans les galeries «Le Parisien» et «Village Market». Au marché central, on parvenait à gagner beaucoup d’argent. C’était même possible d’épargner sur les bénéfices enregistrés. Tout le monde accourrait vers ce marché pour s’approvisionner. Il y avait un mouvement de clients à n’importe quel moment de la journée, rappelle une commerçante d’habits rencontrée à la galerie « Le Parisien ». « Par contre, dans cette galerie, je peux passer toute la journée sans avoir un client qui achète un habit », s’inquiète-t-elle.

Il y avait une diversité d’articles au marché central

La différence est qu’avec le marché central, il y avait une diversité d’articles. Celui qui venait faire des provisions en profitait pour acheter d’autres articles dont il avait besoin. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, regrette-elle.
Une commerçante des robes dans la même galerie renseigne qu’elle parvient à peine à payer le loyer. Je n’ai pas d’autres choix. Je dois continuer à exercer mes activités commerciales pour ne pas me retrouver dans la rue, se lamente-t-elle. Et des fois nous partageons une même échoppe pour minimiser les dépenses, souligne-t-elle.

Quelques commerçants préfèrent abandonner le métier

D’autres commerçants ne supportent pas le fait de continuer à travailler à perte. Ils indiquent qu’ils préfèrent abandonner. Un commerçant rencontré à la galerie «Village Market» révèle qu’il travaille à perte. « Auparavant, je gagnais facilement de l’argent et je pouvais épargner.Les frais de location sont exorbitants dans les galeries. Payer 100 000 FBu par mois pour le loyer est un pari à gagner. Des fois, je m’endette auprès des collègues pour payer le loyer », souligne-t-il. Par contre, au marché central, il payait 15 000 FBu par mois seulement.

Vue de l’intérieur de la galerie « Village Market »

Selon toujours lui, les places sont très chères alors que les recettes diminuent. « Je peux passer toute une journée sans vendre. En plus du loyer, je dois des taxes et des impôts à la Mairie. Le commerce d’aujourd’hui est de loin incomparable à celui des années antérieures. L’activité commerciale stagne. Le commerce n’est pas florissant », conclut-il. A titre illustratif, dès le début de cette année, il n’a vendu que 12 vêtements.

Certains commerçants désillusionnés

Les commerçants rencontrés témoignent qu’ils côtoient souvent des personnes qui disent que les affaires vont bon train. Mais celles-ci finissent par baisser les rideaux ne fut-ce que trois mois après l’ouverture des stands. Ceux-ci sont très chers par rapport à ceux du marché central. A cela s’ajoute les taxes et les impôts perçus par la Mairie. Le rendement n’est pas du tout satisfaisant.

Les raisons des pertes enregistrées par les commerçants

M. Désiré Niyungeko, communicateur de formation reconverti en commerçant exerçant à la galerie « Le Parisien » parle du climat des affaires qui n’est pas favorable. Et Niyungeko d’en expliquer les raisons. « Suite au gel des fonds de la part des bailleurs, les devises se raréfient. C’est le marasme économique. L’économie burundaise se replie sur elle-même. De plus, la crise socio-politique qui secoue le pays depuis 2015 n’arrange pas les affaires. La plupart de mes clients n’ont plus de boulot », indique-t-il.

Au niveau macroéconomique, Niyungeko fait savoir que la monnaie burundaise se déprécie par rapport au dollar américain et à l’Euro. Or l’approvisionnement du pays (les importations) nécessite des devises. Plus on s’approvisionne à un coût élevé, plus les intérêts sont réduits .Il souligne qu’il continue de travailler juste pour assurer sa survie.

La vie est chère

Le coût de la vie aggrave la situation. L’inflation explose alors que les conditions de vie de la population ne s’améliorent pas. Suite à l’inflation croissante, il est difficile de joindre les deux bouts du mois même pour les salariés qui sont obligés de s’endetter pour subvenir à leurs besoins. La population a un faible pouvoir d’achat. Elle doit privilégier les produits de première nécessité pour survivre. Les autres besoins viennent au 2ème voire au 3ème rang. « On ne peut pas faire du shopping ou courir derrière la mode ou le style alors qu’on a faim ».

Plus de 60% des commerçants ont abandonné leur métier

Selon Niyungeko, la plupart des commerçants ont tout perdu dans ce marché. « Tous mes produits ont été calcinés par l’incendie. J’ai recommencé à zéro mon business. Je me suis débrouillé pour avoir un capital. Ce qui n’a pas été du tout facile, car les banques se montrent réticentes quant à l’octroi des crédits. Elles exigent une hypothèque. Plus de 60% des anciens occupants du marché ont abandonné le commerce suite au manque de capital », confie-t-il.
Dans le marché central, Niyungeko informe que le business allait crescendo. Nonobstant, la situation a changé dans les galeries.L’affluence n’est pas au rendez-vous. Les clients viennent à compte-gouttes. Eventuellement, ce sont des connaissances qui viennent acheter alors qu’auparavant toutes les couches de la population citadine s’approvisionnaient en ville.

L’amélioration du climat des affaires est une nécessité

Selon toujours lui, comparer le marché central et les galeries c’est comme si on comparait le jour et la nuit. Pour que l’activité puisse prospérer, il propose l’amélioration du climat des affaires au Burundi.Ceci implique la restauration de la coopération internationale. Ce qui va attirer les bailleurs et les nouveaux investissements. Il fallait que la Mairie tienne compte de tous ces paramètres avant de faire payer les taxes et les impôts. Et M.Niyungeko de noter que les commerçants ne sont pas contre le paiement des impôts .Il demande de tenir compte du taux de réalisation de leurs activités.

Un business plutôt de survie

Les galeries se sont développées pour question de survie. C’est du moins l’avis du fiscaliste Balthazar Ndikumana. Il explique que les commerçants qui vivaient de ce métier avant l’incendie du marché central n’ont pas d’autres choix que de chercher des stands à gauche à droite pour survivre. Et, pour la question du manque de clientèle, Ndikumana note que les stands sont très chers au niveau des galeries. Pour ce faire, les commerçants doivent jouer sur les prix de vente pour générer des profits.

Il fait remarquer qu’avec l’incendie du marché central, c’est toute une masse monétaire qui s’est volatilisée dans les cendres de cette gigantesque infrastructure.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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