Transport

Gare du nord et du marché Cotebu : Le lien entre la capitale et l’intérieur du pays

Gare

Burundi Eco entame cette semaine la troisième étape de son voyage à travers le thème de la Mobilité et particulièrement du transport des personnes. Après avoir planté le décor et donné la parole aux trois grands acteurs économiques du secteur à savoir : le Ministère du Transport, l’OTRACO et l’ATRABU. Après avoir présenté la gare routière du marché central, son attrait, ses points forts et points faibles pour les 100 000 usagers quotidiens, nous abordons le sujet des gares périphériques en commençant par celles du Nord et du marché Cotebu.

Situées dans la périphérie nord de la capitale, la Gare du nord et du marché « Cotebu » servent de trait d’union entre la capitale et l’intérieur du pays

Mardi le 28 mars 2017, il est 11 heures. A la Gare du Nord de Bujumbura, des chauffeurs et rabatteurs s’approchent de tout passant en lui chuchotant à l’oreille, vous allez à Gitega, à Kayanza, à Ngozi … ? Les voyageurs n’étaient pas nombreux. Ce ne sont pas les heures favorables pour embarquer les passagers, me signale AbdulNduwimana, un chauffeur d’unbus « Hiace ». Pour lui, la Gare du Nord est très fréquentée le matin puisque les gens aiment voyager trop tôt. Elle est également très animée, selon toujours M.Nduwimana, le soir lorsque les gens rentrent de l’intérieur du pays. Cependant, dans les trois agences de voyage (Memento, Air ponctuel et Volcano), les clients attendaient impatiemment les départs. Les mouvements de leurs bus s’effectuent à une heure fixe. En plus donc des centaines de bus « Hiace » (18 places) et des véhicules « Probox » (4 places), Ernest Nsabimana, chef charroi à l’agence de voyage« Memento » précise que celle-ci dispose de 28 bus « Coaster » (30 places) qui font le transport Bujumbura-intérieur du pays. L’agence « Volcano », elle, dispose de 20 bus « Coaster » (30 places) et l’agence Air Ponctuel a 3 bus « Coaster » (30 places) et 9 bus « Hiace » (18 places).

Gare

Au marché Cotebu, il est 12 heures 30 minutes. La situation est presque la même qu’à la Gare du Nord sauf qu’il n’y a pas ces agences qui opèrent à la Gare du nord. Les passagers arrivaient à compte-gouttes. Toutefois, les gares et leurs rotations sont organisées. Aucun bus ou véhicule ne devance un autre pour embarquer les passagers. Tout se fait par ordre d’arrivée et d’alignement. King Bahati, chauffeur d’un bus « Hiace » faisant le transport Bujumbura Kayanza affirme, qu’en dehors des heures du matin, les voyages se sont raréfiés suite à la situation économique du pays. Il témoigne qu’aujourd’hui, une seule rotation par jour suffit pour clôturer le travail. Et de déplorer : « La situation vient d’être aggravée par la pénurie du carburant ».Néanmoins, M.Bahati affirme que les saisons comptent pour beaucoup dans la mobilité des personnes. « Pendant la saison sèche, les gens voyagent beaucoup par rapport à la saison des pluies que nous sommes en train de vivre », informe-t-il.

Nécessité d’aménager les deux gares

A la Gare du Nord, les bus et les véhicules qui prennent les directions de Gitega, Kayanza, Muyinga,Ngozi stationnent sur les trottoirs de la RN1, empêchant ainsi le passage aux piétons. Toutefois, un petit terrain en terre sert de gare. Il se couvre de boue quand la pluie tombe et perturbe la circulation. Sur ce même terrain, de petits commerçants s’aventurent pour y vendre quelques articles comme de l’huile de palme, des cartes de recharge, desbananes …Ce qui ralentit le remplissage des bus et indispose les transporteurs. A la garedu marché« Cotebu », au parking des bus et véhicules qui font le transport Bujumbura-Bubanza, ces moyens de locomotionsont garés sur une route pavée se trouvant derrière le marché. La question qui se pose est de savoir si la route était prévue pour cela. A première vue, aucun aménagement spécifique et accueillant pour les transporteurs n’a été prévu par les concepteurs de ce nouveau marché. Sur la même gare, les véhicules de transport qui prennent la direction Bujumbura-Cibitoke stationnent sur un petit terrain en terre. Le sol est boueux pendant la saison pluvieuse

Des lieux de transit pour les passagers

Adelin Barisesa est quinquagénaire. Rencontré à la Gare du Nord ce 28 mars, ce père de quatre enfants indique qu’il habite la commune Rango en province de Kayanza. Il fait remarquer qu’il vient rendre visite à sa famille, mais qu’il pratique le petit commerce en communeGihanga dans la province de Bubanza. M.Barisesa explique qu’après être arrivé à la Gare du Nord, il prend la moto pour se rendre à la gare du marché « Cotebu », lieu où il trouve le véhicule qui le conduit sur le lieu de son activité commerciale.Concernant le nombre de fois qu’il rend visite à sa famille, M. Barisesa souligne que c’est une fois par trimestre. Eric Ndayizeye, lui, est fonctionnaire à Gitega (centre du pays). Il est allé réclamer les annales à la fonction publique. « J’arrive à la Gare du Nord, puis je prends le bus pour me rendre en ville là où se trouvent les bureaux. Pour retourner à la maison, je fais le circuit inverse », signale M.Ndayizeye. Francine Nitunga venait de Cankuzo. Elle signale qu’elle venait rendre visite à sa famille vivant en zone Kinama. Pour MechackNzirorera, rencontré à la gare du marché « Cotebu », il vient de Musenyi en commune Rugazi, province Bubanza pour venir s’approvisionner en produits qu’il commercialise. Il annonce qu’il vient au moins une fois la semaine à Bujumbura pour effectuer ces opérations.

Environ 7 000 personnes transitent par les deux gares par jour

Si on estime le nombre des bus « Hiace » (18 personnes) qui stationnent à la Gare du nord et à la gare du marché Cotebu à 235, celui des véhicules « Probox » (4 personnes) à 200 et des bus « Coaster » (30 personnes) à 51 et que chacun de ces moyens de déplacement fait une rotation par jour, le nombre des personnes qui transitent par les Gare du nord et la gare du marché Cotebu avoisinent les 7 000 personnes.

Le transport collectif créé des richesses économiques et alimente les caisses de l’Etat et de la Mairie

Pour évaluer le poids du transport de personnes dans l’activité socio-économique et principalement dans son rôle de création de richesses, nous allons calculer les contributions et apports d’un bus « Hiace » faisant le transport au centre-ville de Bujumbura. Nous allons comptabiliser tout ce qui relève de la fiscalité pour voir ce que le secteur apporte à l’Etat et à la Mairie.

Tableau montrant quelques entrées dans les caisses de l’Etat et

Dépenses

Unique

/Jour

/Mois

/Trimestre

/An

Taxe Municipale (Mairie)

6 000

24 000

Frais de stationnement à Bujumbura (Mairie)

21 000

252 000

Taxe d’importation (Etat)

 7000000

Carte rose (Etat)

 40 000

Autorisation de transport (Etat)

2 000

8 000

Contrôle technique (OTRACO = Etat)

31 500

126 000

Taxe perçue sur le carburant (Essence super ou diesel)= (Etat)

825 FBu x 30 litres d’essence super=24 750

8 910 000

Remarques explicatives :

La somme de 7 000 000 de Fbu représente la taxe d’importation pour un véhicule acheté et payé 20 000 000 (bus « Hiace » de 10 ans d’âge). Cette taxe est payée une seule fois à l’achat du véhicule.

Sur chaque litre de carburant payé à la pompe de Bujumbura 2 100 Fbu, l’Etat perçoit 3 taxes (taxe carburant, droits d’accises, fonds routier national) soit environ 825 Fbu sur la Super et 810 Fbu sur le Gasoil (diesel ou mazout).

Pour notre exemple choisi, les recettes (paiements par les voyageurs) d’un bus « Hiace » par jour sont estimées à 126 000FBu (10 rotations), soit 45 360 000FBu par an (montants calculés dans le volet 2de notre enquête).

Prenons un deuxième exemple : Un bus Volcano qui fait le transport Bujumbura-Kobero (Muyinga) consomme 95 l de diesel. Un calcul rapide démontre que 810 FBu x 95 l x 360 j= 27 702 000 FBu, c’est donc cette somme qui rentrera dans les caisses de l’Etat chaque année rien que par la taxation du carburant.

On l’a compris, le secteur du transport de personnes est un maillon essentiel du développement économique d’un pays et de ses villes par le service primordial qu’il rend en permettant la mobilité des citoyens vers leurs activités professionnelles, vers les écoles, vers les commerces et les services en général. Ce secteur créé également d’autres richesses en donnant de l’emploi à des milliers de travailleurs, il apporte aussi une contribution importante à la collectivité locale et nationale par le truchement des impôts et taxes.

 

Installation des feux de signalisation pour 18 carrefours

C’est officiel, Vincent Nibayubahe, le directeur général de l’Office des Routes (OdR) l’a annoncé : la Banque Mondiale (BM) finance deux nouveaux projets d’investissement au Burundi : l’un concerne la construction de la route Mugina-Mabanda-Nyanza-lac, l’autre va changer la vie des usagers des routes de la capitale puisqu’il se rapporte à l’installation de feux tricolores au centre ville. « La mise en place des feux de signalisation sur 18 carrefours sera exécuté pendant six mois », a-t-il annoncé.

C’était une spécificité de la capitale burundaise souvent relevée par les visiteurs étrangers, cette absence de feux tricolores aura une fin. Mais de nombreuses questions et interrogations animent les conversations à Bujumbura.

Tout le monde se souvient du sort réservé aux derniers feux de signalisation et aux installations d’éclairage public au boulevard du Peuple Murundi et le boulevard du 1er novembre: des destructions et vols d’équipements avaient mis hors d’usage le matériel en quelques semaines….

A ces interrogations nombreuses, Jean Bosco Ntunzwenimana, ministre des Transports, des Travaux Publics et de l’Equipement se dit préoccupé par la gestion et la sécurité de ces futurs feux de signalisation. Le ministre apporte des précisions et insiste sur le fait que la police, la Mairie et la Regideso travailleront en synergie pour assurer la sécurité de ces feux de signalisation. « Il y aura à chaque point d’installation des feux tricolores une position de la police pour les protéger. Nous avons d’ailleurs demandé à la police de sécurité routière d’ajouter les feux tricolores sur la fiche de déclaration. Par ailleurs, les feux tricolores qui seront cognés par les automobilistes seront automatiquement remplacés par les compagnies d’assurance ». Dans quels délais se demandent les observateurs ?

A part les préoccupations du ministre Ntunzwenimana, le Journal Burundi Eco soulève quelquesinquiétudes. Le système des feux électriques serait-il alimenté par la Regideso ou par un système autonome basé sur l’énergie solaire et le stockage en batterie enfouie dans le sol et protégée par la police. Si c’est la Regideso qui alimente en énergie le système : y en aura-t-il suffisamment et que va-t-il se passer en cas de délestage ? En cas d’autonomie d’alimentation basée sur l’énergie solaire et le stockage en batterie enfouie, y auraient-ils des caméras pour surveiller les voleurs afin que ceux feux ne subissent pas le même sort que celui des plaques photovoltaïques dont le fonctionnement n’a duré que le temps que dure la rosée ? Ou simplement des caméras pour surveiller ceux qui vont les cogner ? Que se passera-t-il en cas de défectuosité ? Les trois feux seront-ils éteints ou le feu orange va-t-il clignoter ? Dans ce cas, quelle sera la réaction des automobilistes ou des piétons ? Connaissent-ils les règles en vigueur dans le code de la route en cas de non fonctionnement des feux ? Le système de 18 installations sur 18 carrefours sera-t-il synchronisé et comment ? Y auraient-t-ils des temps d’attente différents selon les heures de la journée et l’intensité de la circulation ? Que se passera-t-il avec les cortèges sécurisés et protégés qui traversent la ville de toutes parts sans s’arrêter ? Ces cortèges pourront-ils immobiliser le système et le mettre au vert dans leurs sens de progression ? Sinon, comment les usagers de la route qui ont feu vert pour les protéger vont-ils se comporter ?

Encadré: La pénurie du carburant est terminée

Alors qu’on observait une pénurie du carburant depuis le début de la semaine du 27 mars 2017 dans de nombreuses station-service de la capitale et des villes des différentes provinces, Côme Manirakiza, ministre de l’Energie et des Mines a déclaré le 29 mars que la pénurie a eu lieu à cause de la difficulté des connexions à l’Internet au service de l’OBR de Kobero (frontière Burundi-Tanzanie). Cette panne informatique empêchait l’enregistrement des camions qui ravitaillaient le pays en carburant. Le ministre a promis de prendre toutes les dispositions pour éviter à l’avenir ces pannes régulières de connexion à l’Internet. Cela est de bonne augure d’autant que toute pénurie de carburant ralenti l’activité économique dans le sens où les gens perdent beaucoup de temps dans les files d’attente.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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