Transport

Gares du Sud sur la RN7 et sur la RN3 : Une appellation qui ne colle pas à la réalité

Dans son dossier Mobilité des personnes, Burundi Eco aborde la quatrième étape et vous emmène découvrir les gares du sud sur la RN7 et sur la RN3. Cette présentation suit la publication des interviews des trois grands acteurs dans le transport des personnes, à savoir le DG du ministère des Transports, le DG de l’Office du Transport en Commun du Burundi (OTRACO), et l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU). Après la partie consacrée à la gare routière du marché central avec ses 100 000 usagers par jour, notre voyage nous a conduit vers les gares du nord et du marché « COTEBU » avec leurs 7 000 usagers quotidiens, nous voici arrivés au Sudgares

Une gare routière est une structure de correspondances entre plusieurs lignes de transports en commun voyageant par la voie routière. La gare routière diffère d’un simple arrêt bus par la taille et par les infrastructures qui la caractérisent. Ces dernières peuvent se présenter sous la forme d’un bâtiment abritant à la fois les quais et les services aux passages comme des lieux d’attente, des lieux de commerce, des guichets pour la vente des titres de transport, des toilettes….

Les gares du Sud sur la RN7 et sur la RN3 : remplissent-elles ces caractéristiques ?

Les reportages dans ces gares se sont effectués lundi le 3 mars 2017 à 14 heures et mardi le 4 mars 2017 à 9 heures. A la RN3, certains des bus se garent le long de la route à côté des kiosques, d’autres dans des stations-services comme la Station Kibenga et station King star de Kanyosha. La situation est similaire sur la RN7. A côté des stationnements en bordure de la route, on trouve les stations-services Kobil et Petroleum, la Gare du Sud et Interpetrol qui jouent le rôle de relais et d’échanges, bref de gare terminus et de passages. Sur certains murs des infrastructures situées à la gare du sud RN7, nous pouvons lire : « Kirazira kwihagarika ngaha. Uwuzofatwa azoriha amande y’ibihumbi bitanu » (Ce qui se traduit en français par : « Il est strictement interdit de se soulager ici. Celui qui sera attrapé en train de le faire sera sanctionné par une amende de 5 000 FBu »). Cela illustre la carence des lieux d’aisance au niveau de ces gares. En conclusion, on peut considérer que l’appellation Gare du sud ne correspond pas à la réalité.

Jean-Claude Nshimirimana, président de l’Association des Chauffeurs de Bus de la Gare du Sud RN7 (ACBS) expose lui aussi cette réalité. Il déplore le manque d’espaces de stationnements à la gare du sud RN7. Toutefois, il fait remarquer que les stations-services facilitent la vie des transporteurs en leur offrant un espace pour se garer. « Un bon geste, mais qui gênent surtout les employés de ces stations-services au vu des nombreux mouvements des personnes et des biens qui s’y effectuent », martèle M. Nshimirimana. Il avoue que les arrangements des parkings des bus sur cette gare amplifient le désordre, notamment les vols, et l’absence d’hygiène liée aux libertés que prennent les voyageurs en se soulageant n’importe où. « Vous remarquez que les voyageurs et les usagers de la gare sont exposés à des pertes de leurs bagages ou aux maladies liées à l’insalubrité », déplore-t-il. M. Nshimirimana regrette en outre que les véhicules « Probox » ne disposent pas d’emplacements spécifiques pour décharger et charger leurs clientèles. Ce qui peut causer des accidents routiers. En plus de ces désordres et risques d’accidents qui tracassent M. Nshimirimana, l’état de délabrement des bus pose question en matière de sécurité des passagers.

Chauffeur du bus « Hiace » qui fait le transport Bujumbura-Rumonge, Léonce Banyankindagiye s’en prend aux compagnies d’assurance. Il rappelle que les passagers et le rabatteur sont assurés, mais que le chauffeur, lui, ne l’est pas. « Pourtant, le chauffeur devrait avoir aussi une estime comme toute personne », dit-il.

Environ 4 000 personnes transitent par ces gares

Selon les recherches menées dans ces gares, les bus « Hiace » (18 personnes) qui font le transport quotidien Gare du sud RN7-intérieur du pays avoisinent 120, les véhicules « Probox » (4 personnes) 40 et les bus « Coster » (30 places) de l’agence de voyage Memento 5. Ceux qui font le transport quotidien RN3-intérieur du pays tournent autour de 40 bus « Hiace » (18 personnes) appartenant à des privés et 27 bus « Hiace » appartenant aux agences de voyage. Si on considère que chaque moyen de déplacement fait une seule rotation, le nombre de personnes qui transitent par ces gares est estimé à 4 000 personnes.

Ces gares facilitent la vie de plusieurs catégories de personnes

Une bouteille de « Yaourt » (lait) au fruit et un beignet à la main, Diomède Karaboneye se restaure. Assis dans un bus « Hiace » et affichant un air fatigué, M. Karaboneye voulait retourner chez lui à Rumonge. Cet adepte de l’Eglise anglicane signale qu’il était arrivé à la gare du sud RN3 le matin. « Je venais à Bujumbura pour faire réparer un instrument de mixage de l’église », confie-t-il. Bien qu’il ne fréquente pas souvent la capitale, il signale qu’il vient quelques fois à Bujumbura pour d’autres affaires comme les visites des familles et des amis en transitant par cette gare.

Elina Nyabenda est commerçante de fretins. Un seau à la main, elle témoigne qu’elle transite chaque jour par cette gare lorsqu’elle va commercialiser ses produits. Arnaud Irambona est à la fois élève au Complexe scolaire de Kanyosha et commerçant de charbon de bois. Rencontré à la Gare du Sud RN7, il se tient debout à côté d’un tas de sacs. Il va à la province de Mwaro pour s’approvisionner en charbon de bois. M. Irambona annonce qu’il passe au moins deux fois la semaine à cette gare lorsqu’il va à la recherche des produits qu’il commercialise. Et de renchérir : « C’est à partir du bénéfice que j’obtiens dans la commercialisation du charbon de bois que je parviens à me payer les frais scolaires ».

Comment soutenir l’investissement et le remplacement des bus vétustes ?

garesLe charroi utilisé dans le secteur du transport en commun est de plus en plus vétuste. Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) explique que cela est la conséquence d’une ordonnance ministérielle de 2008 interdisant l’importation des bus main gauche alors qu’ils sont moins chers par rapport aux bus main droite. Cependant, selon toujours M. Ntirampeba, le pouvoir d’achat des transporteurs ne leur permet pas d’importer les bus main gauche. Il donne l’exemple du coût du bus « Hiace » main gauche (avec 10 ans d’amortissement) qui varie de 28 0000 000FBu à 30 000 000FBu tandis que celui d’un bus « Hiace » main droite (avec 10 ans d’amortissement) varie entre 60 000 000FBu et 80 000 000FBu. C’est pour cette raison que M. Ntirampeba réclame les exonérations au niveau des impôts et taxes afin d’importer facilement les bus main droite, il réclame également la création d’un fonds de garantie afin d’appuyer le secteur du transport. Et d’ajouter : « La somme exigée pour débuter ce fonds de garantie ne doit pas être colossale, les transporteurs pouvant à leur tour s’organiser pour l’alimenter régulièrement ».

C’est quoi un fonds de garantie ?

Un fonds de garantie pour les prêts bancaires est un organisme qui apporte son cautionnement dans un prêt de création ou de reprise d’entreprise, mais égalementpour un investissement en matériel roulant tel un bus. En cas de défaillance de votre part, cet organisme couvrira vos échéances de remboursement auprès de la banque et se retournera ensuite vers vous.

Il existe alors des fonds de garantie mis en place par des organismes de caution mutuelle, pour garantir votre banque du bon remboursement du prêt qu’elle vous accorde. Les fonds couvrent de 20 % à 70 % du montant du prêt accordé (création ou reprise), du type de bien à financer (véhicule, fonds de commerce), du montant emprunté…En échange de la délivrance d’une caution mutuelle en faveur de la banque, vous serez redevable à cet organisme d’une commission de caution.

Il existe aussi des fonds de garantie à vocation sociale ou solidaire qui garantissent, auprès de la banque, le remboursement du prêt qu’elle accorde. Ces organismes, grâce à leur intervention, ont pour but de faciliter la création ou la reprise d’entreprise à des personnes en difficultés, en réinsertion professionnelle, en situation de précarité économique…

Dans le cas qui nous occupe, il s’agit de permettre, malgré les difficultés économiques actuelles, à une entreprise de transports de remplacer ses véhicules vétustes par du matériel plus récent qui coûte moins cher en dépenses de fonctionnement au niveau de la consommation de carburant (- 30% minimum) et des frais d’entretien et de réparations (-50%).

L’assurance automobile.

Comme ses collègues transporteurs, Jean-Claude Nshimirimana, président de l’Association des Chauffeurs de Bus de la Gare du Sud RN7 (ACBS) s’inquiète du fait que le chauffeur n’est pas assuré. Il s’exclame encore sur le fait que même pour ceux qui sont assurés, les compagnies d’assurance ne paient pas rapidement les indemnisations. Il signale que lorsqu’un chauffeur fait un accident, il déclare à la Police de Sécurité routière et à la compagnie d’assurance. « Pour que la compagnie d’assurance paie les indemnisations, celle-ci doit attendre le Procès-Verbal (PV) rédigé au niveau du parquet. Ce qui prend un long processus. Entretemps, le patient paie lui-même les soins, des fois c’est le chauffeur qui paie les premiers soins et le propriétaire du véhicule s’arrange pour les réparations », explique-t-il.

L’assurance automobile au Burundi est, selon les informations lues sur Internet, une assurance de principe indemnitaire destinée aux véhicules à moteur assurée au Burundi et circulant sur le territoire burundais ou dans la sous région. Le but principal est d’apporter un soutien financier face aux pertes subies par un assuré ou une personne tierce, notamment lors d’un accident de la route, mais aussi pour des dommages subis en dehors de la circulation.

En ce qui est de la responsabilité civile, la garantie minimum est la responsabilité civile automobile qui se distingue de la responsabilité civile vie privée. Dans le langage courant, on parle d’assurance « au tiers » ou « contre tiers ». Cette garantie ne couvre que les dommages causés aux autres biens ou personnes, donc ceux des véhicules percutés, les blessures des usagers des voitures en dehors du conducteur responsable, des piétons, mais aussi les dégâts subis par les biens matériels de toutes natures. Lors d’une collision avec un tiers responsable, c’est l’assurance de cette personne qui prend en charge les dommages.

La sécurité sociale du conducteur couvre les dommages corporels du conducteur quand celui-ci est responsable ou qu’il n’y a pas de tiers identifié. Elle peut être assimilée à un « individuel accident ». Elle peut être incluse dans le contrat automobile ou souscrite à part. En effet, les dommages subis par le conducteur sont exclus du système d’indemnisation de la loi Badinter (Loi du 5 juillet 1985 qui prévoit un droit d’indemnisation de tous les dommages engendrés par un accident de la circulation). Elle comporte souvent une franchise d’invalidité qui implique que la garantie ne joue que lors d’accidents corporels graves.

La garantie prend en charge les frais médicaux consécutifs à l’accident, la perte de revenus à la suite de l’invalidité, les frais d’aménagement du domicile de l’assuré comme l’installation d’une rampe, le salaire des aides à domicile à la suite de la perte d’autonomie. Dans le cas d’un décès, il peut y avoir le remboursement des frais d’obsèques, le versement d’un capital fixe ou d’une rente.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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