Développement

L’innovation laisse à désirer

L’environnement des affaires qui n’est pas favorable, la recherche qui est encore au stade embryonnaire, le manque de soutien aux innovateurs, la non-consommation des produits locaux, le copier-coller sont quelques défis qui hantent l’innovation qui peut booster la croissance économique du Burundi qui s’est contractée de 3,3% en 2020. Appuyer les recherches et le développement pourront inverser la tendance 

L’innovation répond aux besoins de la société. Elle ne nécessite pas des inventions extraordinaires mais peut être un mode de réorganisation par rapport au passé, précise Prof Pascal Firmin Ndimira, lors d’un panel organisé à l’occasion de la célébration de la journée des Nations Unies mardi le 26 octobre 2021 (initialement célébrée le 24 octobre). Les cérémonies se sont déroulées à l’Université Lumière de Bujumbura, Campus Mutanga-Nord. « Comme en Afrique en général, les Burundais sont plus dans la consommation que dans la production. Il nous faut inverser cette tendance afin de booster la croissance économique », a expliqué Daniel Ndoye, représentant pays de la Banque Africaine de Développement au Burundi. Selon cet expert de la BAD, la disponibilité des données fait souvent défaut.   La recherche est encore au stade embryonnaire. « Au Burundi, pour 1 million de personnes, on compte 23 chercheurs alors que la moyenne mondiale est de 1500 chercheurs », révèle Daniel Ndoye.

Ginette Karirekinyana, vice-présidente de la CFCIB : « On a tendance à consommer les produits importés alors que nos produits ont de la qualité ».

Des préalables à l’innovation

Selon Prof Ndimira, pour parler de l’innovation, il y a des préalables. Il faut un environnement favorable aux affaires. Il faut qu’il y ait un environnement institutionnel qui met en place un cadre légal et une politique de lutte contre la corruption et c’est le gouvernement qui est responsable de cela.

Ginette Karirekinyana, fondatrice de l’entreprise Karire Products et vice-présidente de la CFCIB admet que les Burundais sont innovants. Elle précise plutôt qu’il y a une non reconnaissance de l’innovation burundaise. Les produits burundais ne sont pas consommés localement. « On a tendance à consommer les produits importés alors que nos produits ont de la qualité », se lamente-t-elle. « Par exemple dans la province de Muyinga, il y a une entreprise qui produit des wisky de bonne qualité, mais qui ne sont pas très consommés. Une bouteille qui s’achète à 25 000 FBu mais je le compare à un wisky qui se vend à 60 USD », insiste Karirekinyana. La fondatrice de Karire Products ajoute aussi que les jeunes entrepreneurs burundais ont du mal à faire connaître leurs produits. Hans Assisa, coach entrepreneurial fait savoir que le marketing est un défi pour les entrepreneurs Burundais. Il propose à ces derniers de faire un marketing agressif afin de faire connaître leurs produits. « Que les entrepreneurs profitent des technologies de l’information qui sont en vogue actuellement. L’usage des réseaux sociaux serait un atout pour faire connaître leurs produits ».

La certification pose également problème

Karirekinyana évoque aussi le défi lié à la certification des produits made in Burundi. Elle pointe du doigt le Bureau Burundais de Normalisation et contrôle de la qualité (BBN) qui n’a pas de capacités pour certifier les produits « made in Burundi ». Si nos produits étaient certifiés, on aurait les possibilités de les exporter dans d’autres pays». La vice-présidente de la CFCIB explique également que les innovateurs ne sont pas soutenus techniquement et financièrement. Elle appelle les partenaires du Burundi à appuient les entrepreneurs qui investissent. « Pourquoi les partenaires agissent toujours dans le sens de la survie ou de la pauvreté? Pourquoi ne pas équiper les entreprises qui vont contribuer à la croissance économique », se demande Mme Karirekinyana.

Hans Assisa évoque aussi le plagiat. Si une personne met un produit nouveau sur le marché, d’autres vont faire du copier-coller. Ils vont peut-être changer la couleur ou la forme, mais le produit restera le même ». Daniel Ndoye propose d’appuyer les recherches pour inverser la tendance.

De la récession

Selon la BAD, le Burundi est tombé en récession en 2020, en grande partie à cause des effets de la pandémie de Covid-19. Le PIB réel s’est contracté de 3,3  après une croissance de 4,1% en 2019. La pandémie a particulièrement frappé l’industrie dont la production a chuté de 4,5% et les services dont la production a baissé de 1,8% par rapport à 2019. Les investissements ont chuté d’environ 3%. La baisse de la production agricole combinée à la hausse des prix des produits importés, a entraîné une forte augmentation des prix. L’inflation a augmenté de 8,5 points en 2020 pour atteindre 7,6% comparée à -0,7% en 2019. Le déficit budgétaire a doublé pour atteindre 8,7% du PIB en 2020 contre 4,2% en 2019.

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Bruce Habarugira.

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