Environnement

Chaque jour, plus de 10 000 m3 d’eaux usées se jettent dans le lac Tanganyika

Le Deuxième Vice-Président Joseph Butore s’est rendu sur le littoral du lac Tanganyika en date du 9 août 2017 afin de se rendre compte de l’état du pollution dudit lac. Il a insisté sur le fait que les autorités concernées devraient prendre des mesures concrètes pour la protection du lac.
Burundi Eco entame une série d’articles et de reportages sur la pollution en général, le traitement des eaux usées, des déchets, leur recyclage etc.
Cette semaine, 1ère étape : épuration des eaux usées

La station de pompage no1 qui refoulait les eaux usées venant des quartiers de la commune Mukaza vers la station d’épuration de Buterere ne fonctionne plus depuis près de deux ans. Le petit bateau qui évacuait les déchets décomposés dans le bassin de prétraitement est en panne depuis 15 ans. Le stock des réactifs du laboratoire des SETEMU qui analyse l’état de pureté des eaux à la sortie des bassins est épuisé. Des solutions d’urgence s’imposent.

Christophe Nyabenda, chef du département exploitation des réseaux des eaux usées aux SETEMU informe que la station de pompage no1 qui se trouve entre le camp militaire GMAE et l’avenue de l’OUA jouait un grand rôle dans le refoulement des eaux usées venant des quartiers du centre-ville.

Les pompes sont en panne

« Actuellement, il n’est pas fonctionnel. Ses pompes sont endommagées depuis presque 2 ans », explique-t-il. Il souligne que les eaux usées qui devraient être refoulées vers la station d’épuration de Buterere, pour y être dépolluées, vont directement dans le lac en transitant par le lieu dénommé Kumase. Il explique que les procédures d’acquisition de nouvelles pompes sont en cours. Les dossiers d’appel d’offre sont déjà élaborés et le gouvernement a disponibilisé le budget. Il a fait savoir qu’une pompe coûte plus de 60.000 € euros et que trois pompes sont nécessaires.

Le mécanisme en « retraite » ou en « vacances »

Le bassin no1 reçoit les eaux usées venant de la station de pompage no1 d’une part, ainsi que celles provenant des collectes effectuées par des personnes tierces à l’aide des camions citernes. Pire, le petit bateau qui s’occupait du curage de ce bassin est en panne depuis 15 ans. M. Nyabenda explique qu’actuellement on pratique le curage manuel à l’aide des pelles et des bêches. Selon lui, le curage n’est pas mécanique parce que les SETEMU ne disposent pas de pompes spécialisées pour le curage et le vidange. `

Christophe Nyabenda, chef du département exploitation des réseaux des eaux usées aux SETEMU : « Ces pompes sont endommagées depuis presque 2 ans ».

Les délestages aggravent la situation

Les vis d’Archimède qui font tourner les pompes pour refouler les eaux usées vers les autres bassins ne fonctionnent que s’il y a le courant électrique. M.Nyabenda déplore que suite aux délestages, ces vis donnent l’impression de ne pas être fonctionnelles. Ainsi, les eaux usées s’accumulent dans le bassin de prétraitement. « Souvent, pour éviter que celles-ci causent des dangers ou débordent tout autour de la station d’épuration, on est obligé de les faire passer par la rivière Kinyankonge », informe-t-il. Cela n’est pas sans conséquences puisque cette rivière est un affluent de la rivière Nyabagere qui, à son tour, se jette dans le lac Tanganyika. « Si on déverse plus de 10 000m3 d’eaux usées dans lac par jour, cela cause beaucoup de problèmes au niveau de la santé de la population et de la biodiversité lacustre ».

Fini-Tany Placide est responsable des travaux d’évacuation des eaux usées de la ville de Bujumbura. Il a participé à la construction de la station d’épuration de Buterere. Il explique que l’évacuation des eaux usées de Bujumbura consistait à évacuer les eaux fécales et les eaux des ménages pour les purifier afin que ces eaux infectées ne se répandent pas dans la ville. Elles sont acheminées à la station de prétraitement située à Buterere par des pompes de montage de la station no1. D’une profondeur de 10 m, ces pompes évacuent 400 m3/heure. Ces pompes ont pour rôle de remonter l’eau pour qu’elle arrive dans les bassins de lagunage.

Fini-Tany Placide, responsable des travaux d’évacuation des eaux de la ville de Bujumbura : «Ces pompes ont pour rôle de remonter l’eau afin qu’elle arrive dans les bassins de lagunage».

Alors qu’au départ l’eau restait entre 2 et 3 jours pour une purification biologique dans le bassin de prétraitement, aujourd’hui on doit attendre 8 jours, d’après le chef du département ayant les eaux usées dans ses attributions. Et cela avant que tout le dispositif ne soit dans un état critique.  Selon M.Fini-Tany, le processus de purification se poursuit à travers les bassins de la station d’épuration de telle sorte qu’à la sortie de ces bassins en amont, un canal qui achemine cette eau vers le lac Tanganyika la déverse avec une purification presque complète, mais cette eau reste impropre à la consommation.

Vue rétrospective

« Le problème actuel est que les eaux usées ne sont pas purifiées pour plusieurs raisons », déplore M.Fini-Tany. Il explique que le volume de décantation des premiers bassins a été réduit par les déchets qui se sont déposés dans leurs fonds et qui ne sont plus évacués. Aujourd’hui, si l’eau arrive dans ces bassins, elle coule vers les autres couches qui sont en bas. Donc elle coule vers le deuxième bassin alors qu’elle n’a pas été purifiée avant d’y entrer. Ce qui fait qu’à la fin, on devrait faire des analyses biologiques pour voir si l’eau qui en sort est compatible avec les normes pour être rejeté dans le lac. Il ajoute qu’aujourd’hui, ces analyses ne sont plus effectuées. Même si on les faisait, on constaterait que l’eau est gravement polluée. « Les analyses se faisaient chaque jour. On prenait de l’eau et si on constatait quelque chose, on fermait et on alertait les gens pour leur dire que l’eau n’était pas purifiée suffisamment », rassure Fini-Tany Placide.

Signalons que le budget pour la réhabilitation de toutes les stations de pompage et les bassins réseaux qui sont endommagés est estimé à  plus de 2 milliards de FBu.

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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