La station d’épuration de Buterere qui devrait accueillir 40.000 m3 d’eau usées par jour n’en reçoit que 10%. Elle était conçue pour une population de 800.000 personnes. Seuls les ménages de la commune Mukaza et ceux de la zone Ngangara en commune Ntahangwa y sont raccordés. La vision Burundi 2045 prévoit construire deux autres stations d’épuration complémentaires à celle-ci pour couvrir une population estimée à 4,2 millions
La station d’épuration assure le traitement des déchets liquides, provenant des cuisines, des douches et des toilettes. « La seule station d’épuration des eaux usées dont dispose la ville de Bujumbura, a été dimensionnée pour recevoir 40.000 m3 d’eau usées par jour ; elle ne traite qu’au mieux 15.000 m3 d’eaux usées par jour malgré que la Regideso distribue environ 86.000 m3 d’eau potable par jour. Elle est raccordée aux quartiers Ngagara, Industriel, Buyenzi, Bwiza, Nyakabiga et Mutanga sud, soit une population de l’ordre de 100.000 personnes », indique Théophile Ndikumana, environnementaliste, professeur à l’Université du Burundi. Selon lui, si on estime que Bujumbura compte environ 600.000 personnes, hormis les navetteurs quotidiens (ouvriers du bâtiment et vendeurs de produits divers), il y a 500.000 personnes qui ne sont pas raccordées à une station d’épuration. La seule existante ne fonctionne pas normalement. Les pompes de la station de pompage installé au quartier industriel près du camp GMAI sont en panne. Les réactifs également ne sont pas disponibles sur le marché local. Jean Paul Mpawenimana, directeur général des Services Techniques Municipaux (SETEMU) explique que les pièces de rechange sont sous commande et que leur installation est prévue en juin 2018.
Evacuation à risque
Pr Ndikumana explique que le gros de l’eau consommée à Bujumbura est évacué via les fosses septiques et les puits perdus. Cette façon de traiter de grandes quantités d’eaux usées est néfaste pour la nappe phréatique d’autant plus que Bujumbura est érigée sur une plaine alluviale et jouxte le lac Tanganyika. Selon lui, depuis les années 70 jusqu’à nos jours, le lac Tanganyika a perdu beaucoup de sa qualité en eau du fait d’un habitat urbain invasif utilisant les puits perdus. Il estime qu’à l’horizon 2030, le lac Tanganyika sera très menacé et de surcroît difficile de guérir sa partie septentrionale polluée par l’action de l’homme.
La collecte des déchets solides encore à maitriser
« La production des déchets solides fait face aux problèmes de collecte, de transport et de traitement. Bujumbura produit actuellement entre 0,350 et 0,450 kg de déchets par personnes par jour, soit une moyenne de 238 tonnes par jour. A l’horizon 2030, Bujumbura comptera environ 1.000.000 d’habitants qui produiront environ 475 tonnes de déchets par jour », précise Pr Ndikumana. Il a indiqué que penser la gestion des eaux usées implique le développement d’infrastructures de base que sont les voiries et le réseau d’égouts, puis des stations d’épuration convenablement dimensionnées. Selon lui, la gestion des déchets solides municipaux devrait se faire dans le même esprit que la gestion des eaux usées. Il conseille aux responsables en la matière de viser plus l’éducation de la population à la problématique environnementale en triant les déchets.
Nous avons essayé de nous informer auprès des autorités du ministère ayant l’urbanisme dans ses attributions quant aux dimensions et à la capacité d’accueil des deux stations d’épuration additionnelles qui seront mises en place dans la vision Burundi 20-45, mais sans succès.
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