Environnement

Lac Tanganyika : Séquestré malgré sa richesse

 

Lacosta Beach construit après destruction du couvert végétaln du Lac Tanganyika

Lacosta Beach aménagé dans un couvert végétal au quartier Kibenga rural

Le littoral du lac Tanganyika est menacé par les constructions anarchiques opérées par des particuliers. Cela se passe en violation flagrante du code de l’eau. Emmanuel Ndorimana, directeur général des ressources en eau et assainissement (DGREA) au ministère ayant l’eau dans ses attributions indique que ces tierces personnes ne possèdent pas de documents officiels leur autorisant l’exploitation de ce milieu.

Malgré les balises du code de l’eau limitant la construction sur le littoral du lac Tanganyika, M. Ndorimana indique que certaines activités sont permises dans cette zone moyennant une étude d’impact environnemental redevable par l’exploitant au ministère ayant la gestion de l’eau dans ses attributions. Selon lui, le littoral du lac Tanganyika est constitué de deux parties: une constituée par la plage et une autre constituée par le couvert végétal. Dans cette dernière, il est strictement interdit d’y ériger des constructions. L’explication donnée par le DGREA est que les poissons y pondent des œufs. Et en plus, elle constitue un abri pour les hippopotames et la biodiversité. Pour les plages sablonneuses, M. Ndorimana explique qu’on peut y faire des aménagements légers. Il donne l’exemple de l’Hôtel Club du Lac Tanganyika et de Bora Bora. Là aussi, insiste t₋il, on exige à l’exploitant de faire des études d’impact environnemental et social après quoi le ministère ayant l’eau dans ses attributions lui délivre un certificat de conformité environnemental après avoir vérifié que les activités à y mener n’affectent pas le Lac Tanganyika.

Toutefois, le DGREA précise qu’il y a des sites touristiques qui ont précédé l’adoption du code de l’eau en mars 2012 et que d’autres exploitants du littoral du lac Tanganyika veulent aménager en passant outre ce code. « Le cas que nous voyons est celui du quartier Kibenga rural. C’est un quartier qui a été aménagé sans autorisation. Ce ne sont les institutions de l’Etat qui ont donné l’autorisation de construire dans cette zone. Nous allons voir ce qu’il faut faire. S’il s’agit d’appliquer la loi, on va l’appliquer », s’indigne Emmanuel Ndorimana.

Le protéger plutôt que l’exploiter

Cette autorité du ministère ayant l’eau dans ses attributions fait savoir que le littoral du lac Tanganyika constitue le nid des poissons et un lieu végétal pour les crocodiles et les hippopotames; d’où il faut le préserver. Pour y réussir, il invite tout un chacun à lutter contre la pollution. Des effets de pollution se sont déjà dégagés. « La Régideso qui pompait l’eau à 1,8 km, pompe aujourd’hui cette eau à 3,5 km. On risque d’atteindre le territoire congolais », s’inquiète M. Ndorimana.

Des particularités par rapport aux autres lacs

Emma bonit

Emmanuel Ndorimana, DGREA: « Nous allons voir ce qu’il faut faire. S’il s’agit d’appliquer la loi, on va l’appliquer ».

« Le lac Tanganyika c’est le deuxième lac le plus profond du monde après le lac Baïkal. C’est un lac qui contient de l’eau douce contrairement aux mers et océans. Il contient un grand volume d’eau douce », explique le directeur général de l’eau avant d’ajouter que les gens qui vivent dans les villes comme Bujumbura, Nyanza-Lac et Rumonge boivent cette eau. Raison pour laquelle nous avons intérêt à le protéger. Et M. Ndorimana de renchérir : « En plus de la qualité irréprochable de l’eau que contient le lac Tanganyika, celui-ci contient beaucoup d’espèces animales et végétales. Il est riche en biodiversité. On citerait ici les poissons les plus appréciés du monde, (ndagalas, sangalas), les mammifères comme les hippopotames,…». Cette richesse du lac Tanganyika il attire beaucoup de touristes qui viennent voir sa beauté et sa biodiversité et génère beaucoup de devises, conclut-il.

L’exploitation anarchique du littoral du lac Tanganyika viole les prescrits du code de l’eau dans les articles suivantes :

Article.5, alinéa 3 : Les bords et les rivières des lacs, sur une largeur de cent cinquante mètres pour le lac Tanganyika, cinquante mètres pour les autres lacs du pays, une largeur de vingt-cinq mètres sur chacun des bords pour les rivières, affluents du lac Tanganyika, à partir du niveau le plus élevé qu’atteignent les eaux dans leurs crues périodiques.

Art. 53 : Il est interdit de jeter des cadavres dans les eaux ou de les enterrer à moins de cinq cent mètres des puits, fontaines, abreuvoirs publics ou périmètres de protection de l’eau.

Dans les zones où la nappe phréatique est à moins de deux mètres de profondeur, il est interdit d’installer des cimetières, d’enterrer des cadavres , de creuser des latrines, d’installer des décharges publiques ou d’y pratiquer des enfouissements de nature à entraîner une pollution des eaux.

Article 142 : est puni d’une peine de servitude pénale de deux mois à cinq ans et d’une amende de cinquante mille à huit cent mille francs burundais (50.000 FBu à 800.000 FBu) ou de l’une de ces peines seulement, toute personne qui, en violation des articles 52, 53, introduit des matières susceptibles de nuire à la salubrité de l’eau superficielle ou souterraine.

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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