Agriculture

Le gouvernement veut renforcer le contrôle du secteur café

Depuis la libéralisation du secteur café, les opérateurs économiques se sont emparés de ce secteur pour générer des profits au détriment des petits producteurs. Le gouvernement et ses partenaires multiplient les initiatives pour redynamiser la filière café. Burundi Eco revient sur quelques défis qui hantent cette filière et les pistes de solutions envisageables

Le café reste le pilier de l’économie burundaise.  Les statistiques montrent que les exportations du café et du thé représentent 90 % des recettes en devises du pays. Nonobstant, le secteur café est soumis à plusieurs contraintes. « Les facteurs qui menacent la pérennité de la production du café en Afrique de l’Est sont la baisse de la qualité et de la productivité des caféiers, l’augmentation des coûts de production, et le manque d’intérêt des jeunes exploitants », énumère la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) dans un numéro spécial intitulé « Coup d’œil sur les produits de base » sur le café est-africain paru en octobre 2018.

Le café burundais est très prisé pour sa qualité à l’échelle mondiale

Lors d’une séance de questions orales tenue dans l’hémicycle de Kigobe mardi le 15 janvier 2019, les députés sont revenus longuement sur le secteur café. Ils ont évoqué notamment les difficultés qu’éprouvent les petits producteurs. Le ministre en charge de l’agriculture, Dr Déo Guide Rurema y était invité pour apporter plus d’éclaircissements. Il a insisté sur les mesures prises par le gouvernement pour rentabiliser la filière café.

Des mesures pour défendre les intérêts des producteurs

Le ministre Rurema a reconnu que le secteur café a été caractérisé par le manque de transparence. «Les opérateurs économiques se sont précipités à protéger leurs intérêts au détriment des petits producteurs», indique-t-il. Face à cette situation, le gouvernement ne ménage aucun effort pour restaurer la confiance des caféiculteurs. Il s’agit surtout de la réduction des taux bancaires pour les opérateurs économiques qui œuvrent dans le secteur café. Ainsi, le taux d’intérêt est passé de 18% à 9%. Et, pour cette année, le taux d’intérêt a été revu à la baisse jusqu’à 7%, précise Dr Rurema.

L’autre fait marquant a été l’éradication du commerce frauduleux du café. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour la campagne caféicole précédente, la production a dépassé de loin les prévisions : 140 000 tonnes contre 70 000 tonnes prévus, se réjouit le ministre Rurema.

Le caféiculteur est moins rémunéré

Pour Hon. Pascal Hakizimana, le prix du café cerise reste dérisoire compte tenu du coût de production. Pour compenser les efforts fournis, il suggère de revoir à la hausse le prix du café cerises. Et Dr Rurema de répliquer que le gouvernement a pris l’initiative de standardiser les prix du café cerise, passant de 350 FBu à 500FBu par kilo de café de cerise. Certains acheteurs donnent même 600 FBu par kilo.

Il importe de signaler que la fixation du prix café cerise tient compte du prix pratiqué sur le marché international. Or, les cours du café sont actuellement en chute libre. La raison des fluctuations des prix du café n’est autre que le fait que les grands producteurs du café comme le Brésil-premier producteur mondial connaissent une surproduction de ce produit.

La rigueur dans le paiement des caféiculteurs porte ses fruits

Il y a eu certes des lamentations des caféiculteurs qui n’ont pas été payés à temps. Le gouvernement a donc pris des mesures pour venir à bout de cette problématique. Dr Rurema fait savoir que sur l’ensemble des commerçants qui opèrent dans le secteur café, seuls trois n’avaient payés pas les caféiculteurs au 31 décembre 2018. Ces derniers ont été arrêtés par la brigade anticorruption. En début de la semaine passée, un des trois s’est acquitté d’une somme de 50 millions de FBu sur 91 millions de FBu d’impayés. Le ministre a précisé que ce ne sont pas donc trois commerçants qui devraient ternir le secteur café.

D’ailleurs, le ministre Rurema a annoncé que des mesures drastiques ont été prises à l’encontre de tous les commerçants exportateurs du café. Ces derniers doivent s’acquitter des taxes communales et rapatrier les devises à la Banque centrale avant le 15 février 2019. A défaut de quoi, ils s’exposent aux sanctions, prévient le ministre Rurema.

Vers la redynamisation du secteur café

Pour bien encadrer les caféiculteurs, les fonctionnaires du ministère en charge de l’agriculture de seront déployés sur terrain. « Un accent particulier a été mis à l’entretien d’anciens vergers », révèle le ministre Rurema. Par conséquent, le ministère envisage plus d’encadrement pour les nouvelles plantations de café en termes d’intrants et d’accompagnement.

En outre, une loi portant fonctionnement et missions de l’Agence de Régulation et de Contrôle de la Filière Café (ARFIC) est en cours de révision. Ce qui permettra d’une part de renforcer le contrôle de l’Etat sur le secteur, d’une part et de défendre les intérêts des caféiculteurs d’autre part.

Le rapport de la CNUCED a démontré que les producteurs de café pourraient mieux exploiter tout le potentiel de leurs cafés. Il suffit de répondre à l’intérêt croissant pour les produits de qualité supérieure et pour la durabilité environnementale. Ainsi, le Burundi pourrait tirer parti de la réputation dont il bénéficie pour son café de meilleure qualité.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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