Energie

Le taux d’électrification reste faible en Afrique

Dans son rapport semestriel dénommé « Africa’Pulse » du 18 avril 2018, la Banque Mondiale (BM) informe que le taux d’électrification des ménages en Afrique subsaharienne est le plus bas au monde, avec une moyenne de 37,4 % en 2014. A cela s’ajoutent les problèmes de tarifs d’électricité élevés, de qualité et de fiabilité, des compagnies d’électricité qui peinent à couvrir les dépenses, … La BM donne des pistes de solutions pour accélérer l’accès au réseau électrique

Albert Zeufack, économiste en chef à la Banque Mondiale pour la région Afrique : « Deux tiers des entreprises dans les capitales africaines n’ont pas accès à une électricité fiable. Ce qui limite leur compétitivité ».

La dernière édition du rapport « Africa’s Pulse » consacre un thème spécial sur les différentes options permettant d’accélérer l’électrification de l’Afrique subsaharienne. La région affiche une faible consommation d’électricité par rapport au reste du monde. Globalement, le taux d’électrification des ménages en Afrique subsaharienne est le plus bas au monde, avec une moyenne de 37,4 % en 2014. Dans de nombreux pays dont le Burundi, la République Démocratique du Congo, le Malawi, le Togo, le Tchad et la République centrafricaine, moins de 10 % de la population a accès à l’élecricité. En revanche, le Ghana, le Swaziland, l’Afrique du Sud, le Gabon, les Iles du Cap Vert et l’Ile Maurice enregistrent des taux d’accès supérieurs à 80 %, révèle Africa’s Pulse.

L’accès à l’électricité est limité

Selon Albert Zeufack, économiste en chef à la Banque Mondiale pour la région Afrique, en dépit de ces faibles taux d’accès, le secteur de l’électricité en Afrique subsaharienne est en proie à des problèmes de fiabilité considérables. Deux tiers des entreprises dans les capitales africaines n’ont pas accès à une électricité fiable. Ce qui limite leur compétitivité. Ce qui les amène à ne pas créer suffisamment d’emplois pour la jeunesse africaine, déplore-t-il.

Les ménages et les entreprises sont souvent privés d’électricité plusieurs heures par jour (ou par nuit). Dans certains cas, les coupures surviennent de façon instantanée. Ce qui représente une forte contrainte dans le cas de l’utilisation de l’électricité à des fins productives, alerte le rapport Africa’s Pulse.

La consommation est insignifiante

Les données de la BM montrent qu’entre 2010 et 2014, la consommation moyenne annuelle par habitant en Afrique subsaharienne équivalait seulement à 4 % de la consommation par habitant aux Etats-Unis. Sur la même période, l’Ethiopie (un des pays les plus peuplés du continent avec 94 millions d’habitants) n’a absorbé qu’un tiers de la consommation totale d’électricité de la ville de Washington, dont la population s’élève à 700 000 habitants environ. A l’exception de l’Afrique du Sud, la consommation industrielle est faible en Afrique.

Des tarifs d’électricité élevés

Les économistes de la Banque Mondiale n’écartent pas le poids des réformes initiées dans le secteur énergétique sur le coût de l’énergie. Les tentatives de réforme du secteur de l’énergie, y compris l’électricité ont entraîné une augmentation des tarifs de l’électricité dans la plupart des pays de l’Afrique Subsaharienne. Le tarif moyen de l’électricité dans cette région est de 0,17 USD (prix hors TVA et autres taxes) par kilowatt-heure (kWh) avec des disparités selon les pays.

Pour le cas du Burundi, le prix au kWh a été revu à la hausse vers la fin de l’année passée. Il a été augmenté de 0,20 USD. Ce qui démontre bien que le coût de l’énergie dépasse la moyenne africaine.

Pour maintenir le cap, les compagnies d’électricité misent sur la surfacturation de l’électricité. Cela se remarque dans la majorité des pays africains comme le confirme le rapport Africa’s Pulse. Les tarifs industriels et commerciaux appliqués en Afrique subsaharienne figurent parmi les plus élevés au monde. Et, dans de nombreux pays, les tarifs industriels élevés visent à éviter une hausse des tarifs de l’électricité pour les ménages, lit-on dans le rapport.

Moussa Blimpo, économiste au bureau de l’économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale : « L’accès à l’électricité ne devrait pas être considéré comme une dépense supplémentaire, mais plutôt il doit contribuer à générer des revenus »

Les compagnies d’électricité peinent à équilibrer leurs comptes

Malgré l’augmentation des tarifs, dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, les structures tarifaires actuelles ne permettent pas de couvrir les coûts. Une étude réalisée en 2016 par la Banque Mondiale dans 39 pays d’Afrique subsaharienne conclut que deux pays seulement, à savoir : l’Ouganda et les Seychelles ont vu leurs entreprises publiques couvrir entièrement leurs dépenses opérationnelles et leurs dépenses en capital. Le recouvrement des coûts s’avère particulièrement difficile dans les pays où les coûts de production sont élevés en raison de leur dépendance à l’égard des énergies fossiles (fuel lourd et diesel) onéreuses.

Le rapport recommande l’utilisation des compteurs prépayés pour améliorer la viabilité financière des services publics d’électricité. Ceci permettra de réduire efficacement les pertes commerciales – si les défis de politique économique peuvent être surmontés – et de réduire la corruption, notamment les demandes de pots-de-vin du personnel des services publics d’électricité dans certains pays.

L’innovation, la clé du succès

Pour accroître le taux d’électrification en Afrique subsaharienne, il est impératif d’assurer une bonne gouvernance du secteur de l’électricité. Cela permettra d’avoir des améliorations économiques efficaces et saines en matière d’accès à l’électricité au moyen d’un ensemble de petites et grandes sources de production, indique le rapport « Africa’s Pulse ».

Selon la BM, les innovations en matière de production d’électricité domestique solaire et de mini-réseaux solaires sont des pistes à exploiter. L’électrification universelle passera également par les « mini-réseaux » et les « micro-réseaux » interconnectés ou autonomes qui desservent de petits groupes de consommateurs d’électricité et par les systèmes domestiques hors réseau.

Electrification en milieu rural

L’extension du réseau électrique national vers les zones rurales et reculées moins densément peuplées est généralement coûteuse. De surcroît, elle a peu d’impact sur le développement économique étant donné que les habitants de ces zones n’ont pas les moyens de payer l’électricité. « L’accès à l’électricité ne devrait pas être considéré comme une dépense supplémentaire, mais plutôt il doit contribuer à générer des revenus », fait remarquer Moussa Blimpo, économiste au bureau de l’économiste en chef pour la région Afrique à la Banque Mondiale.

Les micro ou mini-réseaux de la fourniture d’énergie en milieu rural constituent une solution intermédiaire très intéressante entre les systèmes domestiques et l’extension du réseau national. « Dans les zones les plus reculées et les moins densément peuplées où ça nécessiterait plus des décennies avant que le réseau national couvre ces zones-là, aujourd’hui on peut envisager de desservir ces zones dans un délai relativement court », conclut M. Blimbo

Notons que pour permettre un accès universel au réseau électrique d’ici 2030, les projections de la Banque Mondiale révèlent que les pays de l’Afrique subsaharienne doivent débourser 17 milliards USD par an. Et pour l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), des investissements d’environ 52 milliards USD par an seraient nécessaires jusqu’en 2030 pour garantir l’accès de tous à l’électricité.

Dans les éditions ultérieures, la rédaction du Journal Burundi Eco se penchera sur les projets en cours au Burundi pour combler le déficit énergétique sur le court et le long terme.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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