Genre

Leadership féminin au Burundi : Les préjugés persistent

Depuis longtemps, on n’a pas cessé de clamer haut et fort que la participation féminine à différents niveaux de la vie du pays est primordiale. Cependant, la promotion de la femme dans la société burundaise reste limitée. C’est autour d’une table ronde organisée par la délégation de l’Union Européenne (UE) que le débat refait surface sous le thème: « Le leadership féminin: une ressource pour la société ». Bien qu’il y ait des avancées, le chemin est encore tortueux 

Etaient présents au panel différents spécialistes dans le domaine du genre.

C’est toujours dans l’optique de la célébration des 40 ans de partenariat avec le Burundi que l’UE, en collaboration avec l’Institut Français du Burundi (IFB) a organisé le débat sur la promotion du leadership féminin au Burundi jeudi le 11 octobre 2018. Procédant à l’introduction de ce débat, Patrick Dupont, chargé d’affaires à la délégation de l’UE au Burundi a indiqué que ce débat devrait être une sorte de signal afin que la participation des femmes au développement soit une réalité. « Les discussions permettront non seulement d’évoquer certains obstacles et problèmes qui persistent, mais avec une approche plus positive afin de donner des idées sur la manière d’améliorer tous les aspects liés au genre », ajoute-t-il.

Etaient invités à cette table ronde, des panélistes issus de divers horizons : spécialistes du genre, avocats…et leurs interventions s’orientaient plutôt dans le même angle.

L’apport des politiques mises en place

Eliane Berthe Mokodopo, ambassadeur à la conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs affirme que par rapport aux autres pays de la région, le Burundi est bien placé en matière de leadership féminin. L’honorable Vestine Mbundagu, spécialiste du genre, la compléta en disant que c’est le résultat des textes existants comme la constitution, mais surtout la prévision des mécanismes d’atteinte des minima imposés par la constitution au cas où lors des élections, ces minima ne seraient pas obtenus.

Le Burundi s’est doté de différentes politiques sur le genre. C’est entre autres la politique nationale genre, le guide d’intégration du genre dans le Programme National de Réforme de l’Administration Publique. Bien que les politiques sur le genre mises en place par le gouvernement aient été efficaces, il reste un aspect basique dans sa mise en application. L’avocate Alphonsine Bigirimana en donne l’exemple : « Pour la politique nationale genre, il est prévu un organe d’exécution de cette politique. Malheureusement, au niveau de la première version de cette politique (allant de 2003 à 2010) mais aussi de la deuxième version (2012 à 2025), cet organe n’est pas encore mis en place ».

La cohésion sociale, le propre du féminin

Dans le débat, l’honorable Mbundagu est revenu sur la manière dont l’histoire montre que la femme a joué un grand rôle dans la réconciliation durant les différentes crises qui ont secoué le pays. Cependant, pour ce qui est des mécanismes de prévention des conflits, de médiation et de négociation, on ne donne pas une place suffisante à la femme. « Nous voudrions mener un plaidoyer soutenu pour que les femmes soient impliquées en masse dans le processus de paix et que les questions humanitaires ne soient pas oubliées », lance Mme Mokodopo.

Le manque de confiance en soi et d’autosuffisance financière et les problèmes liés à la succession ont été abordés dans ce débat. Ces derniers constituent toujours un blocage à l’épanouissement de la femme. « Imaginons que les femmes qui représentent plus de 60 % de la population soient privées de l’épanouissement économique, c’est tout le pays qui en souffre », explique, l’avocat, Egide Rushanuka.

Que ça soit au niveau du panel ou du public, tout le monde était d’accord que la place que les femmes méritent ne leur sera pas offerte sur un plateau d’or. C’est à elles de mener un combat pour la conquérir. Il ne suffit pas seulement de réclamer, il faut aussi qu’elles démontrent qu’elles sont capables. Et pour couronner le débat, l’honorable Mbundagu ajoute: «Nous avons besoin de la présence et de la représentation effective.  Nous avons besoin bien sûr du nombre, mais aussi et surtout de la qualité».

Dans ce débat, il n’était pas question de tirer une quelconque conclusion. Il s’agissait de rendre visible le courage et la persévérance dont les femmes leaders au Burundi doivent faire preuve au quotidien car «être leader ne signifie pas être instruite», lance Mme Mokodopo. Le même débat est attendu dans la province de Ngozi le 30 novembre 2018.

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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