Entrepreneuriat

« L’entrepreneuriat n’est pas une alternative au chômage »

En marge de la célébration de la journée internationale dédiée aux petites et moyennes entreprises, l’organisation « New Vision for New Generation » a organisé une conférence-débat autour du thème : «  Le rôle des petites et moyennes entreprises dans la lutte contre le chômage et la création de l’emploi ».  Les jeunes entrepreneurs ont eu l’occasion d’échanger sur les obstacles qui étouffent l’esprit entrepreneurial  et les stratégies pour y faire face

Dans son mot liminaire M. Alexis Nimubona, représentant légal de « New Vision for New Generation » a annoncé que les petites et moyennes entreprises contribuent effectivement au développement du pays.

Les statistiques montrent que 70% de la population mondiale travaillent dans le domaine des petites et moyennes entreprises.  Cela contribue énormément à l’augmentation des revenus et des recettes fiscales. D’où la nécessité d’encourager la création des PME pour accélérer la croissance économique. «La problématique du chômage touche actuellement 66% des jeunes. Or, la jeunesse devrait être le socle du développement. Cette situation affecte négativement le développement intégral du pays », regrette Thaddée Matereza, chef de projet au REJA.

Malheureusement, les jeunes préfèrent attendre des débouchés hypothétiques après les études au lieu de créer de l’emploi. Ceci pour deux raisons principales, à savoir : le manque de créativité et le non accès aux sources de financement. Pourtant,  le financement ne devrait pas considéré comme un casse-tête pour les jeunes entrepreneurs. Il existe des moyens pour s’autofinancer comme l’ont confirmé les conférenciers.

Ce ne sont pas les opportunités qui manquent

Le Burundi dispose des richesses naturelles sous-exploitées. Il donne l’exemple de l’eucalyptus jadis utilisé pour la guérison des maladies respiratoires tel que l’asthme ou la grippe. On ne le trouve plus  alors que dans les pharmacies américaines 300 g d’eucalyptus se négocient à 29,9 USD, soit 50 830 FBu sur un taux officiel de 1700 FBu pour 1 USD.

M. Eric Nzojiyobiri, un des conférenciers a  indiqué qu’à l’issue de ses études de médecine au Burundi couplées avec une formation au Kenya, il s’est lancé dans des recherches sur les plantes médicinales. La société « Pharma Naturel » a été créée en décembre 2015. Dès lors, la société s’est spécialisée dans la fabrication des nutri-médicaments.

Le directeur de « Pharma Naturel » dresse son parcours, j’ai commencé par la transformation des céréales en farine thérapeutique. J’ai contracté des dettes pour avoir la quantité de céréales nécessaires. En termes de fonds, je n’ai engagé que 32 000 FBu (frais pour acheter les emballages des farines thérapeutiques). Actuellement la société peut écouler autour de 5 tonnes par semaine. Ceci pour montrer aux jeunes que c’est désormais possible de valoriser les produits locaux. C’est un projet pourvoyeur d’emplois depuis sa création en 2015. Quatre-vingt personnes à majorité des jeunes ont été embauchées.

Comment peut-on accéder aux financements ?

Bruce-Vaillant Ntangibingura, chargé de suivi-évaluation au BBIN : « Les jeunes doivent impérativement changer les mentalités selon lesquelles l’Etat est perçu comme seul employeur ».

Les conférenciers ont essayé d’apporter des réponses à l’épineuse question qui intrigue les jeunes entrepreneurs, à savoir : Comment trouver le financement pour démarrer  un  business ?   Pour   Bruce-Vaillant Ntangibingura, chargé de suivi-évaluation au Burundi Business Incubator (BBIN), les temps sont révolus.

Les jeunes doivent impérativement changer les mentalités selon lesquelles l’Etat est perçu comme seul employeur. Ils doivent être créatifs et initier des activités génératrices de revenus. De plus, l’entrepreneuriat ne devrait pas être considéré comme une alternative au chômage, mais plutôt comme une solution réelle au problème de développement du pays. Les études démontrent qu’il est difficile pour un salarié de pouvoir réaliser ses ambitions avant qu’il n’atteigne l’âge de retraite. L’épargne ne peut pas financer ses projets, a-t-il dit.

Il est conseillé aux jeunes de se regrouper dans des associations pour faire face aux défis de financement. M. Thaddée Matereza, chef de projet au Réseau des Organisations des Jeunes en Action pour la paix, la réconciliation et le développement (REJA) indique que les jeunes éprouvent d’énormes difficultés à accéder aux sources de financements. Les établissements financiers exigent des garanties.

Pour lui, l’approche « NAWE NUZE » initiée par REJA apparait comme une alternative à cette problématique. « Avec cette approche basée sur le principe de la caution solidaire, les jeunes constituent des groupements de solidarité dont les membres  doivent être des personnes qui se connaissent mieux avec des conditions socio-économiques plus ou moins proches. Ainsi, ils cotisent hebdomadairement entre 500 et 2500 FBu. Et, à la fin d’une période donnée, ils commencent à contracter des microcrédits pour initier des activités génératrices de revenus qui, au bout du compte aboutiront à la création des PME », explique M. Matereza. De même, ceux qui ont des compétences peuvent élaborer des projets pour prétendre à des prix pouvant leur permettre de démarrer les activités ou soumettre leurs plans d’affaires à des bailleurs potentiels.

Pour Ntangibingura du BBIN,  les entrepreneurs ne doivent pas nécessairement engager plus de fonds. L’important est de trouver  une idée commercialisable tout en gardant en tête que l’innovation demeure la clé du succès dans toute activité entrepreneuriale, le but ultime de l’entrepreneuriat étant de répondre aux problèmes de la communauté tout en rentabilisant les solutions proposées.

Il faut entreprendre à tout prix

Les conférenciers ont confirmé que les jeunes entrepreneurs ont peur de l’échec, mais qu’il faut accepter le risque. Certes les débuts sont toujours difficiles, mais la persévérance pendant la période d’investissement est indispensable. Le fait d’avoir beaucoup d’argent n’est pas synonyme pérennité pour une entreprise naissante. Il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu.  La plupart des entreprises prennent un bon élan, mais pour des raisons liées à l’insuffisante des compétences managériales, elles  ferment.

Vous saurez que les activités de la journée ont été clôturées par la remise des certificats aux jeunes qui ont suivi des modules de formation sur  l’élaboration des plans d’affaires, les stratégies d’étude de marché ; les techniques d’épargne et de crédit ainsi que le management des entreprises-types.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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Un commentaire
  • MAKARAKIZA dit :

    Il semble que vous ignorer le rôle de l’Etat dans la protection de ces PME naissantes. S’il n’y a pas de réel politique protectionistes de la part de l’Etat, cela aboutira souvent à l’echec. Par exemple une PME qui se spécialise dans la production des papier mouchoirs, l’Etat devrait interdire l’importations de ceux-ci. D’ailleur, I’il suffit de se referer sur la poliques commercials de Trump pour comprendre l’empleur.

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