Editorial

Les cambistes pris à l’étau

La Banque centrale vient d’annoncer de nouvelles mesures pour mettre de l’ordre sur le marché de change. L’écart entre le taux officiel et le taux marché parallèle ne cesse de se creuser. Le taux de change appliqué au marché parallèle dit noir était presque le double du taux officiel. En juillet dernier, la valeur du billet vert a frôlé 3 000 FBu par USD tandis que le taux officiel était de 1 800 FBu pour un dollar. Cet écart serait en partie lié au manque de devises qui prévaut depuis un certain. L’offre de devises étant limitée, les devises issues des exportations des produits agricoles et miniers ne parviennent pas à compenser le déficit généré par le gel des financements des partenaires.

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D’après la loi de l’offre et de la demande, quand la demande est largement supérieure à l’offre, il se crée un déséquilibre du marché. Ce qui est vraisemblablement le cas pour notre pays. Le Burundi importe plus qu’il n’exporte. Ce qui implique que les importateurs ont besoin de beaucoup de devises par rapport aux ressources en devises dont il dispose. Il est judicieux que l’autorité monétaire agisse pour stabiliser le marché de change. Ainsi, le capital minimum des bureaux de change passe du simple au double, un logiciel de gestion et l’adhésion dans une association professionnelle qui devient obligatoire, pour ne citer que ceux-là. Ces mesures innovatrices parviendront-elles à calmer les esprits qui s’échauffent sur le marché de change ? Il est encore tôt pour avoir des réponses précises à cette interrogation.

L’intelligentsia burundaise craint que ces mesures puissent d’envenimer une situation très volatile sur le marché de change. Dans ce cas, le marché parallèle deviendrait noir au vrai sens du terme. D’ores et déjà, les circuits d’approvisionnement en devises demeurent un mystère. Ils s’approvisionnent çà et là et parfois par la voie informelle. Le fait de limiter les sources d’approvisionnement des bureaux de change pourrait mettre de l’huile au feu. Les cambistes ambulants sont dans la ligne de mire. Ils s’exposent à des sanctions allant jusqu’à la confiscation des montants en leur possession. Ce qui risque encore une fois de renforcer les pratiques obscures qui caractérisent le marché noir.

La banque centrale dispose de divers instruments pour stabiliser l’économie nationale. Par rapport au marché de change, elle peut par exemple recourir à la dévaluation de la monnaie en plus de la règlementation des changes. Celle-ci a déjà montré ses limites, car le marché impose ses propres règles en fonction de l’offre et de la demande. La solution permanente et durable n’est autre que celle de diversifier les sources de devises. Pour ce faire, la promotion de l’industrie locale est impérative pour booster les industries qui produisent pour le marché extérieur. Wait and see !

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Benjamin Kuriyo.

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éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

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  • Journal n° 605

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