Economie

Les coffee-shops, un commerce qui marche bien

Il n’y a pas si longtemps que les coffee-shops étaient des endroits beaucoup plus fréquentés par les expatriés. Actuellement les choses ont changé. La fausse idée selon laquelle le café est fait pour les Blancs n’est plus de mise. Ils sont de plus en plus nombreux les Burundais attirés par les arômes exquis des coffee-shops. Ils délaissent  peu à peu les éternelles buvettes où on sert les boissons alcoolisées pour plusieurs raisons. Burundi Eco a fait un tour dans certaines de ces maisons où la vente de ce breuvage fait le bonheur des commerçants.

Isaac Mbonimpa, chef barman à Silhouette : « L’expresso est un des cafés les plus prisés à Bujumbura. Le capuccino se vend aussi très bien »

Isaac Mbonimpa est  chef barman à Silhouette, un des coffee-shops branchés de la capitale. A ce titre, c’est lui qui est chargé de la préparation du café.  C’est un jeune homme habillé d’un uniforme impeccablement repassé de couleur blanche cernée d’orange. Le reporter de Burundi Eco l’a rencontré dans sa cuisine. Il précise de prime abord qu’il utilise exclusivement le café Burundais. Il n’y a rien d’excellent que le café Burundais, annonce fièrement Mbonimpa. Il nous explique qu’il utilise les graines de café torréfiées   dans deux maisons spécialisées qu’il estime les meilleures  au niveau local, à savoir ARFIC et Gikere Coffee.   Un seul kg de café torréfié coûte 18000 FBu, précise M. Mbonimpa.

Le café peut être mariné suivant les goûts du client

Certains préfèrent un café fort. L’expresso est d’ailleurs l’un des cafés les plus prisés à Bujumbura. Le capuccino se vend aussi très bien.  Mais on peut adoucir le goût fort du café en le mélangeant avec d’autres ingrédients comme le chocolat, le jus, le caramel, etc. Cela parce qu’une catégorie de la clientèle  (les filles et les jeunes en général)  préfère un café doux. Le secret du café se trouve dans la torréfaction, la conservation et la cuisson. On est sélectif dans l’achat du café. Seules les deux maisons ci-haut citées nous fournissent les graines torréfiées. Ensuite on préfère conserver les graines, car la poudre perd facilement ses arômes. On ne moule que selon les commandes, fait savoir le chef barman de Silhouette.

Les odeurs aromatiques des coffee-shops attirent de plus en plus nos compatriotes

Adolphe Ruberabahizi, amateur de café : « De plus en plus de gens se réunissent autour d’un bon café le soir pour discuter »

Nos clients sont pour la grande majorité des Burundais, indique M. Mbonimpa. Ils sont beaucoup nos compatriotes à être attirés par les odeurs aromatiques des coffee-shops.  Il y a 10 ans la situation n’était pas comme ça. La majorité des clients étaient des étrangers. Mais entretemps, les Burundais ont appris à cuire du café. Il faut une formation pour faire un bon café. Or ceux qui faisaient du café à Bujumbura était des étrangers. A Sama Café c’étaient un ougandais. A Tropicana aussi. « Moi-même j’ai été formé par un ougandais qui travaillait à Bujumbura. A l’hôtel Club du Lac où j’ai également travaillé,  c’était des Italiens.

Les tambourinaires en train de déguster le bon café du Burundi

Ces derniers sont amateurs du bon café », déclare le chef barman de Silhouette. Parallèlement à la formation, les coffee-shops se sont multipliés et les Burundais ont commencé à apprécier cette boisson fabriquée à partir d’une matière première locale de bonne qualité. Malheureusement, la plupart de ceux qui ont été formés sont partis travailler à l’étranger parce qu’ils maîtrisaient bien leur art. Qui au Qatar, qui à Oman, qui en Corée du Sud, qui encore en Europe. Ceux avec qui j’ai été formé sont tous partis. Il ne reste que moi, déclare M. Mbonimpa.

« Plus de 90% des coffee-shops sont détenus par des étrangers »

Si la matière première est abondante au niveau local, le matériel qu’on utilise est extrêmement cher. A titre d’exemple, la machine à expresso qui sert à la préparation du café coûte 15000 USD. On utilise aussi, d’autres machines notamment pour moudre les graines et d’autres ustensiles qui demandent quand même un investissement conséquent. Les Burundais hésitent encore à investir dans ce secteur. C’est pour cela que plus de 90% des coffee-shops sont détenus par des étrangers, d’après M. Mbonimpa

A Buja-Café, on ne fait pas que servir le café

Buja café est un autre coffee-shop très fréquenté de la ville de Bujumbura. On y trouve une clientèle mixte. « 60% de nos clients sont des Burundais », déclare Aimable Banzubaze-Majambere, le torréfacteur chez Buja Café. Le café qu’on sert est très apprécié car, contrairement aux autres coffee-shops, nous torréfions notre café nous-même, indique M.Banzubaze solidement installé devant la machine TOPER qui sert à torréfier le café. Ce n’est pas n’importe quel café qu’on utilise. Il s’agit du café vert Fully Washed 15+, c’est-à-dire un café de spécialité.  On emballe ensuite le café graine ou en poudre dans un sac en papier qui porte la marque Buja Café. Pour optimiser la qualité du café servi à nos clients, l’eau qu’on utilise pour préparer le café subit un traitement biologique et chimique afin de la rendre pure. Nos clients sont satisfaits, déclare le torréfacteur Banzubaze. 

A peu près 120 tasses de café sont servies chaque jour à Buja café

On vend 2 kg de café par jour. Ce qui équivaut à 120 tasses. Le prix de la tasse oscille entre 3000 FBu et 6000 FBu. C’est une bonne affaire, assure M. Banzubaze. Des fois, on a affaire à des clients connaisseurs qui exigent l’excellence. Ceux-là n’ajoutent pas du sucre, encore moins du lait à leur café. En fait, ces ingrédients peuvent masquer facilement les imperfections du café servi. On ne les déçoit pas, tient à souligner le torréfacteur chez Buja Café. Il a d’ailleurs fait déguster au reporter de Burundi Eco une tasse d’expresso très serré et bien corsé. « C’est cette qualité là que les clients viennent chercher chez nous », annonce-t-il fièrement. On ne sert pas le café  préparé uniquement. On vend aussi le café graine ou en poudre qui porte la marque « Buja Café ». Un  paquet de 250 g se vend à 7500 Fbu, ajoute-t-il.

Les consommateurs de café se frottent les mains

Adolphe Ruberabahizi est un consommateur invétéré de café. Il ne rentre jamais à la maison sans avoir pris une tasse de café bien serré. De plus en plus de gens se réunissent autour d’un bon café le soir pour discuter. Le café donne de l’énergie quand on est fatigué, indique M. Ruberabahizi bien installé devant une tasse de café noir  bien chaud. Par contre, il déplore que certains administratifs à la base des quartiers populaires découragent l’installation des coffee-shops dans leurs circonscriptions. A Kanyosha, pour des raisons qu’il ignore encore, un coffee-shop a été fermé par les autorités de la zone. Le café n’est quand même pas une drogue, s’insurge M. Ruberabahizi.   

C’est bien de sensibiliser les caféiculteurs à augmenter la production du café, cette plante d’exportation qui fait rentrer beaucoup de devises dans le trésor public, mais c’est encore plus intéressant d’encourager la consommation locale. Le caféiculteur de Kayanza se sent honoré si son café est apprécié aussi bien par les gens de Bujumbura que par les Parisiens ou les New yorkais

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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