Gouvernance

Les commissionnaires sous la traque du ministère de l’Intérieur

Les commissionnaires dans les marchés  de bétail sont traqués depuis bientôt deux semaines. Plus de 300 d’entre ont été appréhendés et une amende de 100 000 FBu a été exigée à chacun d’eux lors de la Semaine Témoin de collecte des recettes communales, édition 2021. Ils sont à la base de l’augmentation des prix du bétail sur les marchés ou des prix des parcelles et des maisons de location

Du 25 au 31 janvier 2021, le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique a organisé une Semaine Témoin de collecte des recettes communales, édition 2021. A cette occasion, les hauts cadres de ce ministère ont effectué des  visites dans les marchés de bétail à travers tout le pays pour s’assurer que la pratique des commissionnaires a été éradiquée.

« Plus de 300 commissionnaires ont été appréhendés et une amende de 100 000 FBu a été exigée à chacun d’eux », a révélé OPP1 Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur dans une conférence de presse de ce 2 février 2021. Pour Pierre Nkurikiye, la pratique du « faux commissionnaires » est à la base de l’augmentation des prix sur les marchés ou sur les parcelles à vendre et les maisons de location.  Il ajoute également que les communes enregistrent des pertes de recettes et de taxes. Pour le cas d’espèces, selon lui, dimanche 31 janvier 2021, les prix d’achat des vaches ont chuté de 200 mille FBu au marché de Butaganzwa en province de Kayanza. Pour lui, ceci devrait automatiquement occasionner une chute du prix d’achat de la viande.

Les commissionnaires dans les marchés de bétail sont traqués depuis bientôt deux semaines.

Un vol qualifié qu’il faut éradiquer

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur précise que ce métier doit être prohibé dans tout le pays non seulement sur les marchés de bétail, mais aussi sur toutes les transactions qui présentent cette forme dont la vente des parcelles, la vente ou la location des maisons, des biens meubles et immeubles. Selon Pierre Nkurikiye, les « faux commissionnaires » ne sont enregistrés nulle part. Ils n’ont pas de registre de commerce et ils ne sont reconnus par aucune loi.

« On va essayer de les éradiquer parce qu’ils constituent un frein au développement. Ils n’ont aucun capital, mais ils se réveillent un bon matin et se rendent sur les marchés du bétail avec un bâton dans la main et ils rentrent  le soir avec des sommes colossales alors qu’ils n’ont amené aucun capital », explique OPP1 Nkurikiye. Et de préciser que ce métier contribue à l’augmentation des prix sur toutes les transactions. « Par exemple, si vous devez acheter une parcelle à 4 millions FBu , avec l’intervention du commissionnaire, vous êtes obligé de lui payer 10% de ce montant, soit 400 mille FBu », indique le porte-parole du ministère de l’Intérieur avant d’ajouter que c’est un vol qualifié qu’il va falloir éradiquer.

Pierre Nkurikiye signale que les sociétés qui font le métier de commissionnaire ne sont pas concernées par cette mesure. « Si elles sont reconnues par la loi, elles vont continuer à travailler légalement. Elles paient des taxes ».

Le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique appelle les autorités administratives et policières à éradiquer la pratique des commissionnaires.

Plus de 50% des recettes communales ne sont pas collectés

Pendant la même semaine témoin de collecte des recettes communales, le ministère en charge du développement communautaire a déployé de nouveaux percepteurs dans 10 communes parmi les 119 que compte le Burundi. Ils sont recrutés parmi les jeunes diplômés en quête d’emplois récemment recensés

« Un montant de 115 073 550 FBu de recettes communales a été collectée, soit un surplus de 65 349 275 FBu équivalent à 131% des recettes communales qui étaient perçues au cours de la semaine précédente du 18 au 24 janvier 2021 sur les mêmes points de collecte », a fait savoir Pierre Nkurikiye.

Le constant est que plus de 50% des recettes communales ne sont pas collectés. « Plus de la moitié des recettes collectées ne l’étaient pas ou, s’ils l’étaient, finissaient leur course ailleurs que dans les comptes des communes concernées », déplore-t-il.  Le ministère pointe du doigt les anciens percepteurs. L’activité vient de prouver que les anciens percepteurs détournaient ou ne collectaient pas correctement les recettes. Selon lui, ces derniers risquent d’être remplacés par les nouveaux. « Les nouveaux percepteurs déployés se sont acquittés de cette tâche avec brio et le ministère vient de décider qu’ils continuent cette activité jusqu’à nouvel ordre ». Ils ont la possibilité de remplacer définitivement les anciens percepteurs défaillants, s’ils continuent à collecter les recettes de la manière excellente.

Le ministère informe également que cette activité se poursuivra dans toutes les communes du pays dans le but de renflouer les caisses communales mais aussi d’éradiquer définitivement la pratique des « faux commissionnaires ». Les autorités administratives et policières sont invitées à procéder à l’éradication de cette pratique.

La collecte des recettes bientôt informatisée

La collecte des recettes sera bientôt informatisée, informe Pierre Nkurikiye. Un projet de moderniser la collecte des recettes quitte à ce que tout se fasse en ligne avec la technologie moderne est en cours d’élaboration. Aucune recette ne tombera plus en dehors des comptes des communes, rassure le porte-parole du ministère de l’Intérieur. « Ce sera facile à contrôler dans tout le pays. C’est un grand projet qui nous permettra de faire une traçabilité sans faille de toutes les recettes communales », se réjouit-il.

La Semaine Témoin de collecte des recettes  communales, édition 2021 a été effectuée dans 10 communes réparties selon les régions. Il s’agit des communes de Giharo, Gitega, Kayogoro, Kayanza, Mutimbuzi, Muyinga, Ngozi, Rugombo, Nyanza-Lac et Rumonge.

A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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