Genre

Les VBG, plus qu’un problème des filles et des femmes

Les violences basées sur le genre (VBG) sont une réalité au Burundi qui est fortement alimentée par un sentiment croissant d’impunité pour les auteurs. Cela  empire et fait perdurer la situation. Néanmoins, même les hommes ne sont pas épargnés par ce fléau. L’Association des Femmes Juristes du Burundi (AFJB) prône pour l’intensification des formations et la sensibilisation en matière de VBG à l’ endroit de tous les acteurs

Selon l’AFJB, en 2018, elle a enregistré 1001 cas de VBG et jusqu’en octobre 2019, elle a enregistré 1014 cas de VBG. Ces chiffres ont été révélés par Me Alphonsine Bigirimana, membre du comité exécutif de l’AFJB.

Parmi les victimes de VBG de 2018, cent vingt ont bénéficié d’une assistance judiciaire bénévolement tandis que pour l’année 2019, elles étaient à cent quarante-cinq victimes à être assistées bénévolement par cette association.

Pour elle, la loi spécifique sur les VBG qui existe porte beaucoup d’innovations, mais des lacunes majeures ne manquent pas. Elle estime que le défi le plus important à relever dans cette loi est la non application et la méconnaissance de celle-ci par les communautés et surtout les acteurs dans la lutte contre ces violences.

Elle indique également que cette loi se concentre surtout sur les violences de nature pénale (viols, agressions…) alors que les violences d’ordre économique sont la base de tous ces maux et que cette dernière est de nature civile.

En outre, cette loi devrait avoir une procédure spéciale qui prévoit des délais brefs. « Si c’est une loi spéciale, il faut une procédure spéciale et accélérée. On ne peut pas lutter contre les VBG avec une procédure longue et éprouvante pour la victime. Plus c’est long, plus c’est cher et la victime devient de plus en plus psychologiquement éprouvée. La procédure existante peut durer des années. Ce qui n’est pas bénéfique pour la victime qui, dans la plupart des cas, n’a pas les moyens nécessaires pour tenir tout ce temps. Tout cela mène à l’impunité des auteurs de ces violences ».

Aziza-Aziz Suleyman, coordinatrice du programme psychosocial au sein de la coopération suisse « Ce n’est pas parce que les hommes ne viennent pas chercher de l’aide qu’ils ne sont pas victimes »

Et d’ajouter que peu d’éléments et d’articles y figurent car pour le reste, on te renvoie consulter le code pénal. Selon elle, une loi spécifique est une loi de référence devra être le seul outil juridique de référence sur les VBG. « Par exemple, elle ne prévoit pas  de dispositions pour la réparation des victimes alors que c’est tout ce que ces dernières cherchent. Il devrait y avoir un fonds de réparation dans l’immédiat, notamment pour les soins de santé, l’accès à la justice, etc. ». Au final, ces obstacles renforcent la méfiance des victimes envers le système judiciaire. Cette juriste déclare qu’il faut organiser des sessions de sensibilisation et des formations à l’endroit des différents intervenants sur leur responsabilité et leur complémentarité dans la répression des VBG.

Les hommes, acteurs incontournables dans la lutte contre les VBG

Aziza-Aziz Suleyman, coordinatrice du programme psychosocial au sein du bureau de la coopération suisse au Burundi révèle que même les hommes ne sont pas épargnés. 26 à 30% des personnes bénéficiant d’un soutien dans le cadre du programme psychosocial régional sont des hommes victimes de violence basées sur le genre. Elle l’a dit lors d’une séance d’échanges sur le rôle des hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes organisé lundi le 9 décembre 2019. Pour les 16 jours d’activisme contre les VBG, le programme a décidé de focaliser son attention sur l’implication des hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes.  Selon elle, ce choix résulte du fait que la cause profonde des VBG n’est pas un évènement fortuit. C’est un cercle vicieux. Le bourreau d’aujourd’hui est peut-être la victime d’hier. Ceux qui ont été blessés ou meurtris vont blesser à leur tour d’autres personnes. «Ce n’est pas parce que les hommes ne viennent pas chercher de l’aide qu’ils ne sont pas victimes».

Et d’indiquer que tout le monde doit prendre conscience que la violence existe. Ce n’est pas seulement une question d’hommes ou de femmes, mais c’est une question de vulnérabilité. Elle s’exprime différemment selon que l’on est homme ou femme.

Rappelons que la campagne des 16 jours d’activisme, édition 2019 organisée pour mettre fin à la violence faite aux femmes a débuté le 25 novembre avec la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et s’est achevée le 10 décembre.

A propos de l'auteur

Chanelle Irabaruta.

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