Economie

Pour que l’exploitation minière soit profitable au pays

Pour prévenir et corriger l’exploitation minière qui est à l’état embryonnaire, PARCEM propose des préalables : la transparence, l’établissement des contrats équilibrés, la publication de ce qu’on paie et l’adhésion à l’ITIE

« Le Burundi est l’un des pays potentiellement nantis en ressources naturelles. L’exploitation minière a été longtemps artisanale et celle industrielle est à l’étape embryonnaire », rappelle Faustin Ndikumana, président de l’organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et le Changement des Mentalités (PARCEM). C’était lors d’une conférence de presse tenue jeudi le 25 janvier 2018.

Pour que l’exploitation minière devienne profitable au pays, M. Ndikumana estime qu’il faut le faire dans une transparence basée sur l’identité des industries extractives. « Le pays doit signer des contrats équilibrés, les multinationales doivent publier ce qu’il paie et le gouvernement les recettes tirées de l’extraction minière », ajoute-t-il avant de signaler que le gouvernement doit adhérer à l’Extractive Industries Transparency Initiative (ITIE= La norme ITIE exige la publication d’informations sur l’ensemble de la chaîne de valeur des industries extractives depuis le point d’extraction des ressources naturelles jusqu’à la manière dont les revenus reviennent au gouvernement et profitent à la population).

Concernant la traçabilité des devises provenant des extractions minières, M. Ndikumana indique qu’un bon contrôle s’avère nécessaire. Pour cela, il informe que les organes habilités comme le ministère de l’Energie et des Mines, le ministère des Finances, le ministère de l’Environnement, l’Office Burundais des Recettes (OBR), la Banque de la République du Burundi (BRB) travaillent en synergie. Et de renchérir: « L’agence de régulation doit effectuer son assistance technique »

Des richesses en sous-sol

Le document de Damien Mbonicura, ex-directeur des Mines et Carrières sur la traçabilité et la certification des minerais au Burundi montre que le pays est riche en minerais. Les plus importants sont le Nickel, le Vanadium, l’Or, les Phosphates, les Carbonates, la Cassitérite, les platinoïdes, les terres rares et les divers minéraux industriels et combustibles minéraux. Quant au Nickel par exemple, le Nickel latéritique de Musongati (Rutana) a une réserve de 180 millions de tonnes avec une teneur de 1, 6 Ni % (étude de faisabilité), celui de Nyabikere (Karusi) a une réserve de 46 millions de tonnes avec une teneur de 1, 45 Ni % (étude de préfaisabilité) et le Nickel latéritique de Waga (Gitega) a une réserve de 35 millions de tonnes avec une teneur de 1, 38 Ni % (étude de préfaisabilité). Les terres rares de Gakara (Bujumbura rural) et Minago (Rumonge) ont une réserve de 5 000 tonnes. Les phosphates de Matongo (Kayanza) ont une réserve de 270 000 tonnes avec une teneur de 14, 9 % P205. Elles sont inexploitées.

Apport minime à l’économie nationale

Selon le rapport de 2016 de la Banque Mondiale (BM) sur la transparence des revenus de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle liée à la production de l’étain, du tantale, du tungstène et de l’or, les principales ressources naturelles et d’exportation du Burundi sont le café, le thé et les minérais. L’agriculture représente un peu plus de 30 % du PIB et emploie plus de 90 % de la population. Les principaux produits d’exportation du Burundi restent des produits primaires tels que le café et le thé qui représentent environ 90 % des rentrées en devises. Toutefois, les exportations représentent une part relativement faible du PIB. Les minerais et les concentrés de métaux de base représentent environ 10 % des exportations de marchandises. Pourtant, les minerais peuvent contribuer à la relance de l’économie et de la vie des familles.

D’après Gilbert Midende, directeur de Rainbow Mining Burundi (RMB=société qui exploite les terres rares), dans le document « Les exploitations minières artisanales du Burundi », il existe deux types de comptoirs dans la commercialisation des minerais au Burundi. Les comptoirs en transit qui sont autorisés à acheter uniquement les minerais en provenance de l’extérieur du pays et les comptoirs de droit burundais qui sont autorisés à acheter uniquement les produits miniers en provenance du sous-sol burundais.
Pour lui, la coexistence des deux comptoirs dans le commerce minier fait que plus de 90 % des minerais extraits du sous-sol burundais sont vendus et exportés par les comptoirs en transit. Or, ceux-ci ne sont pas assujettis à la taxe ad valorem qui est de 4 %. Ce qui a pour conséquence la perte des recettes qui devraient entrer dans les caisses de l’Etat.

Que disent les statistiques?

Source : Rapport Banque Mondiale de 2016

 

Comme le stipule le rapport de la BM de 2016, les recettes fiscales officielles déclarées pour les 3T (etain,tantale,tungstène) en 2014 font apparaître deux chiffres différents. Le premier s’élève à 523 000 USD tel que déclaré par l’OBR et le deuxième à 700 000 USD comme annoncé par le ministère de l’Energie et des Mines en 2014 dans le rapport annuel de la Direction des Mines et Carrières. Et de continuer : « Le Rapport annuel officiel pour le secteur minier en 2014 n’indique pas le calcul des taxes perçues dans le secteur aurifère. Cependant, à partir des statistiques d’exportation officielles de l’or on peut calculer une valeur annuelle moyenne et avancer une estimation du montant des recettes fiscales. Cette estimation plafonne autour de 3 032 000 USD en 2013 alors que les exportations officielles d’or s’élèvent à plus de 2 tonnes. Elle passe à 453 000 USD en 2014 alors que les exportations officielles atteignent environ 650 kg ».

La contribution du secteur minier au Produit Intérieur Brut (PIB) reste très faible. En 2011, la Banque Africaine pour le Développement (BAD) et le Fonds Africain de Développement (FAD) montrent que les recettes d’exportation minière étaient de 3 % tandis que sa contribution au PIB est d’environ 1 %.

Notons que l’exploitation du Nickel exige d’énormes quantités d’énergie et une voie ferrée pour le transport.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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