Exclusivité marché central

Marché central de Bujumbura en 2018 : Des traces indélébiles

Cinq ans après l’incendie du marché central de Bujumbura, le journal Burundi Eco revient sur les grands moments qui ont caractérisé celui-ci. Le feu a détruit à peu près un cinquième de l’économie nationale. Plus de 7 mille commerçants y ont perdu leurs biens. L’état actuel de l’ex-marché central est un souvenir gravé dans la mémoire de plus d’un.

Au centre-ville de Bujumbura, plus précisément à l’endroit où était construit le marché central de Bujumbura, le milieu offre pas mal d’impressions. Aux alentours de l’endroit juste sur les côtés Nord et Sud, l’endroit semble propre et mouvementé. Il reste stratégique pour les transporteurs, les fonctionnaires, les commerçants, les écoliers, les élèves et étudiants …C’est là où ils débarquent ou embarquent pour aller vaquer à leurs activités quotidiennes.
Aux alentours des côtés Ouest et Est, la situation est tout autre. Une partie des tôles qui y étaient accolés pour protéger le lieu de tout regard indiscret a été détruite, donnant ainsi l’occasion aux curieux de jeter un coup d’œil à l’intérieur. Les arbres et les herbes de différentes sortes ont poussé non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur du marché.

Vue actuelle du marché central

Tout autour, les marchands ambulants, à majorité des femmes jouent au cache-cache avec la police, cette dernière essayant de les chasser des lieux. Une d’elles, couverte d’une voile pour cacher le visage, lâche ces mots avec un ton nostalgique : « Le marché central reste gravé dans nos mémoires. C’est pourquoi même si on nous donne des places dans d’autres marchés voire des capitaux, il nous sera difficile de vider les lieux. Il reste une plaque tournante et de la capitale Bujumbura et du pays tout entier ».

La journée malheureuse

Le 27 janvier 2013, un grand feu ravagea le marché central de Bujumbura. Les hommes et les femmes qui assistaient impuissamment à l’incendie de leurs biens imploraient les dieux de tous les coins du monde pour arrêter le feu qui calcinait le marché central de Bujumbura. Aux larmes des uns, aux rires des autres qui profitaient de l’occasion pour piller. Les personnes entraient et sortaient vagabond dans le marché, marchandises, cartons, pagnes soit dans la main, soit sur les épaules ou sur la tête. Il était difficile de distinguer les commerçants des pillards. Les motards étaient nombreux à l’entrée du marché et faisait le transport des biens.

Le feu qui a ravagé le marché central de Bujumbura commença vers 6 heures 30 minutes. Il prit départ, selon la commission d’enquête survenue au marché de Bujumbura, dans le stand appartenant à Védaste Gasangwa, situé au quartier 4. Le stand contenait en grande partie des marchandises surtout les habits, mais il y avait aussi quelques appareils (Télévisions et DVD) et une batterie plomb-acide, rapporte la commission.

Le marché central en fumée

Vers 7 heures, une colonne de fumée envahit le marché. Les gens couraient de différents coins du centre-ville de Bujumbura pour venir assister à ce qui se passait. Ce jour, tous les camions anti-incendie qui étaient affectés à la Mairie étaient en panne. Le camion anti-incendie qui était garé au marché central de Bujumbura avait été déplacé vers le Bureau Spécial de Roulage (BSR).

Ainsi, l’intervention des pompiers a eu lieu vers 8 heures. Mais la première lance-eau a eu lieu vers 9 heures. Finalement, la situation s’aggrave. Les pompiers ne sont pas parvenus à maîtriser le feu. Ils se concentraient sur les côtés Est et Ouest du marché. Sur le côté Est, les pompiers évitaient que le feu ne ravage toute la ville. Ils protégeaient deux stations-services qui pourraient favoriser la propagation du feu une fois brûlées. A l’Ouest, ils protégeaient les sièges de la Régie Nationale des Postes (RNP) et de l’Office National des Télécommunications (ONATEL). Les soldats venus en renfort encerclaient aussi le marché. Les engins de l’aéroport étaient de la partie afin de maîtriser le feu.

En même temps, le premier-vice-président Thérence Sinunguruza a mis en place une commission nationale de gestion de la crise. Il a fait appel également aux pays de la Communauté Est Africaine pour lui venir en aide. Le Président de la République du Burundi Pierre Nkurunziza a, à son tour, écourté le voyage qu’il effectuait à Addis-à-Abeba en Ethiopie où il participait au 20ème sommet de l’Union Africaine (UA).

Vers 13 heures, un hélicoptère en provenance du Rwanda déverse l’eau sur le marché central en ébullition. C’est vers 17 heures que le Président de la République arriva sur les lieux. Il appela à la solidarité nationale. Les victimes étaient soignées gratuitement dans les hôpitaux. Aucune perte en vies humaines n’a été enregistrée sur le champ.
Tout le marché a été presque dévasté. Seuls les bureaux de la Société de Gestion du Marché Central de Bujumbura (SOGEMAC) et les locaux du Grenier du Burundi (l’endroit où se faisait la commercialisation des produits vivriers) ont été épargnés. Les latrines installées sur les côtés Ouest, Est et Nord n’ont pas cessées d’être fonctionnelles jusqu’aujourd’hui.

Deux mois après, une commission d’enquête appuyée par des experts gendarmes français, le lieutenant-colonel François Heulard et l’Adjudant Nicolas Haraczaj a conclu que l’incendie était d’origine accidentelle. Comme le marché central de Bujumbura approvisionnait même l’intérieur du pays, son incendie a occasionné des pertes énormes dans beaucoup de secteurs, les banques incluses. Désiré Musharitse, porte-parole du ministère des Finances a déclaré un constat d’une diminution de 20 % des recettes de l’Etat sur les trois mois qui ont suivi.
Un marché central provisoire Ngagara II communément appelé COTEBU avait été promis dans une période ne dépassant pas 3 mois pour abriter les victimes de l’incendie du marché central. Il a été ouvert 2 ans après, le 19 février 2015.

La situation d’avant

Le marché central de Bujumbura a été construit en 1994, sur une superficie d’environ 3 hectares. Le coût de cette infrastructure s’élevait à 1, 5 milliard de FBu. Sa gestion était confiée à la Société de Gestion du Marché Central de Bujumbura (SOGEMAC). Cela pendant une période de 30 ans à travers le contrat d’affermage signé le 8 janvier 1999.Avant, le marché comptait 2092 stands.

A la veille de l’incendie, une commission d’enquête sur la gestion de la SOGEMAC mise en place par le maire de la ville avait comptabilité plus au moins 3 000 stands. Difficile pour les camions anti-incendie de trouver le passage entre les stands, car ceux-ci étaient construits en désordre. 7 000 commerçants exerçaient officiellement dans le marché. Mais, peu d’entre eux avaient fait assurer leurs marchandises.

Quelques bonnes actions

En janvier 2013, la Brarudi avait disponibilsé 50 millions de FBu pour venir en aide aux sinistrés. Dans la même logique, elle a organisé deux mois après un concert de solidarité.

L’ambassade des Etats-Unis au Burundi a donné 50 000 USD. L’argent était destiné à relever les petits commerçants qui y ont perdu leurs marchandises. La somme a été remise à la microfinance Turame Community en février 2013.
En février 2014, le Syndicat Général des Commerçants (SYGECO) et le Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE) ont collecté plus de 10 millions de FBu pour aider 27 commerçants victimes de l’incendie.

Préoccupation des commerçants

Selon Antoine Muzaneza, président de l’Association des Commerçants du Burundi (ACOBU), les ex-commerçants du marché central de Bujumbura se sont pour le moment éparpillés dans les différents marchés périphériques.
« Toutefois, nous supposons que ces commerçants se trouvent pour le moment dans le marché Ngagara II communément appelé COTEBU. Chacun d’eux a eu un stand dans ledit marché. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont tous là. Il y a ceux qui ont préféré de retourner en ville ou qui se sont orientés vers d’autres marchés. C’était dans l’optique de chercher un léger mieux », fait-t-il remarquer.

Quant au nombre de stands qui ont été distribués à ces commerçants, M. Muzaneza informe que ce sont 2 370 stands. Et de renchérir : « Personne n’a manqué de stands. Et, pour les distribuer, nous avons tenu compte des contrats que les commerçants avaient avec la SOGEMAC ».

M. Muzaneza explique que la préoccupation actuelle est la réhabilitation du marché central de Bujumbura afin que les commerçants puissent récupérer leurs stands. Il regrette d’une manière globale que le manque de devises bloque l’activité des importateurs et, partant, l’approvisionnement des autres commerçants en marchandises.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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