Transport

Parking payant en Mairie de Bujumbura : Un casse-tête pour les sociétés de gestion

Six mois après l’instauration des parkings payants pour le transport non rémunéré, les sociétés de gestion de ces derniers peinent à recouvrer la totalité des recettes. La plupart des automobilistes refusent de s’acquitter des frais de stationnement. Ils prétextent que ces frais n’ont pas de raison d’être tant que les parkings ne sont pas bien aménagés

« La Mairie a instauré les frais de stationnement sans spécifier leur finalité. Il nous est donc difficile de payer de l’argent sans savoir sa destination », s’inquiète un automobiliste. Les usagers des parkings déplorent également le mauvais état des infrastructures, des parkings presqu’inexistants sur la quasi-totalité de la voirie du centre-ville. Le bras de fer persiste entre les agents des sociétés de gestion et les automobilistes.

Les agents-percepteurs dépassés

Même si Prosper Nduwayo, superviseur à la société Générale du Bâtiment, des Travaux Publics et de l’Environnement (GBATPE) affirme que les activités vont bon train, la réalité sur terrain est toute autre. D’une part, les contribuables persistent à ne payer les frais de stationnement. Et, d’autre part, les rues de la ville se vident de plus en plus de ces agents qui se concentrent surtout au centre-ville.

Un agent de Parking Services collecte les frais de stationnement derrière les bâtiments abritant le palais des arts.

A ce sujet, le superviseur reconnait que des désertions existent dans les rangs de sa société mais il note que certains de ses agents sont diplômés et que, de ce fait, ils sont susceptibles d’être embauchés ailleurs. Et d’ajouter que leurs agents affichent un bon comportement sur le terrain. Ce qui fait qu’ils sont appréciés par les hommes d’affaires qui les recrutent. Dans cette société, chaque agent touche un salaire de 60 000 FBu, du moins pour la plupart. Et d’autres touchent en fonction des recettes versées, donc en termes de pourcentage sur les recettes, rapportent les agents

Environ 40 % des recettes prévues ne sont pas recouvrées

Un ex-superviseur de l’une des sociétés de gestion des parkings (jusqu’au début de cette année) révèle que sur les recettes prévues, le déficit est estimé à 40%. Il explique cette situation par la réticence affichée par certains usagers des parkings quant au mode de paiement de ces frais. Une hypothèse qui est plutôt confirmée par les agents rencontrés sur terrain. Les automobilistes paient quand ils veulent. On n’a pas la prérogative de forcer un automobiliste à payer, insiste un agent percepteur.

Les automobilistes refusent de s’acquitter des droits de stationnement sous prétexte que les parkings ne sont pas bien aménagés. Pire encore ils ne sont pas sécurisés. « Il arrive des cas où on gare sa voiture et qu’au retour on constate que les rétroviseurs ont été volés. Pourquoi vais-je payer alors que ma voiture n’est pas en sécurité ? », se demande un automobiliste. Il devrait y avoir un aménagement de ces parkings dont la plupart ne méritent pas même d’être appelés ainsi, conclut-il.

Selon des sources concordantes, la Mairie aurait donné la mission aux différentes sociétés de gestion des parkings de sensibiliser leurs usagers sur le paiement des frais pour une durée d’une année. Et, après cette période, les droits de stationnement seront payés mensuellement à la Mairie comme le font les véhicules de transport rémunéré. Et les agents percepteurs des frais de stationnement vont assurer la sécurité des véhicules au niveau des parkings.

Le stationnement payant devrait être réorganisé.

A ce sujet, l’Ombudsman Edouard Nduwimana a indiqué qu’il est inconcevable de faire payer quelqu’un qui gare son véhicule devant l’hôpital ou les infrastructures de service public. De plus, Il doutait de l’investissement des gestionnaires du stationnement payant. Il a également expliqué que ces espaces payants ne sont pas des parkings à proprement parler, car les parkings ont un aménagement spécifique. Des observateurs avisés indiquent que le marché d’attribution n’a même pas respecté le processus de passation des marchés publics. Le code des marchés publics a été violé. Ça a été un marché de gré à gré alors que ça devrait passer par le lancement d’un avis d’appel d’offre ouvert.

Pourtant il reste du chemin à faire quant à l’organisation de la gestion des gares routières. Malgré les injonctions de l’Ombudsman Edouard Nduwimana pour la réorganisation de cette activité, l’aménagement des lieux laisse à désirer. Les espaces réservés au stationnement se trouvent devant les grands magasins du centre-ville, les bureaux, etc. Et ceux qui officient dans ces endroits ont du mal à servir la clientèle. Des marquages ont été vite tracés au sol après l’intervention de l’Ombudsman. Mais rares sont les panneaux de signalisation qui indiquent que ce sont des places réservées au stationnement. Il existe même des endroits où les panneaux interdisent le stationnement, mais paradoxalement des marquages au sol existent.

Le revers de la médaille

Malgré les conditions dans lesquelles ils travaillent (sous un soleil de plomb, sous les menaces permanentes des contribuables et les insultes, etc…) ce métier leur fait vivre. L’un des superviseurs de GBATPE se désole du le fait que les gens ne reconnaissent pas ce geste. La société GBATPE a volé au secours des jeunes sans emplois. « Nous avons créé des emplois aux jeunes désœuvrés. Nous apportons également notre contribution, si petite soit-elle, à l’amélioration de la sécurité routière », indique M.Prosper Nduwayo. Par ailleurs, la majorité de nos agents sont des jeunes dont des femmes et les filles. Et plus de 80% des filles employées par notre société sont des mères célibataires qui étaient en situation financière délicate, lâche le superviseur de GBATPE.

C’est au mois d’octobre 2016 que le conseil municipal a décidé que le stationnement sur la voie publique en Mairie de Bujumbura soit payant pour les véhicules de transport rémunéré ou non rémunéré. Cette décision est d’application pour les véhicules de transport non rémunéré depuis mi-juin 2017.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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