Société

Plan de Réponse Humanitaire 2018 : 2,4 millions de personnes en urgence

3,6 millions de personnes ont besoin d’assistance en 2018. Parmi celles-ci, 2,4 millions sont  plus ciblées. Pour les assister, le Burundi a besoin d’un montant de 141,8 millions de dollars américains. Cela a été indiqué par Mme Salima Mokrani, chef a.i du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) lundi le 19 février 2018 lors de la présentation du Plan de Réponse Humanitaire 2018

La vulnérabilité des populations du Burundi s’est aggravée, indique Mokrani. Le plan de réponse humanitaire cible 2,4 millions de personnes, soit plus du double qu’en 2017 sur un total de 3,6 millions de personnes dans le besoin en 2018. Est considérée comme prioritaire l’aide immédiate aux personnes en situation d’urgence et l’accès aux services sociaux de base, mais aussi les personnes déplacées, en particulier celles qui vivent dans les sites dans des conditions difficiles.

Salima Mokrani (à droite), chef de bureau a.i d’OCHA : « 3,6 millions de personnes ont besoin d’assistance en 2018. Parmi celles-ci, 2,4 millions sont les plus ciblées ».

Les besoins en santé ont augmenté

Dans le domaine de la santé,  Mokrani note que les besoins ont augmenté en 2018. 2,9 millions de personnes sont dans le besoin d’assistance cette année dont 1,4 millions d’enfants de moins de 18 ans», indique Salima Mokrani. Parmi elles, 2,2 millions de personnes seront ciblées incluant les retournés, les rapatriés, les déplacés internes et 61 000 réfugiés congolais.  Mokrani s’inquiète que cette situation se présente comme telle au moment où  il y a eu une réduction du budget national alloué au domaine de la santé (-54% en 2016). Ce qui provoque des difficultés en termes d’accès aux médicaments dans les structures sanitaires. Il en résulte une détérioration de l’accès aux services essentiels de santé publique et aux soins médicaux d’urgence.

Mokrani fait remarquer que le secteur de l’Eau, de l’Hygiène et de l’Assainissement (EHA) envisage de répondre dans douze provinces. C’est entre autres Cibitoke, Bubanza, Bujumbura rural, Bujumbura Mairie, Rumonge, Makamba, Ngozi, KIrundo, Muyinga, Cankuzo, Ruyigi, Rutana, y compris le péri-urbain. Celles qui ont besoin d’une aide humanitaire  d’urgence dans ce secteur sont estimés à 650 000 personnes, y compris les réfugiés, les personnes déplacées internes et les communautés hôtes qui ne sont pas épargnés par ces interventions.

La sécurité alimentaire  touchée

Selon toujours elle, 670 000 personnes ont besoin d’une aide d’urgence en 2018 dans le domaine de la sécurité alimentaire sur 2,6 millions de personnes  qui sont dans le besoin. C’est entre autres les déplacés internes et les retournés, les familles d’accueil et les ménages vulnérables des communautés résidentes. Ces populations sont essentiellement situées dans treize districts sanitaires présentant des risques épidémiques  importants. 111 700 ménages ciblés seront bénéficiaires de rations pour une couverture de trois mois ou juste d’une ration de protection des semences distribuées.

L’état  nutritionnel s’est détérioré

Selon toujours elle, l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans ainsi que celui des femmes enceintes et allaitantes s’est détérioré. 1,4 million de personnes sont dans le besoin d’assistance en nutrition cette année. Parmi elles, 1,1 millions dont 700 000 enfants ayant entre  6 et 59 mois et 400 000 femmes enceintes et allaitantes  bénéficieront d’une surveillance nutritionnelle. Elles auront également un accès amélioré à la prise en charge de qualité dans les 11 provinces prioritaires.

Les causes majeures

Le contexte socio- économique ainsi que le changement climatique ont provoqué une détérioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages au Burundi, informe Mokrani. On estime que plus d’une personne sur quatre est en situation d’insécurité alimentaire aigue, soit une augmentation de 7% comparée à 2016. L’insécurité alimentaire touche particulièrement les ménages retournés, les déplacés internes, les familles d’accueil, celles affectées par les aléas climatiques ainsi que celles qui n’ont pas accès à la terre dans les zones du Nord, de l’Est et de l’Ouest du pays (provinces de Bubanza, Bujumbura rural, Cankuzo, Kirundo, Makamba, Rutana, Rumonge et Ruyigi).

Comparaison des besoins humanitaires en 2017 et en 2018

Groupe sectoriel

2017

2018

Personnes dans le besoin

Personnes ciblées

Personnes dans le besoin

Personnes ciblées

Abris / ANA1 / CCCM2

351 000

235 500

439 900

238 100

Eau Hygiène et Assainissement

2 700 000

1 000 000

979 100

648 600

Education

582 000

259 500

458 400

343 900

Nutrition

1 700 000

666 400

1 400 000

1 100 000

Protection

1 800 000

799 700

1 100 000

699 100

Santé

3 100 000

824 900

3 000 000

2 200 000

Séc. alimentaire

2 200 000

857 000

2 600 000

670 000

Total

3 000 000

1 000 000

3 6 000 000

2 400 000

Plus de la moitié des ménages n’ont accès qu’à un seul repas par jour

Plus de la moitié des ménages n’ont accès qu’à un seul repas par jour et ont une diversité alimentaire pauvre, souligne-t-elle. Un ménage sur trois consacre deux tiers de ses dépenses à l’alimentation. L’inflation du prix des denrées alimentaires qui a dépassé les 50% a réduit considérablement l’accès, la disponibilité et l’utilisation des aliments de base. En l’absence d’une réelle capacité de résilience, les ménages tendent à se décapitaliser après chaque nouveau choc et plus de la moitié d’entre eux utilisent des stratégies de survie néfastes qui affectent leurs moyens d’existence ainsi que leur protection et sécurité. La production agricole reste insuffisante pour couvrir les besoins alimentaires de la population toujours croissante, notamment en raison d’une production dépendante d’une pluviométrie irrégulière et d’autres aléas climatiques.

Les participants au lancement officiel du plan de réponse humanitaire 2018

De plus, l’inflation alimentaire, la perte du pouvoir d’achat, la forte pression fiscale, le manque de devises et la dépréciation du franc burundais  ajoutent le drame au drame. Cela limite  les importations pour compenser les constants déficits de production, l’accès des ménages aux marchés pour s’alimenter et s’approvisionner en intrants agricoles ainsi que l’approvisionnement en carburant.

De surcroît, l’impact du changement climatique provoque des aléas récurrents : déficits hydriques, inondations, vents violents et grêle, mais aussi la prolifération et la recrudescence des maladies (mosaïque du manioc et virose BWX du bananier).

Les chenilles légionnaires d’automne, un danger pour la sécurité alimentaire

La présence confirmée et le risque de propagation des chenilles légionnaires d’automne représentent un réel danger pour la sécurité alimentaire des ménages.  Les restrictions imposées aux échanges commerciaux et les migrations économiques avec ou vers les pays voisins limitent d’autant les opportunités d’emploi, de revenus et d’accès aux marchés transfrontaliers. Le retour volontaire et facilité de plus de 60 000 refugiés de Tanzanie ainsi que d’autres non recensés et les quelques 188 000 déplacés internes constituent un défi pour leur réinstallation et la relance durable de leurs moyens d’existence.

L’accès à l’alimentation en quantité et en diversité est déficient

L’accès à l’alimentation en quantité et en diversité est déficient alors que la population croit rapidement et est affectée par un paludisme endémique. Il s’agit principalement des ménages sans ou avec terre, ceux affectés par les aléas climatiques et les maladies ravageuses des plantes, les retournés, les déplacés internes, les communautés hôtes et les réfugiés congolais. Et d’ajouter les ménages urbains et péri-urbains dont la plupart ont perdu les moyens de subsistance avec la situation de précarité socio-économique. L’accès aux intrants constitue  une des contraintes majeures pour assurer la production agricole et garantir en partie la sécurité alimentaire.

L’objectif global du plan de réponse est de répondre efficacement et en temps réel aux situations d’urgence, d’améliorer et de favoriser l’accès aux services sociaux de base. C’est aussi pour pourvoir aux besoins essentiels, en soutenant les communautés locales et le Gouvernement du Burundi afin que la vie, la dignité et le bien-être des personnes affectées par la détérioration des facteurs socio-économiques ainsi que les catastrophes naturelles soient protégées.

Le Gouvernement du Burundi rejette en bloc le contenu de ce rapport. Il précisé qu’il est rédigé d’une manière unilatérale. Philippe Nzobonariba, Secrétaire Général et Porte Parole du Gouvernement  demande aux responsables du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires d’entrer en contact avec les ministres sectoriels directement concernés par les questions humanitaires et tous les autres responsables susceptibles d’y contribuer pour l’élaboration d’un rapport consensuel et fiable qui va guider une collaboration efficace dans l’intérêt des objectifs communs avec l’OCHA.

Signalons que trois millions de personnes avaient besoin d’assistance en 2016. Parmi celles-ci, un million étaient dans le besoin d’urgence.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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Une riposte à la hauteur des enjeux ?

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Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue

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