Edition Spéciale Environnement

Plus encore d’efforts dans la gestion des déchets

La gestion des déchets n’est pas encore maîtrisée. Certaines associations et coopératives chargées de collecter des déchets ménagers n’arrivent pas à la hauteur de leur engagement. La quantité de déchets produits par la population de la capitale dépasse la capacité d’accueil des dépotoirs existants. Une situation-problème persiste en zone Buyenzi. Le projet mis en place par les SETEMU pour pallier à ce problème se heurte au tarissement des financements

Des immondices à l’embouchure du caniveau longeant la 1ère avenue de la zone Buyenzi

Là-bas, des garages indépendants sont éparpillés de part et d’autres des avenues traversant ce quartier. Il n’y a pas d’infrastructures aménagées pour cet effet. La réparation s’effectue à travers les avenues, laissant les huiles issues de l’entretien des véhicules colorer cet espace public. Certaines pièces hors d’usage y sont jetées sans souci du respect des principes de protection de l’environnement. Les vendeurs de fruits s’installent ou fréquentent ces milieux dans l’espoir d’y trouver des clients. Les écorchures de ces fruits y sont souvent laissées, polluant ainsi le milieu.

La 1ème avenue du quartier Buyenzi, est longée par pas mal de garages. Un grand caniveau d’évacuation charrie toutes les eaux usées mélangées avec des déchets de toutes sortes issues des ménages situés à proximité de la 8 ème avenue du quartier Bwiza. Deux stations-services, à savoir :Mogas et Kobil construites sur les deux extrémités de cette avenue y déversent les eaux émanant   du lavage des véhicules. Elles contiennent des huiles automobiles dangereuses pour la santé de l’écosystème aquatique. Ledit caniveau passe par la 1ère avenue du quartier Buyenzi pour se connecter à la rivière Ntahangwa.

Dans cette entité administrative, les habitants déposent les ordures ménagères le long de ce caniveau. Certains d’entre-eux rencontrés à l’embouchure du caniveau en question explique que ces déchets protègent les maisons contre les éboulements de terrain provoqués par la forte pression des eaux de ruissellement venant des quartiers ci-haut cités. Dans ces immondices, comme il n’y a pas assez d’espace pour creuser les toilettes, certains riverains se servent des sachets la nuit pour le grand besoin et les rejettent le matin dans ce caniveau. Et une fois que les toilettes aménagées le long de ce caniveau sont remplies, le débordement des matières fécales se déversent dans ce caniveau.

Les principes environnementaux bafoués

Des larves noirâtres donc très polluées s’émulsionnent de ces ordures ménagères, passent dans ce caniveau et se jettent dans la rivière Ntahangwa. A ce sujet, l’article 52 du code de l’eau stipule que nul ne peut effectuer des déversements, écoulements, rejets, dépôts directs et indirects de toute nature et plus généralement tous actes ou tous faits susceptibles de provoquer ou d’accroître la pollution de l’eau superficielle ou souterraine  quelle qu’en soit l’origine.

Un éxécutoire des eaux usées traversant la zone urbaine de Buyenzi avant de se jeter dans la rivière Ntahangwa

Ce comportement devrait répondre à une certaine réglementation. Ainsi, l’article 156 du code de l’eau stipule qu’en attendant l’aménagement du réseau d’égouts publics où les effluents peuvent être déversés, la mise en place et l’usage des lieux d’aisance, latrines et puisards sont tolérés. Toutefois, le même article précise que ces latrines doivent être aménagées suivant les modalités et les conditions fixées par une ordonnance portant mesures de salubrité établie conjointement par les ministres ayant la santé publique et l’environnement dans leurs attributions.   

Les ménages demandent à la mairie de continuer la construction du caniveau en question  jusqu’à la rivière Ntahangwa conformément à l’article 50 du code de l’environnement qui stipule que : « Afin de maintenir un niveau de pollution supportable dans les agglomérations urbaines, l’administration ayant l’assainissement dans ses attributions assure l’évacuation rapide et sans stagnation des eaux résiduelles susceptibles d’inonder les lieux habités dans des conditions compatibles avec les exigences de la santé publique ».

Cette situation se présente ainsi alors qu’une équipe de 13 associations et coopératives ont été autorisées à collecter les déchets dans les quartiers de la municipalité de Bujumbura. Dans un communiqué sorti le 17 octobre 2017, Freddy Mbonimpa, maire de la ville de Bujumbura a mis en garde ces sociétés et coopératives en leur enjoignant qu’ une coopérative ou une société qui n’honorera pas ses engagements sera remplacée par celles qui n’ont pas eues la chance d’être retenues .  Il les a invitées à signer des conventions d’exploitation avec les SETEMU responsables du dépotoir officiel de Mubone où toutes les immondices seront déposées.

Un problème de financement

Il n’y a pas de système de triage des déchets pour le moment. « Un projet de collecte des déchets pour toute la ville de Bujumbura a été élaboré en 2015. Il prévoyait le triage, la valorisation, le recyclage jusqu’à la construction d’une décharge appropriée », a indiqué Gordien Ngendakumana, chef du département Audit, Planification et Etudes aux SETEMU. Selon lui, on avait prévu trois zones de transit (au Sud à côte de la prison centrale de Mpimba, au Centre à la rivière Ntahangwa et le Nord  à Buterere). Un site de triage et de recyclage devrait se trouver à Buterere tout juste à côte de la station d’épuration. Les déchets ne devraient pas y rester longtemps.

Dans ce même projet, on avait prévu des camions qui devraient les transporter vers les sites de triage. Verres à part, plastiques à part, recyclables à part.  Après le triage et la valorisation, tout ce qui restait devait être acheminé à Muzinda dans la décharge qu’on devrait y construire. « Avec tous ces calculs on avait pu déterminer le prix par ménage et le coût de tout le projet a été évalué à environ 11,8 millions d’euros », a-t-il précisé. Après les études, poursuit t-il, le projet devrait démarrer en 2016. Mais les fonds promis par les Pays-Bas n’ont pas été décaissés.  M.Ngendakumana informe que le dépotoir de 4 ha qu’on utilise aujourd’hui est trop petit pour une ville d’à peu près un million d’habitants. Il explique qu’avant l’envahissement du terrain par les particuliers, la population de la capitale était estimée à 400 mille personnes. Il appelle  le gouvernement à continuer à chercher les financements pour mettre en application les conclusions des études réalisées en 2015. « Actuellement, la production des déchets à Bujumbura est estimée à 100.000 tonnes par an et  la décharge que nous avons dans les études est d’à peu près 9 ha qu’on peut utiliser entre 30 et 50 ans », indique Gordien Ngendakumana.

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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