Au moment où certaines informations font état d’une future hausse des prix de l’électricité de plus de 400 % par kwh, le ministère de l’Energie et des Mines dément. Il informe plutôt que le prix prévu est un coût unitaire moyen pondéré de l’ensemble du secteur de l’énergie.
C’est le ministre de l’énergie qui l’a annoncé ce 31 juillet. Selon M. Côme Manirakiza, le prix de l’électricité sera augmenté de 0,20 USD par kwh. Toujours selon le ministre, la mise en service d’une nouvelle centrale thermique (au fuel, diesel, mazout) de 30 MW (mégawatts) permettra d’augmenter sensiblement l’offre d’énergie. Selon nos informations, cette nouvelle centrale thermique commandée par la REGIDESO à la société Interpétrol devrait entrer en activité dans les prochaines semaines. Rappelons que la production globale d’électricité au Burundi varie selon les saisons entre 35 et 40 MW. Ce nouvel apport va donc nettement améliorer l’offre en la portant à 70 MW. Ce qui devrait réduire d’autant les nombreux délestages qui handicapent l’économie du pays et en particulier l’économie dite informelle.
L’augmentation sera-t-elle de 460 % ?
Suite à l’annonce de l’augmentation du prix de l’électricité, l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) a publié un communiqué le 1er août évaluant cette hausse à 460 %. Dans le même communiqué, il est rappelé qu’en 2012, la REGIDESO avait déjà augmenté les prix de l’électricité de plus de 124 %, promettant aux ménages de ne plus manquer d’électricité. Ce qui fut démenti par les faits.
Ce jeudi 3 août, nous avons pu rencontrer Donat Niyonzima, directeur général de l’Agence de Régulation des secteurs de l’Eau potable, de l’Electricité et des Mines (AREEM), il nous a apporté de précisions et explications.
L’avis du ministère
Selon Donat Niyonzima, l’augmentation du prix de l’électricité qui sera de l’ordre de 0, 20 USD par kwh n’est que le coût unitaire moyen pondéré pour l’ensemble du secteur de l’énergie. « C’est un prix moyen parce que nous n’avons pas encore publié la nouvelle grille tarifaire pour les 20 cents », explique-t-il. Il explique qu’au niveau de la REGIDESO, les tarifs sont confectionnés en termes de tranches. Et de les citer : « La tranche ménage, la tranche commerces et industries, la tranche administration et la tranche moyenne tension avec différentes catégories ». Il indique qu’au niveau du ministère en faisant des calculs techniques, on utilise un logiciel approprié (économico-financier) qui dispose des clés de répartition selon les différentes catégories de consommation. « Nous adoptons un principe de tarification proportionnelle, c’est-à-dire non seulement en fonction des niveaux de consommation, mais aussi en fonction des niveaux des revenus. Il tient compte des différents incitatifs que le gouvernement pourrait mettre en place pour attirer l’investissement ou pour promouvoir un secteur porteur de croissance économique», signale-t-il. M.Niyonzima argumente et expose que l’interprétation ou la multiplication de 20 cents à un taux de change ou la conversion simple ne permettrait pas d’informer et de clarifier le niveau d’augmentation tarifaire projeté dans des proportions telles que publiées. « La conversion de ces 20 cents échappe à un simple calcul arithmétique », martèle-t-il.
Pourquoi augmenter le prix de l’électricité ?
Pour justifier l’augmentation du prix de l’électricité, Donat Niyonzima part d’une idée. Il rappelle que l’électricité est un facteur de production qui rentre dans le processus de production des biens et services. Pour arriver à une croissance économique à travers la redynamisation du secteur de l’électricité, il faut que le prix par kwh pratiqué reflète les coûts de production de ce dernier. Ce qui signifie un principe de tarification au coût marginal. « Les 20 cents annoncés reflètent un coût de revient d’un kwh au Burundi. Ce coût intègre les projets en cours, la demande projetée et le niveau de déficit énergétique que nous connaissons aujourd’hui », précise-t-il. Il affirme que la fixation du prix par kwh n’a aucune relation avec la politique de collecte des recettes telle que publiée à travers les réseaux sociaux. « Elle rentre plutôt dans une optique de mettre en place des initiatives et innovations dans le domaine de l’électricité », précise-t-il.
A quand la mise en vigueur des nouveaux tarifs ?
Donat Niyonzima admet que les hausses tarifaires pratiquées ces dernières années n’ont pas permis de réduire le déficit énergétique du pays. Pour lui, le niveau d’urbanisation augmentant sans cesse et l’évolution de la production d’énergie ne suivant pas le développement du pays, il existe un déséquilibre persistant entre la demande et l’offre. C’est ce qui explique que le Burundi est toujours en situation de déficit énergétique à ce jour. « On appliquera les nouveaux tarifs lorsque la question de déficit sera résolu, c’est-à-dire à la fin du mois d’août où nous estimons que le projet de production de l’énergie électrique de 30 MW par la société Interpétrol aura abouti », souligne-t-il. M. Niyonzima certifie qu’il y aura une méthodologie adaptée et où tous les acteurs concernés seront informés. Rappelant que la moyenne du prix par kwh restera la plus faible au sein de la Communauté Est Africaine, même après l’augmentation annoncée. M.Niyonzima souhaite tranquilliser l’opinion en signalant qu’il y a d’autres projets de production d’énergie en cours, ce qui permettra à terme de conduire à une réduction tarifaire.
GRILLE TARIFAIRE
POUR LA FOUNITURE DE L’ELECTRICITE PAR LA REGIDESO APPLICABLE A PARTIR DU 1er JUIN 2012
I .ELECTRICITE
I.1.Basse tension |
Note : Base des tranches : Période de deux mois (bimestre)
- Ménages
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/bimestre | |
0 à 100Kwh | 68 | – |
101 à 300 kWh | 138 | – |
301 kWh et plus | 260 | 6 497 |
- Commerces et industries
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/bimestre | |
0 à 200Kwh | 93 | 3989 |
201 à 500 kWh | 149 | 8000 |
501 kWh et plus | 190 | 12000 |
- Administration
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/bimestre | |
Tranche unique | 149 | – |
- Eclairage publique
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/bimestre | |
Tranche unique | 151 | – |
5.DGHR
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/bimestre | |
Tranche unique | 141 | – |
I.2 Moyenne tension
Note : Base des tranches : Période d’un mois
- Moyenne tension avec puissance souscrite (PS) et pointe
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/kW/mois | |
Prime de la PS | – | 4 416 |
Surprime de la PS | – | 8 832 |
Heures pleines (les 1éres 150 heures) | 134 | – |
Heures creuses (151 et plus) | 93 | – |
- Moyenne tension avec puissance souscrite (PS) et sans pointe
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | FBU/kW/mois | |
Prime de la PS | – | 7 754 |
Surprime de la PS | – | 7 754 |
Tranche unique | 104 | – |
- Moyenne tension sans puissance souscrite (PS) et sans pointe
Tranches | Tarif par KWh | Prime fixe |
FBU/kWh | – | |
Tranche unique | 152 | – |
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