Environnement

Quartiers Bwiza et Buyenzi : Les ménages, acteurs de la pollution du lac Tanganyika

Les ménages constituent une source de pollution du lac Tanganyika. Ils jettent des épluchures, des restes de nourriture ou tout autre objet jugé non usuel dans les caniveaux. Les huiles automobiles issues des nettoyages des véhicules dans les garages ne sont pas aussi épargnées. Ces derniers transitent directement dans la rivière Ntahangwa affluent du lac Tanganyika.

Un éxutoire des eaux usées traversant le quartier Buyenzi avant de se jeter dans la rivière Ntahangwa

A la 3ème avenue du quartier Buyenzi, un grand caniveau d’évacuation récolte toutes les eaux usées mélangées avec des déchets de toutes sortes issues des ménages situés proximité de cette avenue. Deux stations-services à savoir Mogas et Kobil construites sur les deux extrémités de cette avenue y déversent des eaux émanant du lavage des véhicules. Elles contiennent des huiles automobiles dangereuses pour la santé de l’écosystème aquatique. Ledit caniveau passe par la 8ère avenue du quartier Bwiza pour rejoindre la rivière Ntahangwa.

Dans cette entité administrative, les habitants déposent les ordures ménagères le long de ce caniveau. Un habitant rencontré sur le lieu dénommé « mu Kinogono » explique que ces déchets les protègent contre les éboulements de terrain provoqués par la forte pression des eaux de ruissellement venant des quartiers ci-haut cités. Selon lui, dans ces immondices et comme il n’y a pas assez d’espace pour creuser les toilettes, certains riverains se servent des sachets pour le grand ou le petit besoin et les jettent le matin dans ce caniveau. D’autres, une fois les latrines remplies, les débordements des matières fécales se dirigent vers les caniveaux. Ce qui laisse comprendre qu’ils transitent par la rivière Ntahangwa avant de se jeter dans le lac Tanganyika.

Dans une synergie des médias de ce mercredi 30 juin sur le thème «Pollution du lac Tanganyika », Léonie Nzeyimana, directrice de la pêche, eau et aquaculture a expliqué que la pratique de l’élevage des porcs, des vaches ou autres bétails le long du lac Tanganyika ou de son affluent participe beaucoup à la pollution du lac. En témoigne les chèvres et moutons rencontrés ce mardi 29 août broutant dans le lit de la rivière Ntahangwa au quartier Buyenzi. Il en est de même pour les constructions érigées à proximité des rivières ou du lac et qui ne répondent pas aux normes définies par le code de l’eau et celui de l’environnement. Selon elle, certains d’entre eux ne construisent pas de lieux d’aisance et font le grand ou le petit besoin dans le lac.

Poison invisible et inodore

Des eaux de couleur noirâtre venant du quartier Buyenzi se jettent dans la rivière Ntahangwa

Les ordures ménagères contiennent des batteries et des piles hors d’usage. Celles-ci sont constituées de métaux lourds nocifs à la santé de l’écosystème aquatique. Il en est de même pour les huiles des véhicules. Ainsi, lorsqu’elles sont emportées par les eaux de ruissellement vers les affluents du lac Tanganyika, elles polluent celui-ci. Une fois que ces métaux lourds sont consommés par les poissons, ceux-ci attrapent des maladies. Ce sont les consommateurs de ces poissons qui seront par la suite contaminés indirectement et attraperont différentes maladies, y compris le cancer.

Que dit la loi ?

Néanmoins, l’article 156 du code de l’eau stipule qu’en attendant l’aménagement du réseau d’égouts publics où les effluents peuvent être déversés, la création et l’usage des lieux d’aisance, latrines et puisards sont tolérés. Toutefois, le même article explique que ces latrines doivent être aménagées suivant les modalités et les conditions fixées par une ordonnance portant mesures de salubrité établie conjointement par les ministres ayant la santé publique et l’environnement dans leurs attributions.

Pour éviter que les crues de la rivière précitée n’emportent les maisons construites à proximité de cette rivière, les ménages ont constitué un bloc d’immondices en guise de protection. Des larves noirâtres donc très pollués s’émulsionnent de ces ordures ménagères et se déversent dans cet affluent du lac Tanganyika. A ce sujet, l’article 45 du code de l’eau et l’article 52 du code de l’environnement stipulent que nul ne peut faire des déversements, écoulements, rejets, dépôts directs ou indirects de toute nature et plus généralement tous actes ou tous faits susceptibles  de provoquer ou d’accroître la pollution de l’eau superficielle ou souterraine quelle que soit l’origine. Cet article précise également que l’auteur de la pollution est astreint au paiement d’une

Des ordures ménagers le long du caniveau origine de la pollution

indemnité dont le montant est proportionnel au degré de pollution causée, sans préjudice des sanctions pénales y relatives.

 

Les ménages demandent que la mairie continue à construire ce conduit d’eau jusqu’à la rivière Ntahangwa comme le précise l’article 50 du code de l’environnement : « Afin de maintenir un niveau de pollution supportable dans les agglomérations urbaines, l’administration ayant l’assainissement dans ses attributions, assure l’évacuation rapide et sans stagnation des eaux résiduelles susceptibles d’inonder les lieux habités dans des conditions compatibles avec les exigences de la santé publique ». Rashid Nyabenda, un riverain de ce grand caniveau a informé que durant les 24 ans qu’il vient de passer à Kinogono, quartier Buyenzi, des maisons ont été emportées par les eaux suite au manque de résistance du terrain.

Seuls quelques quartiers sont raccordés aux égouts publics

Albert Mbonerane, militant de première heure de la protection de l’environnement rappelle que dans la ville de Bujumbura qui abrite près d’un million d’habitants, moins de la moitié des ménages sont raccordés à la station de traitement des eaux usées de Buterere. Il explique que les déchets et les eaux usées, vont directement s’échouer dans les eaux du lac. Christophe Nyabenda, le chef du département ayant l’exploitation des eaux usées dans ses attributions aux SETEMU explique que les quartiers raccordés à la station d’épuration de Buterere sont Mutanga Sud, Nyakabiga, Jabe, Bwiza, Buyenzi, Rohero et Kiriri. Ils représentent 38% des ménages. Les autres quartiers procèdent par la collecte individuelle des déchets à l’aide des camions citernes. Ceux-ci déversent ces déchets à la station d’épuration de Buterere pour traitement avant d’être renvoyés dans le lac Tanganyika. Chose hypothétique au moment où ses équipements ne sont plus fonctionnels ou défaut.

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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