Société

Le salaire minimum au Burundi : Une référence qui ne réjouit plus les concernés

La loi portant fixation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) date du 30 avril 1988. Les syndicalistes estiment qu’il faut la réviser car elle ne colle plus avec la réalité.

« Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) (salaire en dessous duquel un travailleur ne peut être engagé ni employé) tel que déterminé par l’ordonnance ministérielle de 1988 n’est qu’une référence », déclare Célestin Nsavyimana, vice-président de la Confédération des Syndicats du Burundi (COSYBU). Il reconnait que le SMIG existe au Burundi et dans la sous-région. Cependant, M. Nsavyimana informe que le salaire minimum du plus petit agent de la fonction publique est calculé sur base journalière à fonction de 160 FBu par jour dans les centres urbains de Bujumbura et Gitega, soit 4 800 FBu par mois et 105 FBu dans les milieux ruraux, soit 3 150 FBu par mois. Pour calculer le salaire minimum interprofessionnel garanti, M.Nsavyimana explique qu’on tient compte de plusieurs paramètres, notamment l’évolution économique, le coût de la vie, l’évolution du Produit Intérieur Brut (PIB)…

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Célestin Nsavyimana, vice-président de la Confédération des Syndicats du Burundi (COSYBU) : « Pour le bien de tous les travailleurs tant formels qu’informels, il faut réviser le SMIG. Cela afin de résoudre plusieurs problèmes au niveau salarial et de la gestion des carrières ».

« Le taux des salaires initiaux sont calculés de manière à assurer à l’intéressé un niveau de vie convenable en fonction non seulement de la conjoncture économique, mais aussi compte tenu du coût de la vie et de la valeur raisonnable des services rendus », précise Célestin Nsavyimana. Selon toujours lui, c’est anachronique que 30 ans après la fixation du SMIG, celui-ci ne reflète pas les réalités économiques. Pour lui, les entreprises privées fixent leurs salaires minimums qui n’ont rien à avoir avec les salaires minimums du secteur public. Et de continuer : « Des fois, les salaires privés sont de loin supérieurs aux salaires publics ». Dans le domaine de la construction par exemple, il indique qu’aujourd’hui le salaire minimum ne va pas en dessous de 5000 FBu par jour pour un maçon. Pour un agriculteur journalier, le SMIG ne va pas en dessous de 2000 à 3000 FBu par jour.

M.Nsavyimana affirme qu’actuellement il y a une évolution non négligeable de l’économie du pays. Ce qui devrait conditionner le SMIG, les salaires, le PIB…

« Lorsqu’on a fixé le SMIG en 1988, un dollar tournait entre 85 FBu et 90 FBu. Le SMIG était à presque 2 dollars par jour. Aujourd’hui, il y a une dépréciation monétaire équivalent à peu près 20 fois, soit 3200 FBu (160 FBu par jour multiplier par 20 fois de dépréciation monétaire), car 1 dollar a une valeur de 1700 FBu au taux officiel », annonce M.Nsavyimana.

Et de marteler : « Les salaires qui sont en dessous de 96000 FBu (3200 FBu par jour multiplier par 30 jours par mois) devraient être obligatoirement rehaussés si on tient compte de la logique », souligne-t-il.
Toutefois, il regrette que même à ce niveau le taux du SMIG resterait faible si on se réfère à l’indice des prix, à l’inflation et à la dépréciation monétaire. Il donne l’exemple du SMIG qui est porté à 5000 FBu par jours soit 150000 FBu par mois. « Ce ne serait pas facile de se payer même un loyer avec ce salaire », déplore-t-il.

Pourtant, le nouveau statut des fonctionnaires adopté en 2006 montre que le salaire de base minimum d’un fonctionnaire non enseignant est de 10787 FBu par mois et le plus élevé est de 60715 FBu par mois. Le salaire de base minimum d’un enseignant était de 17722 FBu par mois, celui élevé étant de 86450 FBu par mois.
M. Nsavyimana signale que les décisions pour fixer le SMIG émanent des consultations très larges. Il cite par exemple le ministère du travail dans ses attributions, les syndicalistes, les représentants des travailleurs, les représentants des employeurs …

Le texte de 1988 qui régit le SMIG est obsolète d’après toujours M. Nsavyimana. Par ailleurs, ajoute-t-il, la rémunération est souvent le résultat des négociations et le droit du travail est un droit conventionnel. Et de conclure : « Néanmoins, pour le bien de tous les travailleurs tant formels qu’informels, il faut réviser le SMIG. Cela afin de résoudre plusieurs problèmes au niveau salarial et de la gestion des carrières ».

Notons qu’en cas de différend entre l’employé et son employeur, l’inspection du travail peut jouer la conciliation. A défaut, le différend peut être soumis au tribunal du travail.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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