Société

Trafic d’êtres humains : Un phénomène toujours d’actualité au Burundi

Depuis l’année 2015, plusieurs associations de défense des droits de l’homme ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur un phénomène qui daterait d’un bon moment, mais dont la visibilité est récente : le trafic d’êtres humains vers les pays du Golfe. Un phénomène qui touche essentiellement les femmes dont la plupart sont encore mineures. D’après le porte-parole de la Police Nationale, Pierre Nkurikiye (dans son communiqué de presse du 19 juin 2016), ce commerce mafieux est organisé par une bande de trafiquants regroupés dans 11 sociétés dont 4 sont burundaises. Malgré les efforts consentis par les uns et les autres, il y a encore du pain sur la planche.

Prime Mbarubukeye, président de l’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transnationale (ONLCT) : « Malgré les efforts déployés, la question est toujours d’actualité ».

Le trafic d’êtres humains n’est pas un vestige du passé. C’est une question toujours actuelle. Divers moyens sont utilisés par les trafiquants pour mieux contrôler leurs victimes. Ceux-ci paient le voyage de leurs victimes en leur promettant un avenir meilleur dans un autre pays et, une fois la victime arrivée à destination, ils lui demandent de rembourser le prêt à des taux extrêmement élevés. La victime se retrouve dans une situation où, ayant contracté une dette qu’elle ne peut pas payer, elle est contrainte d’accepter une situation d’asservissement. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, le trafic des êtres humains représente un marché de 32 milliards USD par an. Et dans ce sale business, le Burundi n’est pas épargné. Ce business est orienté surtout vers les pays du Golfe.
D’après l’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transnationale (ONLCT-où est ton frère?), le Burundi enregistre 3 014 personnes victimes de ce genre de trafic depuis 2015, soit 1673 en 2015, 814 en 2016 et 517 en 2017.

Une main forte derrière

« A l’ONLCT, nous avons des inquiétudes. On ne comprend pas pourquoi ces gens reçoivent des papiers de voyage, des pièces d’identité ou d’autres documents de voyage, étant donné que la plupart de ces victimes sont encore mineures », indique Prime Mbarubukeye, président de l’ONLCT.
Comment ces personnes reçoivent facilement les documents de voyages de la part des services habilités de les octroyer ? Une question que n’importe qui pourrait se poser mais qui, jusqu’à présent, n’a pas de réponse. Quoi qu’il en soit des personnes très puissantes seraient derrière ce trafic mafieux. Qui ?, Comment ? : mystère pour le moment.

Néanmoins, le président de l’ONLCT salue le fait que la Police de l’Air, des Frontières et des Etrangers (PAFE) a déjà pris les choses en mains.

Les femmes, une bonne proie pour trafiquants d’êtres humains

A la veille de la commémoration de la journée internationale de la femme (8 mars 2017), l’ONLCT a indiqué 824 filles et femmes ont été victimes du trafic d’êtres humains au Burundi. Comme le signale toujours le président de l’ONLCT, les femmes sont les plus principalement touchées par cet acte ignoble. Pourquoi les femmes? Les raisons sont diversifiées. Certains évoquent une facile manipulation de celles-ci ou simplement une résignation de la femme dans sa nature. Aussi, peut-on également inclure les violences sexuelles comme en ont témoigné le peu de femmes qui ont réussi à sortir de cet « enfer » disent-elles

Des efforts déjà fournis pour éradiquer le fléau

« Le rendement est très satisfaisant », estime Prime Mbarubukeye, président de l’ONLCT. Ce défenseur de droits de l’homme affirme que des efforts ont été fournis par les associations de défense des droits de l’homme d’une part et la police d’autres parts. Celle-ci a procédé à plusieurs arrestations de personnes impliquées dans ce trafic et a pu sauver pas mal de vie depuis que le phénomène a éclaté au grand jour.

« Malgré les efforts déployés, le phénomène est toujours d’actualité, mais son ampleur commence à diminuer un peu parce que les interventions sont entrain de fuser de partout. », lance le président de l’ONLCT. C’est d’ailleurs le constat du porte-parole de la police nationale au lendemain de l’arrestation d’un trafiquant qui était à bord d’un véhicule à destination de Kigoma en compagnie d’une jeune fille. Toujours selon une source sécuritaire, le 18 décembre, une quinzaine de filles ont été interceptées à la frontière de Kobero avec de nouveaux passports burundais probablement à destination des pays du Golfe.

Le trafic des êtres humains est un phénomène transnational. Aussi la lutte contre le trafic doit-elle passer par une coopération à l’échelle internationale. Egalement, il faut augmenter les campagnes de sensibilisation à l’endroit de la population pour que les gens comprennent que le Golfe n’est pas l’eldorado auquel ils s’attendaient.
Il y a un proverbe ivoirien qui dit : « Qui fuit l’hyène dans le village rencontre la panthère dans la campagne d’accueil». Les personnes qui partent de nos pays sont à la recherche d’une vie meilleure. Mais d’après les témoignages des filles sorties des gongs des trafiquants, arrivées là-bas, elles vivent un calvaire. Mener une vie pénible à la burundaise ou être l’objet de maltraitance dans le Golfe ? On a le choix de choisir.

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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