Transport

Transport des animaux d’élevage vers l’abattoir : Un traitement digne s’impose

Dans la suite des articles sur la filière viande, l’accent est mis dans ce numéro sur le transport des animaux vers l’abattoir. Ce dernier est effectué dans des conditions qui n’honorent pas la dignité des animaux. Et, ce traitement dégradant des animaux influe sur la qualité de la viande. Pour ce faire, des normes strictes de transport s’imposent.

Des bovins mal embarqués.

Le processus de transport des animaux d’élevage vers l’abattoir fait partie des opérations nécessaires. Elles sont appelées manipulations avant l’abattage ou manipulations ante-mortem consistant à transporter un animal de la ferme à l’abattoir. Les manipulations avant l’abattage peuvent être très stressantes pour les animaux. Ce qui entraîne une diminution importante de la qualité de la viande si elles ne sont pas effectuées avec soin. En cas de conditions très mauvaises, les animaux peuvent même mourir. La mort peut être provoquée par un surchauffage dû à une mauvaise ventilation, en particulier pour les volailles et les porcs; par du stress à l’origine d’une défaillance cardiaque; ou par des piétinements et asphyxie, surtout chez les gros bovins. Les animaux peuvent souffrir de déshydratation par défaut d’approvisionnement en eau. Ils peuvent être épuisés ou fatigués à cause d’un jeûne ou d’une station debout prolongés. Les glissades, les chocs avec des objets pointus dépassant des parois des véhicules peuvent entraîner des contusions et d’autres traumatismes dont les hémorragies internes et des fractures osseuses. Les traumatismes peuvent aussi être dus à des combats entre animaux qui ne se connaissent pas ou qui sont agressifs. Ce problème existe surtout chez les porcs et les gros bovins. La présence des cornes peut entraîner des blessures encore plus graves.

Le stress peut donner une viande de mauvaise qualité

Les animaux peuvent souffrir de la chaleur s’ils ne sont pas protégés de la forte lumière du soleil. Les porcs à la peau claire peuvent avoir des coups de soleil. Les traumatismes compromettent le bien-être des animaux, réduisent la valeur de la carcasse et peuvent aussi endommager les cuirs et les peaux. Chez les porcs, le stress à relativement court terme peut produire de la viande pâle, molle et exsudative (sans rigidité cadavérique) Cette viande de couleur pâle et peu appétissante libère une grande quantité d’eau sous forme de graisse ou d’exsudat. Dans toutes les espèces, un stress à plus long terme peut produire de la viande sombre et sèche .C’est un problème en particulier chez les bovins dont la viande est alors appelée viande à coupe sombre. En plus de son apparence peu appétissante, cette viande est plus sujette à une détérioration bactérienne que la viande normale.

Identification et traçabilité

Les producteurs primaires devraient s’assurer que tous les animaux destinés à l’abattage sont correctement identifiés et que les registres de la ferme concernant le bétail vendu sont à jour. Toute personne transportant des animaux devrait veiller à avoir à portée de main tous les documents d’identification des animaux qu’ils transportent avant le début du voyage.

Densité de chargement

Après avoir consulté le propriétaire des animaux, un représentant du propriétaire ou un agent, le transporteur veille à ce que la densité de chargement et la disposition des barrières soient compatibles avec le bien-être des bovins et la capacité du véhicule de transport. Si les animaux ne sont pas assez serrés ou, au contraire, trop serrés, ils pourront plus facilement se blesser.

La densité de chargement devrait être déterminée par la nécessité de limiter les blessures tout en permettant aux animaux qui sont tombés de se relever sans assistance. Les densités de chargement sont déterminées en fonction du poids vif moyen, de l’état des animaux, de leur taille, de leur forme et de l’existence de cornes ainsi que des conditions du moment et de la distance que ces derniers doivent parcourir.

Longueur des trajets

Comme le transport est en général stressant pour les animaux, les durées de transport et les distances parcourues devraient être réduites au maximum .Et, les animaux de boucherie devraient être abattus le plus près possible de l’endroit où ils ont été élevés. Si le voyage est plus long, les animaux devraient être régulièrement mis au repos, abreuvés et nourris. Les durées maximales de voyage pour chaque espèce ne sont pas bien établies. Cependant, les arrêts pour boire et se reposer devraient être effectués au moins toutes les neuf heures. Cette durée peut être réduite pour les jeunes animaux. Il faudrait proposer aux animaux des aliments adaptés en quantité suffisante au moins deux fois par jour. Leur laisser le temps nécessaire pour digérer avant de reprendre le voyage. S’il fait très chaud, les animaux particulièrement sensibles au stress provoqué par la chaleur, comme les porcs, devraient être transportés la nuit ou pendant les heures de la journée les plus fraîches. Les véhicules doivent être conduits prudemment, en anticipant les dangers, avec des freinages et des accélérations en douceur, en particulier sur les routes sinueuses et avec un mauvais revêtement afin d’éviter que les animaux ne soient ballottés (bousculés dans tous les sens) et risquent de se blesser

Déchargement

Des exigences similaires à celles du chargement s’appliquent au déchargement des bovins. Mais il faudrait considérer qu’ils peuvent être fatigués après un long voyage. Les bovins devraient être déchargés le plus vite possible après leur arrivée à destination. Les blessures seront moins nombreuses si les bêtes peuvent marcher tranquillement pour sortir du véhicule.

Pour décharger les animaux transportés par voie routière, des « talus » de débarquement (monticules de terre) sont recommandés. S’il existe suffisamment d’enclos, les bovins déchargés devraient éviter d’être mélangés avec des animaux inconnus pour éviter des combats. Les bovins doivent avoir de l’eau à leur disposition dès que possible à leur arrivée à destination.

Le conducteur de bestiaux ou le chauffeur devraient attirer l’attention de la personne responsable à destination sur tout évènement du voyage qui pourrait affecter le bien-être futur des animaux. Cela peut être la dernière fois qu’ils ont mangé et bu ainsi que tous les détails concernant les traitements qu’ils ont reçus. Les personnes responsables de l’expédition devraient signaler ces informations et confier la responsabilité des animaux à une personne compétente à destination. Un système devrait être mis en place pour la livraison des bovins dans les locaux de l’abattoir
Il devrait exister des installations permettant de décharger ou d’abattre sans cruauté les animaux qui ne peuvent pas descendre en marchant parce qu’ils sont blessés ou épuisés. Les animaux gravement blessés devraient être abattus sans cruauté et sans délai. Cela devrait être fait par ou sous la direction de la personne responsable si aucun vétérinaire n’est disponible. Il est inadmissible de retarder l’élimination sans cruauté des animaux gravement blessés. Les animaux nécessitant une euthanasie d’urgence devraient être tués par balle ou assommés et saignés sans trop les déplacer.

Propreté

Les bovins devraient être chargés dans des véhicules avec des sols secs ou des sols nettoyés avant l’embarquement. Dans le cas de véhicules de transport à deux ou plusieurs étages, les méthodes de construction utilisées devraient faire en sorte que les animaux de l’étage supérieur ne salissent pas ceux de l’étage inférieur.

Arrivée des animaux à l’abattoir

Les installations censées accueillir les animaux s’ils doivent patienter avant la mise à mort doivent être propres, abritées des intempéries, aérées, suffisamment éclairées et dotées d’une litière en quantité suffisante si nécessaire. Ils seront par après abattus.
Dans nos éditions ultérieures, nous vous parlerons des conditions d’abattage.

A propos de l'auteur

Mathias Ntibarikure.

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