Education

Travaux de fin d’études universitaires-UB : Un délai de grâce s’avère nécessaire

Le ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique demande aux étudiants mémorants (ancien système) de terminer la défense de leurs travaux de fin d’études avant la fin du mois de mai 2018. L’objectif est d’en finir avec les chevauchements entre l’ancien et le nouveau système. Les étudiants qui ne sont pas très avancés dans la préparation de leurs travaux de mémoire risquent de ne pas clôturer le cycle de leurs études universitaires.

A l’Institut Pédagogique Appliqué (IPA), on enregistre 523 étudiants qui n’ont pas encore défendu leurs travaux de mémoire depuis l’année académique 2005-2006, indique André Nduwimana, doyen de l’IPA à l’Université du Burundi (UB). 136 sont du département de Français, 46 de celui des mathématiques, 186 de celui de l’anglais, 36 du département de chimie, 33 de celui de la biologie et 88 de celui de la physique-technologie. A voir le délai qui reste pour répondre à cet appel, Nduwimana fait savoir que 159 étudiants sur les 523 risquent de ne pas défendre leurs travaux de mémoire, car l’état d’avancement de leurs travaux n’est pas satisfaisant.

André Nduwimana, doyen de l’IPA à l’Université du Burundi (UB) :« Les étudiants qui ne sont pas très avancés dans la préparation de leurs travaux de mémoire risquent de ne pas clôturer le cycle de leurs études universitaires »

Etat d’avancement des travaux de mémoire à l’IPA en %

Les départements

Effectif des étudiants mémorants

100%-80%

79%-60%

59%-40%

39%-0%

Anglais

186

70

30

55

31

Français

136

68

16

30

21

Chimie

36

18

14

3

1

Physique-Technologie

88

50

26

6

6

Mathématique

44

41

1

1

1

Biologie

33

27

2

4

Total

523

274

89

99

60

Soutenir les plus avancés pour limiter les déperditions

Nduwimana fait savoir que l’Université du Burundi est en train de travailler d’arrache-pied en soutenant les plus avancés pour limiter les déperditions. A titre d’exemple, les 159 étudiants dont l’état d’avancement de leurs travaux de fin d’études est entre 59% et 0% ne sont pas à mesure de terminer le 31 mai 2018, date butoir fixée par le ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Ce délai est court, renchérit-il.

Les raisons avancées par les étudiants

Burundi Eco s’est entretenu avec quelques étudiants mémorants pour savoir les raisons de ces retards qui s’observent dans la présentation des mémoires. Une dame qui a terminé la deuxième licence en 2007 dans le département des langues et littératures africaines indique qu’elle n’a pas encore présenté son travail de fin d’études suite à la fragilité de son état de santé.

Un autre étudiant rencontré au campus Mutanga fait remarquer que son directeur de mémoire n’est pas à ses côtés pour qu’il puisse avancer avec le temps. Il précise qu’il lui a transmis son travail de fins d’études en cours de préparation au mois de septembre 2017. Et de s’inquiéter que 4 mois viennent de s’écouler sans qu’il ait terminé la correction. Ce qui ralentit les préparatifs de son travail.

Celui du département de géographie rencontré à cette même institution universitaire estime que son directeur de mémoire ne lui donne pas un temps suffisant pour travailler dans de bonnes conditions. Des fois il lui dit qu’il est occupé par autre chose. Celui du département des langues et littératures anglaises rencontré au campus Mutanga fait savoir qu’il savait que l’UB l’avait déjà exclu, car il avait déjà dépassé le délai d’une année de défense de son travail de fin d’études exigé par le règlement académique de cette époque. Raison pour laquelle il n’a pas encore présenté son mémoire.

Les causes dégagées par les professeurs

Laurent Nzosaba, doyen de la faculté de Droit à l’UB évoque le manque de moyens financiers pour certains étudiants. L’étudiant qu’il dirige a quitté l’UB sans présenter le travail de fin d’études parce qu’il n’a pas trouvé quelqu’un pour le prendre en charge afin qu’il puisse se concentrer sur ce travail. Il a été obligé de tout abandonner, se lamente Nzosaba.

J. Isaac Bizimana, doyen de la faculté des Sciences Economiques et de Gestion : « Il y a d’autres étudiants caractérisés par une paresse notoire »

J. Isaac Bizimana, doyen de la faculté des Sciences Economiques et de Gestion indique qu’il y a d’autres étudiants caractérisés par une paresse notoire. « Je ne peux pas travailler avec eux », précise-t-il. L’étudiant qu’il dirige doit produire au moins une page chaque jour. Ceci pour signifier que les paresseux n’ont pas de place chez lui. Celui qui parvient à satisfaire ses doléances termine son mémoire rapidement.

Quand la qualité exigée par le directeur de mémoire est la cause de divorce entre lui et son étudiant

La qualité souhaitée par le directeur de mémoire fait qu’il y ait divorce entre lui et l’étudiant qu’il dirige. Si l’étudiant ne satisfait pas son directeur de mémoire quant à la qualité de son travail, ce dernier lui demande de refaire le travail dans l’optique de l’améliorer. S’Il n’y parvient pas, la lenteur commence à s’observer et le temps passe. Les étudiants qui ne sont pas persévérants se retirent eux-mêmes du match.

Une autre cause est l’indisponibilité liée à l’attachement professionnel du directeur de mémoire. Dans ce cas, ce dernier est appelé à se désister pour permettre à l’étudiant de chercher un autre directeur.

Elie Sadiki, Vice-doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines : « Les étudiants ne prennent pas de temps suffisant pour terminer leurs études universitaires ».

Elie Sadiki, Vice-doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, estiment que les étudiants ne prennent pas de temps suffisant pour terminer leurs études universitaires. Dès qu’ils terminent la deuxième licence, Sadiki indique que la plupart d’entre eux disparaissent dans la nature. Certainement qu’ils vont à la recherche de l’emploi. Les directeurs de mémoires ne peuvent pas travailler avec des étudiants qu’ils ne voient pas. A titre d’exemple, il évoque un étudiant qui a terminé la deuxième licence en 1988 dans le département des langues et littératures africaines qui est retourné à l’université pour continuer son travail de fin d’études. Il leur demande de choisir entre les deux : l’emploi ou les études.

De surcroît, la différence au niveau de la rémunération n’était pas grande dans les années 2003 entre les licenciés qui n’ont pas présenté le mémoire et ceux qui ont défendu leurs travaux de fin d’études. Ce qui ne motivait plus les étudiants finalistes à régulariser leur situation. Sadiki note que lorsqu’il était enseignant à l’école secondaire, le détenteur d’un diplôme de licence touchait 72 000 FBu. Celui qui n’avait pas présenté le mémoire recevait 58 500 FBu. Après la transposition, ces salaires ont été ramenés respectivement à 131 000 FBu pour les licenciés avec mémoires et à 110 000FBu pour les licenciés sans mémoires.

Quand la qualité de ces travaux de fin d’études est douteuse

Ces étudiants sont en train de travailler sous pression alors qu’il y a des travaux qui nécessitent beaucoup de recherches et de documentations. Ils ont besoin d’un temps suffisant pour produire un travail de qualité, car les autres s’en serviront pour leur documentation personnelle. De plus les directeurs de mémoires doivent bien lire ces travaux pour détecter et corriger les erreurs identifiées. S’ils sont surchargés, Sadiki doute de la qualité de ces travaux de fin d’études.

L’impact de ne pas clôturer les études universitaires

Le licencié qui n’a pas présenté le mémoire est dans la catégorie d’ « exécution » tandis que celui qui a défendu son mémoire est dans la catégorie de « direction ». Selon Nduwimana, c’est aussi une perte colossale pour celui qui a fait tout un cycle de ses études sans le clôturer. Il n’est pas qualifié. Il ne peut pas s’attendre à un emploi ou à une promotion. Dans la fonction publique il y a des cas où les accueille. C’est aberrant, s’inquiète-t-il. Avec le système d’harmonisation des salaires, le gouvernement du Burundi accorde 15 000 FBu à un licencié sans mémoire et 40 000 FBu à un licencié avec mémoire. Cela va se réaliser pendant 4 ans.

Le pays en souffre aussi, car il a besoin de fonctionnaires de haut niveau. C’est la raison pour laquelle il disponibilise chaque année un budget destiné à soutenir les étudiants dans leur vie académique. C’est pour leur permettre à être plus performants.

Signalons que Jusque le 8 février de cette année 4 étudiants n’ont pas encore défendu leurs travaux de mémoire dans la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, 11 dans la Faculté de Droit, 70 dans la Faculté des Sciences Agronomiques et de Bio-Ingénierie, 76 dans l’Institut des Sciences Agronomiques. 16 étudiants qui restent dans la faculté de psychologie ont tous déposé leurs travaux de fin d’études. Ils demandent au gouvernement qu’on leur accorde un délai de grâce pour clôturer le cycle de leurs études universitaires.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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