Société

Vers la maîtrise du trafic des êtres humains

Dans une conférence de presse du 9 février 2018, le président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) reconnait que le phénomène de trafic des êtres humains reste une réalité. Il propose d’accélérer les procédures pour la mise en place d’une commission pour la répression du trafic des êtres humains au Burundi

La CNIDH est préoccupée par la résurgence des cas de trafic des êtres humains, notamment dans les provinces de Makamba et Bujumbura, ainsi par les informations concernant les souffrances endurées par les victimes du trafic qui se trouveraient déjà dans certains pays du Golfe, a déclaré Jean Baptiste Baribonekeza, président de la CNIDH.

En ce qui concerne les effectifs des victimes du trafic des êtres humains, M. Baribonekeza confirme qu’il n’est pas aisé de rassembler toutes les informations sur ce phénomène. Car, il y a ceux qui réussissent à passer entre les mailles du filet sécuritaire sans que la police des frontières s’aperçoive qu’ils vont réellement devenir des esclaves. « Tant que les victimes restent enfermées et n’ont pas le droit de contacter les membres de leurs familles, il sera difficile de connaître le nombre de victimes. Celles-ci sont privées de liberté de mouvement car les passeports et autres documents de voyage sont confisqués par leurs maîtres dès leur arrivée », regrette-il.

Des victimes du trafic des êtres humains interceptés par la police dans la province de Makamba. (Photo tirée sur internet)

Le trafic des êtres humains est en passe d’être maîtrisé.

Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police précise la migration vers les pays du Golfe connait une tendance baissière. Il informe que l’année 2016 affiche un record comparativement à l’année 2015. En 2015, les trafiquants ont profité de la situation qui prévalait pour cibler les victimes. C’est en 2016 qu’on a remarqué un nombre inquiétant de personnes qui partaient vers les pays du Golfe (Emirats Arabe Unis, Oman, Koweït, Dubai, etc.), explique-t-il.

M. Nkurikiye note que plusieurs raisons accentuent ce phénomène. Ce sont surtout les fausses promesses (avoir de l’emploi décent), les aspirations aux richesses et le chômage chez les jeunes. La police est à l’œuvre pour en finir avec le trafic des êtres humains. En 2015, la police a démantelé un réseau de trafiquants formé par 11 sociétés dont 5 burundaises. Ces derniers temps, la police des migrations renforce le contrôle dans l’octroi des documents de voyage. Le magazine annuel du ministère de la sécurité publique rapporte plus de 638 dossiers de demandeurs de papiers de voyage ont été annulés en 2017.

Mise en place d’une commission pour la répression du trafic des êtres humains

Le président de la CNIDH propose qu’il y ait dans les meilleurs délais, la mise en place d’une commission pluridisciplinaire de répression des êtres humains composée de membres provenant de différents secteurs (les représentants de l’Etat, les députés, la justice, la police, les représentants des ministères de l’intérieur et des relations extérieures, les organisations et associations qui militent pour la défense des droits de l’homme). Baribonekeza révèle que la CNIDH a déjà adressé une correspondance au chef de l’Etat pour rappeler la mise en application effective de la loi de 2014 sur la prévention et la répression de la traite des êtres humains.

En vertu de la loi portant sur la prévention et la répression de la traite des êtres humains et la protection des victimes, cette commission s’occupera de l’élaboration du plan d’action national pour la lutte contre le crime de la traite des personnes, de la proposition des solutions pour la prévention de ce crime et d’assurer la protection et l’assistance des victimes ainsi que la poursuite judicaire des criminels.

Le Burundi n’est pas un cas isolé

Le cas de la Lybie est le plus emblématique en Afrique. Entre 400 000 et 700 000 migrants subsahariens sont détenus illégalement en Lybie. Ils subissent toutes formes de tortures de la part des groupes armés et des milices du gouvernement d’union nationale libyen (GNA). C’est un réseau de trafiquants qui collaborent avec les agences de recrutement des pays du Golfe. En octobre dernier, un reportage de la chaine de télévision CNN a montré des scènes de vente aux enchères des migrants. Ce reportage a été vite relayé par les médias internationaux et les réseaux sociaux.

C’est l’avenir l’humanité qui est en jeu

Dès lors, des réactions vives des internautes pour dénoncer la traite des êtres humains saturent les réseaux sociaux. Les icônes de la musique africaine, les footballeurs, les journalistes, etc. ont condamné l’inaction des Etats africains face à la recrudescence des violences faites aux migrants. C’est le cas de Claudy Siar, journaliste et animateur culturel de la RFI qui, dans sa vidéo du 15 novembre 2017 dit ne pas comprendre qu’au 21ème siècle on parle encore de la traite des êtres humains.

Selon lui, les jeunes africains ne peuvent plus supporter le manque de vision d’avenir dans leurs propres pays et s’aventurent dans le désert, et plus loin, dans la mer méditerranée. Ils sont enfermés dans des cages pour être vendus au plus offrant. Il dénonce également le silence complice de l’intelligentsia africaine et des dirigeants africains qui continuent à profiter de la manne des ressources minières au lieu d’agir. Pour lui, c’est l’avenir de l’humanité qui est en péril.

« Investir dans la jeunesse pour un avenir meilleur »

Le 5ème sommet Union Africaine-Union Européenne qui s’est tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire en dates du 29 et 30 novembre 2017 s’est penché sur les flux migratoires. Il a été convenu qu’il faut investir dans la jeunesse pour un avenir durable. Un nouveau plan d’investissement extérieur de l’UE prévoit de mobiliser 44 milliards d’euro d’investissement en Afrique d’ici à 2020. Ce qui permettra de créer de nouvelles possibilités d’emploi pour les jeunes sur l’ensemble du continent africain. La Banque Africaine de Développement (BAD) a déjà initié un projet de la création de 25 millions d’emplois au cours des dix prochaines années. Le programme ambitieux des jeunes vise à doter la jeunesse africaine de compétences nécessaires pour obtenir des emplois décents et pérennes.

Après le sommet, des actions concrètes se sont réalisées. Ce sont notamment le rapatriement de plus de 3 500 migrants à l’aide des avions affrétés par le Maroc. Les dirigeants africains réclament la mise en place d’une Cour pénale internationale qui s’occupera du drame libyen.

Vous saurez que depuis 2015, les estimations fixent à plus de 3500, le nombre de personnes tombées entre les mains des trafiquants qui les ont embarquées vers les pays du Golfe.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 605

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue.
  • Journal n° 605

  • Dossiers Pédagogiques