En 2019, la Banque Centrale a pris des mesures de politique monétaire pour soutenir le financement des secteurs porteurs de croissance. Depuis, l’encours total du crédit à moyen et long terme a augmenté de 718 à 1 120 Mrds de BIF entre décembre 2020 et décembre 2021, soit une augmentation annuelle de 55,9%. Et, une possibilité de financer ces secteurs en devises se dessine
En date du 04 mai 2022, le Comité de Politique Monétaire de la Banque de la République du Burundi a tenu sa première réunion de l’année 2022. Lors de cette réunion, la BRB a présenté l’état de mise en œuvre des mesures de politique monétaire prises depuis la fin de la deuxième moitié de l’année 2019, afin d’échanger avec les différentes parties prenantes, sur les enjeux liés à cette politique. Des inquiétudes ont été signalées quant à qu’en à l’impact de cette politique, notamment lié au manque de devises que rencontrent les opérateurs économiques.
Le manque d’accompagnement des secteurs financés soulève des inquiétudes
Le représentant de la Banque d’Habitant du Burundi s’inquiète du fait que les industries financées sont identifiées afin de savoir si elles sont compétitives sur le marché régional ou pas. « On risque de financer un canal boiteux », s’inquiète-t-il.
L’ADG adjoint de la Banque de Gestion et de Financement s’exprime sur les défis que rencontrent les entreprises en matière de disponibilité des devises. « Les industries importent 100% de leurs matières premières de l’étranger, mais rencontrent des soucis en terme de disponibilité des devises. Quelles sont les mesures d’accompagnement pour que les mesures ne soient pas un échec ?», s’exprime-t-il.
Certains des secteurs ciblés par les nouvelles mesures, tout comme les autres secteurs de l’économie par ailleurs, ont été affectés par la crise de 2015 et la pandémie de la covid-19. En conséquence, certains des bénéficiaires du crédit ne remplissent pas les critères quantitatifs d’éligibilité au refinancement. Et l’ADG adjoint de la Bancobu de se demander s’il faut continuer à refinancer le secteur hôtelier alors qu’ils cumulent des arriérés de paiement
Une ligne de financement en devises à l’horizon
Parmi les défis relevés dans la mise en œuvre de cette politique, Pélagie Nyandwi, chef de service politique monétaire à la Banque de la République du Burundi évoque l’insuffisance des devises pour l’importation des matières premières, des machines et autres équipements de production pour les nouvelles industries et celles qui veulent faire des extensions de leurs activités. « La Banque Centrale a eu l’autorisation de contracter une ligne de crédit auprès d’une banque des Emirats Arabes Unis d’une enveloppe de 250 millions de dollars. L’enveloppe pourrait même être revue à la hausse en fonction de la capacité de consommation », tranquillise Jean Ciza, gouverneur de la BRB. Avec cette enveloppe, nous pensons qu’on peut satisfaire en devises les unités de transformation et les potentiels investisseurs. Il rassure que d’ici peu, le niveau des réserves de change pourra augmenter et que les opérateurs économiques pourront être à l’aise.
A fin 2019, les chiffres montrent que le crédit affecté au secteur primaire prédominé par l’agriculture et l’élevage oscille autour de 3,1% du montant total du crédit à l’économie alors que sa part dans le PIB avoisine 40%. A cette même période le crédit orienté vers le secteur secondaire prédominé par l’industrie représente 4,3% alors que sa contribution dans le PIB est d’environ 18%. Mme Nyandwi indique que la motivation qui se trouve derrière cela est de soutenir le développement harmonieux du pays par un financement équilibré de tous les secteurs économiques mais plus particulièrement les secteurs porteurs de croissance avec un accent particulier sur le développement des chaînes de valeur, la promotion des exportations et la substitution aux importations. Ces secteurs sont l’agriculture, l’élevage, l’industrie, l’infrastructure, l’hôtellerie et les logements sociaux.