Le 8 mars de chaque année, le Burundi se joint à d’autres pays pour célébrer la Journée internationale des droits de la femme. Une journée pour célébrer les avancées et les victoires d’un côté, et de l’autre pour identifier les défis qui persistent et ceux naissants en matière des droits de la femme. Qui parviendra à convaincre la plupart des femmes burundaises que le 8 mars n’est pas une journée de fêtes, mais de lutte ?
Cette journée devrait davantage être considérée comme une occasion de s’engager dans une lutte collective pour le changement, en dépassant le simple cadre festif. (Photo : Ntare House)
Le 8 mars est célébré chaque année au niveau national. Des milliers de pagnes sont achetés et cousus pour agrémenter cette journée. Les tailleurs peuvent en être témoins. C’est une occasion de se faire de l’argent pour les restaurants et les bars. C’est une fête. Certaines ne savent même pas de quelle fête il s’agit, mais bon… c’est la fête. « Le 8 mars est pour moi une journée dédiée à la femme. C’est une occasion de se réjouir avec d’autres femmes pour célébrer la grâce d’être appelée femme. Sans mentir, le thème choisi pour cette année, je ne l’ai pas pris par cœur », dit S.I, un agent de la fonction publique.
Certaines le prennent comme une journée où tout est permis et en font trop, jusqu’à se permettre des choses qui vont leur causer des ennuis le lendemain. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Des messages pour souhaiter une bonne journée internationale de la femme à leurs proches fusent de partout sur les réseaux sociaux, sur les statuts WhatsApp. Des confusions sont semées. Certains le confondent avec la journée dédiée à une mère, d’autres la souhaitent à n’importe qui, incluent les bébés filles, etc. Ne fallait-il pas un éclaircissement pour cette journée afin qu’il y ait un même point de vue sur sa signification ?
Mais on célèbre quoi au juste ?
« La célébration du 8 mars, loin d’être une simple commémoration, est un puissant moteur de changement pour les femmes. Elle offre une tribune mondiale pour célébrer les avancées et les victoires, tout en identifiant les défis qui persistent et ceux naissants », a annoncé Mme Violet Kakyoma, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Burundi. C’était lors des activités de célébration de la Journée internationale des droits de la femme du 8 mars 2025 à Bubanza.
Le thème choisi pour cette année était : « Femme, pilier du développement : Soutenons-la pour l’atteinte de la Vision 2040-2060 de notre pays ». Mme Bucumi, présidente de la Ligue des femmes, a appelé les femmes et les filles à profiter de la Journée internationale qui leur est dédiée pour s’autoévaluer, réfléchir sur leur parcours et leur avenir. « Les droits des femmes sont également abordés à travers la lutte contre les violences basées sur le genre. Lors de la célébration du 8 mars, nous dénonçons ces violences. Même si elles diminuent, elles existent toujours », dit Denise Mukeshimana, une femme de l’ethnie Twa résidant à Kayanza.
Ce ne sont pas les sujets de lutte qui manquent
Les femmes burundaises font face à plusieurs défis qui nécessitent une lutte continue pour améliorer leurs conditions de vie et garantir leurs droits. Malgré des progrès, la représentativité des femmes dans les instances de prise de décision reste faible. Les normes culturelles et de genre continuent de limiter l’accès des femmes à des postes de prise de décisions.
Les violences domestiques, économiques, sexuelles et psychologiques restent un problème majeur au Burundi. Bien que des efforts soient faits pour sensibiliser et réduire ces violences, elles persistent dans de nombreuses communautés. Les femmes, en particulier celles des zones rurales, ont un accès limité aux ressources économiques comme la terre, les crédits et les opportunités d’emploi, ce qui freine leur autonomisation économique.
Bien que des progrès aient été réalisés, l’accès à l’éducation pour les filles reste un défi, surtout dans les zones rurales. Les mariages précoces et les grossesses adolescentes contribuent également à l’abandon scolaire, pour ne citer que ceux-là.
En 1977, l’Organisation des Nations Unies (ONU) officialise le 8 mars comme Journée internationale des droits des femmes, invitant tous les pays à célébrer cette journée pour promouvoir les droits des femmes et l’égalité des sexes. Au Burundi, cette journée devrait davantage être considérée comme une occasion de s’engager dans une lutte collective pour le changement, en dépassant le simple cadre festif.