L’enseignement des métiers au Burundi accuse des manquements non négligeables notamment le manque d’enseignants compétents, les centres d’enseignements des métiers non équipés, etc. Pour faire face à ces défis, la Banque Mondiale vient d’accorder un don de 80 millions USD au Burundi. Les députés ont adopté mardi le 26 octobre 2021 le projet de loi portant approbation et ratification de l’accord de ce don
Au Burundi, certains des Centres d’Enseignement des Métiers (CEM) sont fonctionnels depuis des dizaines d’années, d’autres ont été implantés avec la venue de l’école fondamentale. Auparavant, les écoles professionnelles des métiers recevaient des élèves qui échouaient à l’école primaire mais, depuis la mise en place de l’école fondamentale en 2010, des réformes se sont opérées dans le système éducatif burundais. Une grande partie des lauréats malheureux du concours de la 9ème année de l’école fondamentale sont orientés dans l’enseignement des métiers. Ainsi, les programmes modulés qui étaient sur trois ans ont été accélérés pour une formation de six mois dans les filières choisies par les communautés. Cela permet donc de délivrer des certificats à deux promotions par an.
Le PACEJ sera exécuté pendant 5 ans et va toucher des bénéficiaires directs estimés à 120 000 dont 16 000 réfugiés.
Des réformes sans moyens accompagnateurs
Lors d’une synergie organisée par les radios Isanganiro, Izere FM et Rema FM, le journal Burundi Eco, le journal Iwacu et le collectif des blogueurs Yaga dans ce secteur, le 20 août 2020, il a été constaté que l’enseignement des métiers fait face à de nombreux défis, notamment le manque d’équipements et d’enseignants qualifiés. Par exemple, dans la province de Cibitoke, Célestin Havyarimana, alors conseiller provincial chargé de l’enseignement des métiers indiquait qu’il y avait certaines écoles qui avaient uniquement des directeurs. A Ruyigi, parmi les filières préconisées dans les centres d’enseignement des métiers, beaucoup n’étaient pas dispensées par manque d’enseignants qualifiés. L’exemple typique est celui du CEM de Ruyigi qui dispensait uniquement le cours de couture. A Bururi, la situation était pareille. Au centre de Muzenga, commune Bururi, depuis son implantation à la fin de l’année 2017, le CEM avait déjà sorti une seule promotion. David Ninganza de SOJEPAE dénonçait une politique nationale d’enseignement des métiers qui manque. « On demande aux communes de s’occuper de ces centres, mais on oublie qu’ils ont besoin d’être équipés techniquement ». Il dénonce également le fait qu’on donne le même ordre aux communes qui ne disposent pas des mêmes moyens financiers.
Un projet à la rescousse de l’enseignement des métiers
Les députés ont adopté mercredi le 26 octobre 2021 le projet de loi portant ratification de l’accord de don pour le financement du Projet d’Appui à l’Amélioration des Compétences et de l’Employabilité des Femmes et des Jeunes (PACEJ). L’accord de financement d’un don de 80 millions UDS a été signé le 16 août 2021 par le Burundi et l’Association Internationale de Développement (IDA). Dans son exposé des motifs, Dr Francois Havyarimana, ministre en charge de l’éducation a précisé que ce projet vise à restructurer la mise à niveau des établissements de formation professionnelle et d’apprentissage des métiers dans les secteurs porteurs de croissance et de création d’emplois, la mise en place des dispositifs d’apprentissage, d’insertion des jeunes en s’appuyant sur l’accompagnement et l’orientation professionnelle, les stages dans les entreprises et l’entrepreneuriat. Spécifiquement, le projet facilitera l’information entre les jeunes, les centres de formation et les entreprises.
Plus de 15 mille réfugiés seront touchés
Ce projet qui sera exécuté pendant 5 ans c’est-à-dire d’ici en 2026 va toucher des bénéficiaires directs estimés à 120 000 dont 16 000 réfugiés. Il bénéficiera aussi aux lauréats de l’enseignement de base qui ont opté pour une filière technique ou professionnelle, aux chômeurs et aux travailleurs déjà versés sur le marché de travail, aux apprentis informels, aux maîtres artisans, aux jeunes s’intéressant aux compétences innovantes et numériques et au développement de l’entrepreneuriat
Selon le ministre de l’Education, le projet appuiera également la mise en place d’un nouvel Institut d’Informatique, Génie informatique et de Transformation numérique, rattaché à l’Université du Burundi et jouissant d’un partenariat avec des universités de renommée mondiale.
Des résultats évalués sur base d’indicateurs
Selon le ministre Havyarimana, la réussite du projet sera évaluée sur base des indicateurs tels que le nombre d’étudiants obtenant une certification dans le cadre de nouveaux programmes révisés dans le domaine de l’enseignement des métiers et de la formation technique et professionnelle, développés en collaboration avec le secteur privé, le nombre de jeunes obtenant une certification reconnue de leurs compétences à l’issue d’un apprentissage informel, le nombre d’étudiants ayant des compétences numériques avancées au niveau universitaire ainsi que le nombre de jeunes entrepreneurs ayant créé de nouvelles entreprises grâce au soutien reçu dans le cadre du projet.