Le phénomène d’abandons scolaires devient inquiétant. Les cas continuent à grimper au niveau de l’école fondamentale. Selon les chiffres provisoires du ministère de l’Education, 216 599 écoliers ont quitté le banc de l’école au cours de l’année scolaire 2020-2021. Pour David Ningaza de la SOJEPAE, il faut une étude approfondie pour dégager les causes spécifiques à chaque région
Les chiffres provisoires du bureau de la Planification et Statistiques au ministère en charge de l’éducation montrent que 199 737 écoliers de l’école fondamentale ont abandonné l’école au cours de l’année 2020-2021. En 2019-2020, 172 090 écoliers avaient quitté les bancs de l’école. Pour le Post Fondamental, ils sont évalués à 16 862. En 2019-2020, 18 560 cas ont été enregistrés. Un léger mieux pour cette fois.
Les parents et les éducateurs doivent collaborer pour rendre l’encadrement des élèves plus efficace.
Différents facteurs sont à l’origine de ce phénomène
David Ninganza, directeur du centre de protection de l’enfant et chef du programme protection, prévention et plaidoyer à la SOJPAE précise d’abord que les parents sont responsables des abandons scolaires de leurs enfants. « Certains parents ne jouent pas leur rôle dans l’encadrement de leurs enfants. Ils se cachent derrière la pauvreté et démissionnent de l’éducation de leurs enfants en les obligeant à quitter le banc de l’école et à contribuer dans les tâches ménagères ». Pour Ninganza, les parents doivent garantir la scolarisation de leurs enfants. Au quotidien, les parents doivent échanger avec leurs enfants et les éducateurs sur la vie de l’école. Si les parents sont déterminés, il n’y aura aucun prétexte qui poussera les enfants à abandonner l’école. Ce sont les parents qui doivent chercher de quoi manger pour leurs enfants. Selon Ninganza, les enseignants contribuent aussi dans le phénomène des abandons scolaires. « Ce sont eux qui maintiennent le mouvement des enfants à l’école. Mais quand un écolier est menacé pédagogiquement, quand il n’est pas bien encadré, soutenu par les enseignants, il y a lieu pour lui de se désintéresser de l’école.
Des grossesses non désirées
Les grossesses non désirées sont aussi l’une des causes des abandons scolaires, note le chef du programme protection, prévention et plaidoyer à la SOJPAE. Selon les chiffres du ministère de l’Education, 1233 cas de grossesses non désirés ont été enregistrés au cours l’année scolaire 2019-2020. Le taux de grossesses non désirées diminue très légèrement selon les années. 1732 cas ont été enregistrés en 2017-2018. Pour l’année scolaire 2018-2019, 1268 cas ont été enregistrés. Les cas de grossesses non désirées concernent beaucoup plus la tranche d’âge de 16 à 23 ans dans l’ensemble et de 13 à 15 ans à l’ECOFO. Plus de 90% des cas de grossesses chez les élèves concernent les élèves filles du milieu rural.
Selon toujours M. Ninganza, les menstruations sont responsables d’un grand nombre de cas d’abandons scolaires. Les jeunes filles qui n’ont pas de serviettes hygiéniques vont s’absenter durant quelques jours. Cela fait qu’elles restent à la maison durant la période des règles. Chaque mois, elles perdent au moins quatre jours, car elles sont obligées de rester à la maison. Elles s’absentent au moins 40 jours chaque année scolaire. Cela favorise l’échec scolaire et, partant, les abandons scolaires.
Les provinces frontalières des pays limitrophes du Burundi connaissent un pic d’abandons scolaires. Les enfants délaissent l’école pour se rendre dans ces pays pour travailler afin de gagner un peu d’argent.
Le chômage exerce à son tour une influence négative sur la scolarité. Les écoliers d’aujourd’hui n’ont pas de référence. Ceux qui ont terminé les études sont au chômage. Ils ne travaillent pas. Quand leurs grands frères ou leurs grandes sœurs manquent d’emplois à la fin de leurs études, ils décident d’intégrer la vie active très tôt parce qu’ils ne voient plus l’intérêt d’être sur le banc de l’école.
Une étude spécifique des causes de ce phénomène selon chaque région
Il faut une étude approfondie dans toutes les écoles du pays pour voir les causes principales ou spécifiques des abandons scolaires dans une province ou dans une commune. Il y aura des réponses dans le sens de sensibiliser les communautés. « Même les intervenants qui peuvent aider, élaborer des projets ne vont pas intervenir sans disposer de données précises. Ils vont exiger une étude de base qui va répondre à ce problème spécifique ». Pour Ninganza, les parents et les éducateurs doivent collaborer pour rendre l’encadrement des élèves plus efficace.