Un abattoir moderne est en cours de construction à Muzinda en province de Bubanza. Toutes les opérations seront mécanisées. Il sera doté d’un système de refroidissement pour la conservation des carcasses. Le coût du projet est évalué à plus ou moins 5 milliards de FBu
Le projet a été initié par la Société de Gestion de l’Abattoir public de Bujumbura, SOGEAB en sigle. La gestion du nouvel abattoir reviendra à une nouvelle société dénommée Burundi Meat Company, indique Hubert Mbabazi, directeur général de la SOGEAB. Dans ce nouvel abattoir toutes les opérations d’abattage seront entièrement mécanisées. Les machines vont réaliser les activités d’abattage du début jusqu’à la fin. Les carcasses vont soit transiter par la chambre froide, soit expédiées directement sur le marché de consommation représenté par les boucheries et les autres marchés de la ville, fait savoir M. Mbabazi.
L’actuel abattoir public de Bujumbura situé à Kigobe (Nord de la capitale économique) est semi-mécanisée. Exceptées certaines opérations notamment le découpage des carcasses qui se fait à l’aide des machines, le gros du travail est manuel. Notre interlocuteur fait savoir que cet abattoir est presque entièrement manuel. Par contre, au niveau de l’abattoir de Muzinda (à 10 km de la capitale économique Bujumbura) en perspective, toutes les opérations seront faites par des machines. A titre d’exemple, l’opération de dépouiller la peau de l’animal sera assuré par des machines spécialisées. La capacité de l’abattoir de Muzinda sera d’au moins 200 bêtes par jour. Il rappelle que les animaux à abattre sont de trois catégories, à savoir : les bovins communément appelés le gros bétail, les chèvres et les moutons qui constituent le petit bétail et les porcs. L’ancien abattoir sera exclusivement réservé à l’abattage des porcs.
Des précautions pour pallier aux coupures
Le village de Muzinda est approvisionné en énergie. Le nouvel abattoir sera connecté au réseau de distribution d’électricité classique. D’ailleurs, les bâtiments qui vont abriter l’abattoir sont déjà connectés au réseau existant d’eau et d’électricité.
Dans le nouvel abattoir, les opérations d’abattage seront entièrement automatisées. Ainsi, il est prévu l’installation des machines qui vont assurer tous les travaux relatifs à l’abattage.
M. Mbabazi tranquillise toutes les précautions ont été prises pour assurer l’autosuffisance énergétique. En cas de coupures éventuelles d’électricité, un groupe électrogène va assurer le relai. En ce qui concerne l’alimentation en eau potable, les infrastructures seront alimentées en eau potable à partir du réseau de distribution de l’eau. De même, un réservoir d’une capacité de 100 m3 est prévu pour alimenter le site en cas de pénurie d’eau.
De la gestion des déchets dérivés de l’abattage des animaux
Le directeur général de l’abattoir public de Bujumbura fait une distinction essentielle entre les déchets et les sous-produits d’abattage des animaux. Il y a une confusion entre les produits d’abattage et les déchets. Les déchets sont des produits issus de l’abattage qui ne sont pas réutilisables alors que les sous-produits peuvent être valorisés. C’est ce qui est prévu avec l’abattoir moderne en cours de construction à Muzinda. La peau, les cornes, le sang et les matières stercorales (le contenu des viscères) seront valorisées. Les peaux seront potentiellement achetées par les tanneries pour la fabrication d’articles divers comme les chaussures et les sacoches alors que les cornes sont transformées en produits d’usage courant, détaille M. Mbabazi.
Il révèle qu’il y aura un système de récupération du sang. Les opérations d’abattage se dérouleront verticalement. L’animal suspendu sur une ligne aérienne va se vider de la presque totalité de son sang qui sera ensuite récupéré dans des bacs avant d’être transformé en farine de sang. Ce produit est extrêmement important pour l’alimentation du bétail et des volailles. Les matières stercorales seront valorisées en d’autres produits tels que le biogaz (pour le traitement thermique du sang), le compost (fumure organique), etc. Il est prévu également une unité de traitement des eaux usées avant qu’elles ne se jettent dans la nature.
Les travaux de construction de l’abattoir moderne de Muzinda remontent à 2018. Ces derniers ont enregistré des retards liés aux procédures administratives. Ce qui a fait trainer la mise en œuvre du projet. Si tout s’était déroulé comme prévu, le projet serait en cours d’exécution. Il est actuellement à mi-chemin de sa faisabilité. « Les échéances pour le lancement officiel des activités ne sont pas encore connues. La crise sanitaire qui perdure ralentit les activités. Avec la fermeture des frontières, les techniciens étrangers qui devraient installer les machines ne peuvent pas venir », explique M. Mbabazi. Il espère que la réouverture des frontières aériennes va donner un coup de pouce aux travaux pour finaliser le projet. Le gestionnaire de l’actuel abattoir révèle qu’il est difficile d’estimer le coût des investissements d’autant plus qu’il y a des imprévus et des surcoûts liés à ces retards. Sinon, dans les prévisions, le coût estimatif du projet oscillait entre 4 et 5 milliards de FBu.