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Les abus sexuels sur les enfants dans les familles : une réalité au Burundi

Les abus sexuels faits sur les enfants dans les familles sont une réalité au Burundi. Etant des êtres fragiles, les viols et abus sexuels qu’ils ont subis restent tabous dans la société burundaise.  Cependant, les séquelles  qu’ils laissent sur eux les affectent tout au long de leur vie    

Le débat est lancé dans un groupe whatsapp qui regroupe une centaine de mamans. Au départ, le thème est de savoir « comment éduquer son enfant sexuellement en utilisant des mots qu’il comprend, adaptés à leur âge ». Beaucoup de mamans donnent des témoignages de comment elles s’y prennent et d’autres donnent des témoignages accablants comment leurs enfants ont été abusés par un membre de la famille qu’elles hébergeaient sans s’en rendre compte. Pour rester anonyme, ces messages étaient envoyés d’abord aux administrateurs de groupe qui à leur tour, les envoyer dans le groupe  «  Je pensais que mon enfant était encore petit pour comprendre ces trucs, mais j’ai remarqué qu’il commence à aborder des sujets sexuels dont il ne devrait pas avoir conscience à son âge. Quand je  lui ai demandé qui lui a appris cela, il m’a répondu que c’est tonton qui le lui a dit », explique une maman. Cette maman continue à dire que cela a réveillé leurs consciences jusqu’à savoir que son oncle avait abusé d’elle. Et là des messages n’ont cessé de tomber racontant des histoires similaires  concernant aussi bien les filles que les garçons et tous, victimes d’un proche de la famille ou d’un domestique.

Les parents doivent prendre leurs responsabilités et prévenir les enfants des abus sexuels et viols qui sont commis dans les ménages.

« Ce ne sont pas des ragoûts »

En voulant en savoir plus sur le sujet, la rédaction de Burundi Eco a approché les intervenants dans la prise en charge et la protection des enfants. « Ce ne sont pas des ragoûts, nous accueillons  des jeunes adultes qui ont subi ces abus et viols dans leur petite enfance », fait savoir Alexis Ndayizigiye, psychologue et coordinateur du Centre d’Education et de Psychothérapie (CEP Turere hamwe). Tout comme chez le psychologue, au centre Seruka, ces genres de cas ne leur sont pas inconnus. « Si avant on accueillait ces cas un à un, aujourd’hui les gens commencent à comprendre que leur intérêt  de faire recours à notre centre », confie un des responsables du centre Seruka. Cela étant, l’auteur étant un membre proche de la famille, beaucoup préféraient résoudre le problème en famille. On a voulu partir sur  des chiffres mais on n’en a pas eu.

A la police, le porte-parole de  la police  nous  a indiqué que la police judiciaire possède beaucoup de dossiers sur les viols et abus sexuels commis sur les enfants et nous a orientés à la brigade de la protection des mineurs. La rédaction de Burundi Eco a cherché la police chargée de la protection des mineurs, mais  en vain. Son agenda était surchargé.

Pourtant, il y a des signes qui alarment

Un enfant victime d’abus sexuels souffre en silence sans jamais parler. Plusieurs raisons expliquent ce comportement. «  L’enfant aime son agresseur puisque c’est un membre de la famille ou un proche de la famille. Ou encore, son agresseur le menace de faire du mal à quelqu’un qu’il aime », explique Ndayizigiye. Selon, le psychologue, vu l’âge de l’enfant, le sujet est tabou et l’enfant ne sait pas comment l’aborder, mais  il existe plusieurs signes physiques et psychologiques qui devraient alerter les adultes responsables. C’est notamment la difficulté dans l’apprentissage, changement des comportements, l’enfant est angoissé, nerveux, pleure souvent ou se met en colère, il régresse, se met à agir et à parler comme un bébé, mime à des jeux sexuels… D’autres signes physiques peuvent se manifester comme des douleurs et des plaies non expliquées dans les régions anales et génitales, mais pires encore le psychologue explique que à la longue, la victime peut manifester des comportements  répréhensibles comme changer d’orientation sexuelle ou avoir une vie sexuelle de vagabondage, la consommation de drogue et d’alcool  en quelques sortes une vie de délinquance.

Vaux mieux prévenir que guérir

Le psychologue explique que les parents burundais semblent fermer les yeux face à ce phénomène. Pour lui, les parents devraient plutôt prendre leurs responsabilités et prévenir les enfants  de ce fléau. Il n’y a pas de formule magique pour cela. « Les parents devraient apprendre à créer un climat de confiance où  l’on peut parler de tout », conseille-t-il. D’autres mises en garde comme ne pas parler aux inconnus dans la rue et de ne pas accepter de cadeaux ou de  bonbons de la part des étrangers, les gestes autorisés et les gestes déplacés sont indispensables.

Encore, le psychologue conseille aux parents d’essayer d’aborder des sujets en rapport avec  la sexualité aux enfants, mais dans un langage qu’ils comprennent. Et en cas d’abus sexuel ou de viol, le premier recours  est bien sûr de se rendre à l’hôpital tout en tranquillisant d’abord l’enfant. Si le vocabulaire manque, il faudra chercher plus vite un psychologue. C’est lui qui va d’ailleurs détecter le stade de son trauma, et quelle thérapie lui appliquer.

Le coupable doit être puni, c’est unanime. Mais là aussi, il faudra que l’enfant soit protégée en gardant son anonymat, surtout  devant les juridictions. Pour témoigner, il faudra créer un cadre qui ne l’expose pas au grand public, ajoute le psychologue.

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