Le problème d’emploi au Burundi n’a pas de solution efficace à cause du chômage généralisé. Mais c’est pire pour les personnes handicapées même si elles ont droit à l’emploi au même titre qu’une personne valide. Et la loi n’est pas claire à ce sujet. Un activiste des droits des personnes vivant avec un handicap lance un cri d’alarme
L’un des problèmes auxquels font face les personnes handicapées c’est l’absence de statistiques pour avoir des chiffres pouvant faciliter la planification de l’emploi. Elles font face également à la culture burundaise qui n’est pas favorable à leur promotion. Certaines burundais décèlent une certaine incapacité en une personne handicapée. Ce qui a des répercussions négatives sur l’employabilité. Même la loi n’est pas claire à propos de l’employabilité des personnes handicapées.
« Nous voulons qu’il y ait des textes légaux qui nous donnent une possibilité d’accéder à l’emploi de façon inclusive », fait savoir Rémy Ndereyimana, secrétaire exécutif de la Fédération des Associations des Personnes Handicapées du Burundi (FAPHB). Pour lui, même le certificat d’aptitude physique général souvent demandé à toute personne qui cherche un emploi est injuste et discriminatoire. Ce document devrait être personnalisé et spécifique à chaque emploi.
Rémy Ndereyimana, secrétaire exécutif de la FAPHB : « Notre combat ne se focalise pas sur l’intégration ou la spécialisation, mais plutôt sur l’inclusion ».
Et l’éducation dans tout cela
Pour avoir une expérience ou une capacité avérée de travailler, un individu est supposé avoir accès à l’école et à une éducation de qualité. « L’éducation inclusive n’est pas une réalité au Burundi. Nous avons plus de 90 % des personnes handicapées qui n’ont pas eu accès à l’école et qui ont des connaissances modestes. L’emploi dont elles ont besoin doit être adapté à leurs connaissances. Il s’agit alors de la formation socio-professionnelle des personnes handicapées qui doit être mise en place », indique M. Ndereyimana. Malheureusement, selon lui, les maisons de la formation socio-professionnelle sont exclusives, car dans la plupart des cas, les personnes à handicap physique et sensoriel n’y ont pas de place (sourds, aveugles,…). On y exerce des métiers qui exigent la force des membres supérieurs et inférieurs. Or, la formation devrait être une voie qui mène vers l’emploi pour les personnes handicapées.
Des textes légaux lacunaires
Dans le monde actuel, le fait d’avoir un emploi est synonyme d’avoir des revenus. Mais les personnes handicapées qualifiées ont des problèmes qui leur sont particuliers au niveau des textes légaux. Il n’y a pas d’instruments juridiques et administratifs qui les défendent. Il n’y a pas également de mécanisme qui promeut l’inclusion des personnes handicapées dans l’emploi.
« Notre combat ne se focalise pas sur l’intégration ou la spécialisation, mais plutôt sur l’inclusion. A commencer par une éducation inclusive où on trouve les enfants handicapés, valides, les sourds…, tous ensemble dans une même classe, mais également des enseignants susceptibles de satisfaire tous les apprenants dans leurs diversités. Et c’est la loi qui devrait définir tout cela », précise M. Ndereyimana
En plus de cela, même en milieu de travail, le Code du travail du Burundi présente des lacunes. Analysons quelques exemples. L’article 285 dispose que les employeurs qui embauchent des personnes handicapées sont tenus de faire des réaménagements raisonnables sur les lieux de travail en faveur des personnes à handicap. Or, cela devrait être une obligation pour chaque entreprise d’aménager des pistes pour les personnes handicapées.
L’article 286 dispose qu’une ordonnance conjointe des ministres ayant la santé publique et l’emploi dans leurs attributions doit déterminer la nature des travaux et les catégories d’emplois interdits aux personnes handicapées. Et également déterminer la nature des handicaps physiques et mentaux n’ouvrant aucune possibilité à l’embauche. Pour M. Ndereyimana, cela est une exclusion pure et simple, car ce ne sont que les dossiers d’appel d’offres qui devraient déterminer celui ou celle qui est éligible ou pas au profil recherché.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour y remédier ?
Une base légale est disponible. Il y a notamment le code du travail, la politique nationale de l’emploi, la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, la loi de 2018 portant promotion et protection des droits des personnes handicapées, etc. Mais tout cela ne suffit pas, car ce sont des lois générales.
Pour M. Ndereyimana, l’Etat n’a pas encore mis en place une stratégie de mise en œuvre de ces lois générales. Il faut qu’il y ait des ordonnances ministérielles qui définissent ce que recommandent les textes réglementaires. Il faut aussi une stratégie de formation professionnelle pour les personnes handicapées, particulièrement les femmes avec des fonds conséquents afin d’avoir accès au marché du travail.