L’accès aux sources d’information n’est pas équitable pour tous les organes de presse opérant sur le territoire national. L’attitude du ministre en charge de la santé d’interdire à certains médias indépendants de suivre la conférence de presse sur l’état des lieux du covid-19 est déplorable. Elle met en évidence le déni de communication manifesté par certains responsables administratifs. Ces derniers ignorent qu’ils sont redevables envers les citoyens qu’ils servent. Le public doit être informé sur les décisions prises par les autorités en ce qui concerne, la gestion de la chose publique
Directeur de publication
Pourtant, en mars dernier, le ministre en charge de la santé avait annoncé que l’implication des médias est primordiale surtout en cette période de prévention du Covid-19. La rétention de l’information n’augure rien de bon en pleine crise sanitaire déclarée dans le monde entier. L’absence ou l’insuffisance des informations de la part des officiels ouvrent la voie aux rumeurs et à la désinformation. Cette attitude conduit à la manipulation de l’opinion à travers les fausses informations et les rumeurs. Les «fake news» sont légion sur les réseaux sociaux. Malheureusement, tous les internautes ne sont pas bien outillés pour discerner le vrai du faux. Dans ces conditions, la communication institutionnelle est plus que nécessaire pour contrecarrer les rumeurs. Le manque de sources d’informations altère le contenu des médias et pèse sur la crédibilité de l’information publiée ou diffusée. Les professionnels des médias ne peuvent pas travailler sans sources d’information. C’est dommage que les journalistes dont la principale mission est d’informer soient qualifiés de personnes de mauvaises langues ou d’ennemis du pays. Le journaliste professionnel n’a aucun intérêt à ternir l’image du pays. La loi régissant la presse burundaise autorise à tous les médias sans distinction aucune d’accéder aux sources d’informations. « …tous les médias ont le droit d’accéder aux sources d’informations et de se procurer les informations des sources diverses, sauf si lesdites informations sont confidentielles en vertu de la loi… »
Le climat de méfiance envers les journalistes s’amplifie à la veille des élections générales prévues en mai prochain. Des menaces verbales sont proférées à l’endroit de certains journalistes, d’autres se sont vu refuser le droit de suivre un point presse sur le Covid-19, les tracasseries administratives, etc. Cela ravit la mémoire des périodes sombres qu’a connues la presse au lendemain de 2015. Les journalistes n’ont pas un accès équitable aux sources d’information. La rétention de l’information est devenue un des moyens de dissimuler certains faits. Le rôle du journaliste est d’éclairer l’opinion publique.
Les journalistes ont le devoir d’informer les citoyens sur ce qui se passe dans leur pays mais ils ne peuvent pas accomplir cette noble mission s’ils n’ont pas accès aux sources d’information. En cette période de crise sanitaire mondiale, le public a plus besoin de messages qui rassurent de la part des autorités quant à l’évolution de la maladie. La rétention de l’information est pire que la désinformation. Les instances habilitées doivent se saisir de la question pour restaurer la confiance entre les médias et les détenteurs de l’information. Une presse libre et indépendante est un des attributs de la démocratie.