L’Afrique subsaharienne se remet peu à peu des effets de la pandémie de Coronavirus. Elle va enregistrer une croissance de 3,3% selon les dernières estimations de la Banque Mondiale. Cependant, cette reprise reste faible par rapport à celle des pays développés. D’où l’intérêt de redoubler d’efforts pour renforcer la croissance économique
La Banque Mondiale vient de sortir son rapport semestriel «Africa’s Pulse» sur les économies africaines, 23ème édition. Il ressort de ce rapport que l’Afrique subsaharienne connait un rebond de la croissance économique jusqu’à 3,3%. Cela permettra à la région de sortir de la récession causée par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 en 2020. « Il faut noter que cette projection de croissance est très optimiste. Elle est d’un point de pourcentage supérieur à nos prévisions d’avril 2021. C’est certainement une bonne nouvelle », réaffirme Albert Zeufack, économiste en chef pour la région Afrique à la Banque Mondiale.
Ce rebond de l’activité économique en Afrique est alimenté par la hausse des prix des produits de base qu’exporte l’Afrique, l’assouplissement des mesures de confinement imposées par certains pays et la reprise du commerce mondial. « Ceci dit, il est important de noter que cette reprise de la croissance demeure fragile et qu’elle reste inférieure à celle qu’on observe dans les pays développées qui accélèrent leur croissance puisqu’ils ont bénéficié des supports fiscaux plus importants que ceux des pays pauvres. Donc nous avons une croissance à deux vitesses », déclare l’éminent économiste Zeufack. Il encourage les pays à travailler davantage pour garder un taux de croissance un peu plus élevé dans l’avenir
La Banque Mondiale prédit une croissance économique de 3,3% pour l’Afrique Subsaharienne.
Le déploiement massif des vaccins pour sauver les économies africaines
Selon les analyses d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque Mondiale sur la situation économique régionale, la croissance devrait avoisiner les 4 % en 2022 et 2023, accusant un retard dans la relance par rapport aux économies avancées et aux marchés émergents, reflet d’un investissement en berne en Afrique subsaharienne.
« Un accès aisé et équitable à des vaccins anti-Covid-19 sûrs et efficaces est essentiel pour sauver des vies et renforcer la relance économique en Afrique », explique l’économiste Zeufack. Ainsi, un déploiement plus rapide des vaccins permettrait d’accélérer la croissance régionale pour l’amener à 5,1 % en 2022 et 5,4 % en 2023, l’allègement des mesures de confinement stimulant la consommation et l’investissement, conclut-il.
Une croissance à géométrie variable
La Banque Mondiale parle d’une relance économique hétérogène selon les pays de la région. Les trois principales économies, à savoir : l’Angola, le Nigéria et l’Afrique du Sud attendent respectivement une croissance de 0,4 %, 2,4 % et 4,6 %. L’Afrique du Sud et le Nigéria mis à part, le reste de l’Afrique subsaharienne a su rebondir plus vite avec un taux de croissance de 3,6 % en 2021.
Du côté des économies ne disposant pas de ressources naturelles abondantes, comme la Côte d’Ivoire et le Kenya, on s’attend à une reprise forte avec une croissance de respectivement 6,2 % et 5 %. Il importe de souligner que dans les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) -Burundi, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Soudan du Sud et Ouganda -, l’activité économique a moins ralenti.
Le changement climatique, un autre bémol
Les niveaux de dette devraient rester sur une trajectoire ascendante dans plusieurs pays, dont le Nigéria, le Burkina Faso, le Burundi, le Ghana, Madagascar, le Malawi, le Rwanda et l’Ouganda. En plus de la montée de la pression budgétaire et du niveau des dettes dues à la mise en œuvre des mesures de relance économique durable et inclusive, les pays d’Afrique subsaharienne sont confrontés à l’augmentation des effets du changement climatique.
Les auteurs d’Africa’s Pulse recommandent aux pays de l’Afrique subsaharienne de saisir cette opportunité pour enclencher leurs transitions vers des modèles économiques moins polluants de la même manière qu’ils ont su saisir l’occasion offerte par la pandémie pour lancer des réformes. Cette transition leur offrira des bénéfices à long terme en réduisant les aléas naturels et en créant des opportunités de développement économique, lit-on dans le communiqué de presse de la Banque Mondiale.
Des défis propres à l’Afrique
D’après le rapport Africa’s Pulse, le continent fait face à des défis particuliers. Ce sont notamment le faible développement de base, les vulnérabilités climatiques préexistantes, l’accès très limité à l’énergie ainsi qu’une forte dépendance aux secteurs sensibles au climat. Cependant, ces défis peuvent aussi offrir des opportunités pour transformer l’économie régionale et créer de l’emploi, expliquent les auteurs.
Les entreprises privées et les gouvernements africains proposent ainsi des formations professionnelles dans le secteur de l’énergie solaire à l’image du Togo et de l’Afrique du Sud. L’investissement dans des infrastructures climato-intelligentes peut aider les villes à créer des emplois.