Le mois de septembre 2024 a été marqué par une amélioration dans l’approvisionnement de l’essence. Mais, aujourd’hui, ce n’est pas seulement le mazout qui est rare, même l’essence est difficile à trouver. Les véhicules forment des queues interminables dans les rares stations-service qui disposent du carburant.
Le problème de la pénurie de carburant peine à trouver une solution durable. Le soulagement en matière d’approvisionnement en essence, observé en septembre 2024 touche à sa fin. Le mazout et l’essence se font rares. Les stations-service que nous avons visitées dans la ville de Bujumbura le matin du 16 octobre 2024 étaient à sec. Il s’agit notamment des stations-servive Mogas et MPS de Buyenzi, Intepetrol et Mugiraneza de Bwiza, Top One de Kigobe, etc. La seule station-service où les automobilistes avaient encore l’espoir de trouver du carburant était Intepetrol de Jabe. Là-bas, une centaine de véhicules faisaient la queue sur 400 mètres, jusqu’à l’entrée du Clinique Medico Chirurgicale Chrétienne de Jabe (CMCC) dit « Kwa David ».
« Nous sommes fatigués de cette pénurie interminable de carburant. Le répit observé dans l’approvisionnement en essence n’a duré que quelques semaines. Nous voici de retour à la case départ », se désole Thierry Niyonzima, un jeune conducteur de taxi rencontré à Jabe en quête de carburant. Janvier Ndayikeje, un conducteur de bus, estime que le problème de la pénurie de carburant n’a probablement pas de solution. Il ironise en disant que tous les usagers de la route devraient s’habituer à cette situation. Il rappelle que la pénurie de carburant a un impact négatif sur différents secteurs. Dans le commerce, la hausse des prix devient inévitable. Le transport devient de plus en plus cher et la population peine à se déplacer. C’est le cas dans la ville de Bujumbura où les liaisons entre différents quartiers deviennent difficiles faute de bus desservant les différentes lignes.
L’essence est-elle au moins disponible ?
« L’essence est disponible. Ce n’est plus un problème. Même hier (jeudi 10 octobre 2024), 20 camions citernes chargés d’essence sont entrés au Burundi », a précisé Innocent Girukwishaka, porte-parole du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, lors de l’émission publique des porte-paroles des institutions publiques tenue à Bururi vendredi le 11 octobre 2024. Il a ajouté qu’il y a de l’espoir pour résoudre le problème du mazout, car la technique utilisée pour l’approvisionnement en essence sera la même pour le gasoil.
Selon M. Girukwishaka, en attendant que le bateau chargé de carburant accoste en Tanzanie (sans préciser la date), le ministère en charge de l’énergie fait tout son possible pour acheter quelques quantités à Dar-Es-Salaam. Par conséquent, les usagers de la route sont servis comme d’habitude.
Saluons tout de même au moins certaines améliorations
« Parfois, les Burundais oublient de reconnaître les progrès réalisés en matière d’approvisionnement en carburant. Si on compare la situation actuelle à celle d’il y a trois mois, il y a tout de même une légère amélioration », estime Jérôme Niyonzima, secrétaire général de l’Etat, lors de l’émission publique des porte-paroles tenue à Bururi. Pour lui, les progrès en matière d’approvisionnement en carburant sont satisfaisants et méritent d’être salués.
M. Niyonzima a rappelé que la pénurie de carburant a été amplifiée par des individus mal intentionnés qui cherchaient à contrarier les initiatives du gouvernement en cette matière pour donner l’impression que tout allait mal. Certains cachaient le carburant chez eux, tandis que d’autres l’exportaient illicitement. Il a exhorté tous les Burundais à dénoncer ceux qui sabotent les efforts du gouvernement.
A cette pénurie de carburant s’ajoute le casse-tête de l’enregistrement des véhicules sur les plateformes numériques de la Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU). Le ministère en charge de l’énergie a digitalisé la commercialisation du carburant via l’application mobile Igitoro Pass que beaucoup ne maîtrisent pas. M. Girukwishaka rassure que cette application a été conçue pour suivre la quantité de carburant consommée dans le pays. Malgré tout, la pénurie du carburant est une évidence.
Cependant, différents analystes économiques estiment que l’enregistrement en ligne des véhicules ne constitue pas une solution à la pénurie du carburant. Selon eux, cela n’est qu’une perte de temps.