Comme si aucune leçon n’avait pas été tirée du premier essai dans les années 90, la modernisation de la circulation routière risque d’échouer pour la deuxième fois au Burundi. Les feux tricolores installés en 2017 sur dix-huit carrefours de la Mairie de Bujumbura n’insspirent plus d’espoir chez les usagers de la route. Tantôt ça fonctionne, tantôt ça ne fonctionne pas. Qu’est-ce qui manque pour enfin réussir ce test ?
Ça va faire bientôt quatre ans que le Burundi connait de nouveau une modernisation des signalisations routières. Installés d’abord dans les années 90, les feux tricolores ont été de nouveau installés sur dix-huit carrefours de la Mairie de Bujumbura en 2017. Les usagers de la route attendaient beaucoup de cette modernisation des signalisations routières.
D’abord, on s’attendait à ce que ces feux puissent mettre fin au le désordre qui caractérisait la circulation routière et ainsi diminuer les accidents routiers et les embouteillages. Les chauffeurs avaient aussi l’espoir de pouvoir réduire leurs contacts avec les policiers et ainsi oublier la corruption qui caractérisait ce secteur. Ils étaient censés aussi diminuer la tâche des agents de la police spéciale de roulage.
Les feux de signalisation sont d’une grande importance dans la sécurité routière. Les responsables de la police de sécurité routière témoignent une contribution remarquable des feux tricolores dans la diminution des accidents routiers. Malheureusement, quatre ans seulement après leur installation, on peut compter sur les doigts de la main les feux de signalisation qui fonctionnent encore normalement.
Les défis ne manquent pas
Selon la direction de l’Agence Routière Burundaise (ARB), les pannes les plus fréquentes sont liées à leur alimentation électrique. Ces feux sont alimentés par l’énergie électrique de la REGIDESO. Lors d’une coupure de courant, les panneaux solaires ayant une autonomie de six heures prennent le relai.Si il y a une coupure du courant de la REGIDESO dépassant les six heures d’autonomie des panneaux solaires, le policier est obligé de retrouver son sifflet et d’assurer manuellement l’ordre.
Manque d’entretien
Certains usagers de la route parlent d’une mauvaise gestion et d’un manque d’entretien. L’important ce n’est pas l’installation de ces feux, mais plutôt leur pérennité «Je l’avais dit depuis le départ. On m’accusait de propager des propos mensongers. Mais je savais ce que je disais. Il y aura même cent essais si l’entretien de ces feux n’est pas pris au sérieux», nous explique Jean Marie Nihorimbere un taximan.
« Je ne comprends pas ce qui ne marche pas dans notre pays. Nous devons d’abord apprendre comment on gère les biens publics. Surtout les dons. Nous tous, sans exception, y compris les dirigeants », suggère le taximan faisant allusion aux feux tricolores installés dans les années 90. Selon lui, ils ont manqué de suivi et d’entretien. C’est dommage que cette situation se reproduise vingt ans après. C’est comme si on n’y avait tiré aucune leçon.
Les feux tricolores sont exigeants
Pour certains, il fallait d’abord faire des études pour détecter les lacunes rencontrées dans le passé et faire tout le possible pour éviter qu’elles se reproduisent. Car il ne suffit pas d’installer les feux tricolores. L’important est d’assurer leur pérennité. Les feux tricolores nécessitent un bon équipement technique et informatique et une alimentation électrique permanente pour pouvoir contrôler la circulation routière en permanence. Ils exigent également un entretien régulier.
Signalons que l’installation des feux tricolores a été financée par la Banque Africaine de Développement et executée par une entreprise chinoise spécialisée dans l’ingénierie et la construction en mai 2017.